En guise de conslusion de cette réflexion, je vous signale que cette attitude respect vis-à-vis de Dieu est très en honneur parmi les jeunes. J'ai sous les yeux un
texte qui a été rédigé par trois jeunes scolastiques de la Compagnie de Jésus au terme du cours qui leur avait été fait sur Dieu, ce qu'on appelle la théodicée. Un paragraphe est intitulé : "Se
taire." Il ne faut pas parler à Dieu à la légère. Il y a une sorte de pudeur sacrée quand il s'agit de Dieu.
"Se taire.
"Dieu est mystère. Il y a un langage sur Dieu qui tend sans cesse à affirmer plus qu'il ne sait et qui trahit cela même qu'il désigne. Dieu n'est pas une divinité magique. Dieu, c'est la présence
qui suscite l'adoration silencieuse. Dieu n'est-il pas dans notre effacement et dans les réticences que nous avonsà le nommer plus que dans nos bavardages ? La pudeur et la réserve ne sont pas
l'expression d'une dérobade ou de la peur, mais l'indice très sûr du respect. En d'autres termes, avant d eparler, il importe de se taire, non pas par démission ni par coquetterie, mais par égard
pour la Présence, par crainte de nos fréquents écarts de langage. Et il se peut que notre époque, en ce qu'elle a de meilleur, répugne à nommer ce dont elle vit obscurément. Il y a là une saine
réaction contre bien des dogmatismes. Nos contemporains craignent de se payer de mots. Ce silence respectueux, c'est autre chose que le mutisme. Mais nous devons accepter que ce qui est vivant
aujourd'hui fraie son chemin à travers d'obscures profondeurs. ainsi, la réserve et le silence sont le commencement nécesaire, un moment purificateur, d'une attitude qui est celle de la gratuité
et de la gravité."
Un beau texte : la Présence qui suscite l'adoration silencieuse. Des jeunes qui écrivent cela sont une promesse. Evidemment un tel silence risque de se défigurer en mutisme. Il ne faut pas se
taire, il faut parler de Dieu. Beaucoup d'entre nous ont à parler de Dieu. Et il faut le faire.
En priant beaucoup, toutes ces choses finissent par nous devenir en quelque sorte instinctives. Mais cela ne se fait pas en deux temps et trois mouvements.
(Fin)
François Varillon, Vivre le christianisme, Centurion 1994, p. 70-71.
Lire la
première partie :
> François Varillon, Respecter Dieu - La grandeur de Dieu
Lire la deuxième partie :
> François Varillon, Respecter Dieu - Dieu me respecte
Lire la troisème partie :
> François Varillon, S'exercer à regarder Dieu avec un regard de respect
Lire la quatrième partie :
> François Varillon, Respecter Dieu, c'est croire en la Providence
Lire la cinquième partie :
> François Varillon, Le respect de Dieu et le sentiment de notre néant