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Publié par Walter Covens

Donat soutenait que la validité d'un sacrement dépendait de la conduite morale de celui qui l'administrait. Les donatistes refusaient de réadmettre dans l'Église les "traditeurs", ceux qui avaient remis ("tradere" en latin) les livres des Saintes Écritures aux autorités civiles pour échapper à la persécution religieuse. Dans cette lettre, saint Augustin fait preuve de l'amour de la vérité autant que de la vérité de l'amour. "Tu m’as demandé comment nous recevrions les clercs donatistes qui voudraient rentrer dans l’Église catholique, à quoi je t’ai répondu par une lettre, afin que si quelqu’un t’interrogeait à ce sujet, tu puisses montrer, par un écrit de ma main, ce que nous pensons. Sache donc que nous ne détestons en eux que leur séparation qui les a rendus schismatiques ou hérétiques et qui les a éloignés de l’unité et de la vérité de l’Église catholique. Nous les condamnons parce qu’ils ne sont pas en paix avec le peuple de Dieu, répandu sur toute la terre, et qu’ils ne reconnaissent pas le baptême du Christ dans ceux qui l’ont reçu. Voilà le mal et l’erreur que nous blâmons en eux, mais en eux aussi nous reconnaissons, nous aimons, nous respectons ce qu’il y a de bien : le nom de Dieu et son sacrement. C’est cela qui nous afflige et nous fait désirer de les gagner à Dieu par l’amour du Christ, afin que ce sacrement qu’ils ont pour leur perte hors de la paix de l’Église, ils puissent l’avoir pour leur salut dans la paix de l’Église. Si on parvenait à détruire le mal qui vient des hommes, pour honorer dans les hommes le bien qui vient de Dieu, alors on verrait régner partout une concorde fraternelle, l’amitié, la paix, et la charité du Christ l’emporterait dans les cœurs aux suggestions du mauvais. Lorsque des donatistes viennent à nous, nous n’accueillons pas ce qu’il y a de mal, c’est-à-dire leur séparation, leur égarement, mais tout en rejetant leur hérésie comme un obstacle à la concorde, nous les embrassons comme des frères et nous demeurons avec eux, comme dit l’Apôtre, dans l’unité de l’esprit et dans le lien de la paix. Nous reconnaissons en eux les biens qui viennent de Dieu : la sainteté du baptême, la bénédiction d el’ordination, la profession du célibat, le vœu de chasteté, la foi en la Trinité. Ces dons spirituels et d’autres semblables demeuraient stériles en eux, parce qu’ils n’étaient pas vivifiés par la charité. Qui peut prétendre avoir la charité du Christ en ne gardant pas l’unité ?… En rentrant dans l’Église, ils reprennent racine dans la charité par le lien de la paix et l’unité de l’esprit… Les sarments ne doivent pas se glorifier d’être du bois de la vigne et non de celui des ronces, car s’ils ne sont pas unis à la racine, recevant d’elle leur sève et leur vie, ils seront, malgré l’apparence, jetés au feu. Mais l’Apôtre a dit de ces branches brisées que " Dieu est assez puissant pour les enter de nouveau " (Rm 2). Ainsi donc, très cher frère, si tu vois quelques clercs donatistes doutant du rang qu’ils occuperaient parmi nous, montre-leur cette lettre que tu reconnais bien comme écrite de ma main. Qu’ils la gardent même, s’ils le veulent. Car je prends Dieu à témoin, sur mon âme, que je les recevrai, en leur conservant non seulement le baptême du Christ qu’ils ont reçu, mais encore le rang qu’ils peuvent avoir dans l’ordination ou dans la profession du célibat."
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