Par ce service, justement, l'homme devient de façon toujours nouvelle la "route de l'Eglise": je l'ai déjà dit dans l'encyclique sur le Christ Rédempteur (Cf. Encycl. Redemptor hominis - 4 mars 1979 - RH 14: AAS 71 - 1979 -, pp. 284-285) et je le redis aujourd'hui dans celle sur l'Esprit Saint. Unie à l'Esprit, l'Eglise est consciente, plus que quiconque, de la réalité de l'homme intérieur, des traits de l'homme les plus profonds et les plus essentiels, parce que spirituels et incorruptibles. A ce niveau, l'Esprit implante en lui la "racine de l'immortalité" (Cf. Sg 15,3), d'ou jaillit la vie nouvelle, c'est-à-dire la vie de l'homme en Dieu, qui, comme fruit du don salvifique que Dieu fait de lui-même dans l'Esprit Saint, ne peut se développer et se consolider que par l'action de l'Esprit. C'est pourquoi l'Apôtre s'adresse à Dieu en faveur des croyants, auxquels il déclare: "Je fléchis les genoux en présence du Père... Qu'il daigne... vous armer de puissance par son Esprit pour que se fortifie en vous l'homme intérieur" (Cf. Ep 3,14-16).
Sous l'influence de l'Esprit Saint, cet homme intérieur, c'est-à-dire "spirituel", mûrit et devient plus fort. Grâce à cette communication divine, l'esprit humain qui "connaît ce qui concerne l'homme" rencontre "l'Esprit qui sonde tout jusqu'aux profondeurs de Dieu" (Cf. 1Co 2,10-11). Dans cet Esprit, qui est le Don éternel, le Dieu un et trine s'ouvre à l'homme, à l'esprit humain. Le souffle caché de l'Esprit divin fait que l'esprit humain s'ouvre à son tour en face de Dieu qui s'ouvre à lui pour le sauver et le sanctifier. Par le don de la grâce efficace qui vient de l'Esprit, l'homme entre dans "une vie nouvelle", il est introduit dans la réalité surnaturelle de la vie divine elle-même et il devient "une demeure de l'Esprit Saint", un "temple vivant de Dieu" (Cf Rm 8,9 ; 1Co 6,19).
Par l'Esprit Saint, en effet, le Père et le Fils viennent vers lui et établissent une demeure chez lui (1). Dans la communion de grâce avec la Trinité s'élargit "l'espace vital" de l'homme, élevé au niveau surnaturel de la vie divine. L'homme vit en Dieu et de Dieu: il vit "selon l'Esprit" et "désire ce qui est spirituel".
1. Cf. Jn 14,23 S. IRÉNÉE, Adversus haereses, V, 6, 1: SC 153, PP. 72-80; S. HILAIRE, De Trinitate, VIII, 19. 21: PL 10, 250. 252, S. AMBROISE, De Spiritu Sancto, I, 6, 8: PL 16, 752-753; S. AUGUSTIN, Enarr. in XLIX, 2: CCL 38, 575-576; S. CYRILLE D ALEXANDRIE, In Ioannis Evangelium lib. I; II: PG 73, 154-158, 246; lib. IX: PG 74, 262; S. ATHANASE, Oratio III contra Arianos, 24: PG 26, 374-375; Epist. ad ad Serapionem, 24: PG 26, 586-587; DIDYME D ALEXANDRIE, De Trinitate, II, 6-7: PG 39, 523-530; S. JEAN-CHRYSOSTOME, In epist. ad Romanos homilia XIII, 8: PG 60, 519; S. THOMAS D'AQUIN, Somme théol., I 43,1 I 43,3 I 43,4 I 43,5 I 43,6.