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Publié par dominicanus

Le Verbe et la chair, la gloire divine et sa tente parmi les hommes! C'est dans l'union intime et indissociable de ces deux polarités que se trouve l'identité du Christ, selon la formulation classique du Concile de Chalcédoine (451): « Une personne en deux natures ». La personne est celle du Verbe éternel, Fils du Père, et elle seulement. Les deux natures, sans aucune confusion, mais aussi sans aucune séparation possible, sont la nature divine et la nature humaine.


Nous sommes conscients du caractère limité de nos concepts et de nos paroles. La formule, quoique toujours humaine, est cependant soigneusement pesée dans son contenu doctrinal et elle nous permet d'accéder, d'une certaine manière, à la profondeur abyssale du mystère. Oui, Jésus est vrai Dieu et vrai homme! Comme l'Apôtre Thomas, l'Église est sans cesse invitée par le Christ à toucher ses plaies, c'est-à-dire à reconnaître sa pleine humanité reçue de Marie, livrée à la mort, transfigurée par la Résurrection: « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté » (Jn 20,27). Comme Thomas, l'Église se prosterne, adorant le Ressuscité dans la plénitude de sa splendeur divine, et elle s'exclame en permanence: « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn 20,28).


« Le Verbe s'est fait chair » (Jn 1,14). Cette fulgurante présentation johannique du mystère du Christ est confirmée par tout le Nouveau Testament. L'Apôtre Paul se situe dans la même ligne lorsqu'il affirme que le Fils de Dieu, « selon la chair, [...] est né de la race de David » (Rm 1,3; cf. 9,5). Si aujourd'hui, avec le rationalisme répandu dans de nombreuses sphères des cultures contemporaines, c'est surtout la foi en la divinité du Christ qui fait problème, dans d'autres contextes historiques et culturels on a eu plutôt tendance à réduire ou à faire disparaître le caractère concret et historique de l'humanité de Jésus. Mais, pour la foi de l'Église, il est essentiel et imprescriptible d'affirmer que vraiment le Verbe « s'est fait chair » et qu'il a assumé toutes les dimensions de l'humain, sauf le péché (cf. He 4,15). Dans cette perspective, l'Incarnation est véritablement, de la part du Fils de Dieu, une kénose, un « dépouillement » de la gloire qu'il possède de toute éternité (cf. Ph 2,6-8; 1 P 3,18).


D'autre part, cet abaissement du Fils de Dieu n'est pas une fin en soi; il tend plutôt à la pleine glorification du Christ, jusque dans son humanité: « C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame: "Jésus Christ est le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père" » (Ph 2,9-11).


23. « C'est ta face, Seigneur, que je cherche » (Ps 27[26],8). L'antique aspiration du Psalmiste ne pouvait être exaucée de manière plus ample et plus surprenante que dans la contemplation du visage du Christ. En lui, Dieu nous a véritablement bénis, et il a fait « resplendir son visage » sur nous (cf. Ps 67[66],2). En même temps, étant à la fois Dieu et homme, il nous révèle aussi le visage authentique de l'homme, « il manifeste pleinement l'homme à lui-même ».


Jésus est « l'homme nouveau » (cf. Ep 4,24; Col 3,10) qui appelle l'humanité rachetée à participer à sa vie divine. Dans le mystère de l'Incarnation sont posées les bases d'une anthropologie qui peut aller au-delà de ses propres limites et de ses propres contradictions pour aller vers Dieu lui-même, et plus encore vers la perspective de la « divinisation », à travers l'insertion dans le Christ de l'homme racheté, admis dans l'intimité de la vie trinitaire. Les Pères ont beaucoup insisté sur cette dimension sotériologique du mystère de l'Incarnation: c'est seulement parce que le Fils de Dieu est devenu vraiment homme que l'homme peut, en lui et à travers lui, devenir réellement fils de Dieu.

Novo millennio ineunte, 21-23



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