Le sentiment de notre néant
Dernière remarque. Ce respect de Dieu implique le sentiment de notre néant, de notre radicale insuffisance, ce que les philosophes appellent "la contingence". Le chemin qui conduit à
cette humilité est l'expérience quotidienne de nos limites. Acceptons nos limites physiques, intellectuelles, psychiques, peut-être les plus douloureuses, nos échecs, nos insuffisances, que les
autres constatent avant que nous les constations nous-mêmes en général. Et, au-delà, même à travers nos succès humains, acceptons ce qu'il y a en nous de dégoût intérieur ; ce goût de cendre qui
est répandu sur toutes choses à certaines époques de la vie. Notre indigence, notre insuffisance, il faut les accepter. Accepter tout cela, c'est respecter Dieu. Sans raideur, sans amertume, sans
conserver des prétentions. Ma vérité est d'être une toute-insuffisance. Alors, soyons vrais. Etre vrais devant Dieu, devant le mystère de Dieu, c'est respecter Dieu.
Et il arrive alors que dans la prière, petit à petit, tout se simplifie. Et on finit, peu à peu, par ne plus penser qu'à Dieu. "Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam - Nous te
rendons grâce pour ta plus grande gloire." Quel mot admirable du Gloria ! Je te remercie non pas de ce que tu me donnes mais de ce que tu es. Je te remercie d'être ce que tu es.
François Varillon, Vivre le christianisme, Centurion 1994, p. 69-70
Lire la première
partie :
> François Varillon, Respecter Dieu - La grandeur de Dieu
Lire la deuxième partie :
> François Varillon, Respecter Dieu - Dieu me respecte
Lire la troisème partie :
> François Varillon, S'exercer à regarder Dieu avec un regard de respect
Lire la quatrième partie :
> François Varillon, Respecter Dieu, c'est croire en la Providence