Paul VI, Pour une société plus humaine, 48-51 (1e partie)
48 Dans le domaine social, l'Église a toujours voulu assurer une double fonction: éclairer les esprits pour les aider à découvrir la vérité et discerner la voie à suivre au milieu des doctrines diverses qui les sollicitent; entrer dans l'action et diffuser, avec un souci réel du service et de l'efficacité, les énergies de l'Évangile. (...)
C'est à tous les chrétiens que Nous adressons à nouveau et de façon pressante, un appel à l'action. Dans notre encyclique sur le Développement des Peuples, Nous insistions pour que tous se mettent à l'uvre : " Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l'ordre temporel ; si le rôle de la hiérarchie est d'enseigner et d'interpréter authentiquement les principes moraux à suivre en ce domaine, il leur appartient, par leurs libres initiatives et sans attendre passivement consignes et directives, de pénétrer d'esprit chrétien la mentalité et les murs, les lois et les structures de leur communauté de vie. " (Populorum Progressio, 81). Que chacun s'examine pour voir ce qu'il a fait jusqu'ici et ce qu'il devrait faire. Il ne suffit pas de rappeler des principes, d'affirmer des intentions, de souligner des injustices criantes et de proférer des dénonciations prophétiques : ces paroles n'auront de poids réel que si elles s'accompagnent pour chacun d'une prise de conscience plus vive de sa propre responsabilité et d'une action effective. Il est trop facile de rejeter sur les autres la responsabilité des injustices, si on ne perçoit pas en même temps comment on y participe soi-même et comment la conversion personnelle est d'abord nécessaire. Cette humilité fondamentale enlèvera à l'action toute raideur et tout sectarisme ; elle évitera aussi le découragement en face d'une tâche qui apparaît démesurée. L'espérance du chrétien lui vient d'abord de ce qu'il sait que le Seigneur est à l'uvre avec nous dans le monde, continuant en son Corps qui est l'Église et par elle dans l'humanité entière la Rédemption qui s'est accomplie sur la Croix et qui a éclaté en victoire au matin de la Résurrection. (Cf. Mt. 28, 30; Ph. 2, 8-11). Elle vient aussi de ce qu'il sait que d'autres hommes sont à l'uvre pour entreprendre des actions convergentes de justice et de paix; car sous une apparente indifférence, il y a au cur de chaque homme une volonté de vie fraternelle et une soif de justice et de paix, qu'il s'agit d'épanouir.
49 Ainsi, dans la diversité des situations, des fonctions, des organisations, chacun doit situer sa responsabilité et discerner, en conscience, les actions auxquelles il est appelé à participer. Mêlé à des courants divers où, à côté d'aspirations légitimes, se glissent des orientations plus ambiguës, le chrétien doit opérer un tri vigilant et éviter de s'engager dans des collaborations inconditionnelles et contraires aux principes d'un véritable humanisme, même au nom de solidarités effectivement ressenties. S'il veut, en effet, jouer un rôle spécifique, comme chrétien en accord avec sa foi rôle que les incroyants eux-mêmes attendent de lui , il doit veiller, au sein de son engagement actif, à élucider ses motivations, à dépasser les objectifs poursuivis dans une vue plus compréhensive qui évitera le danger des particularismes égoïstes et des totalitarismes oppresseurs.
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