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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Jean Paul II, Personne - Communion - Don

Publié par dominicanus sur 20 Mai 2008, 17:00pm

Catégories : #La vache qui rumine (Année A)

7. Approfondissant par la pensée l'ensemble de la description de Genèse 2, 18- 25, en l'interprétant à la lumière de la vérité sur l'image et la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27), nous pouvons comprendre plus pleinement encore en quoi consiste le caractère personnel de l'être humain, grâce auquel tous les deux _ l'homme et la femme _ sont semblabes à Dieu. En effet, chacun des hommes est à l'image de Dieu en tant que créature raisonnable et libre, capable de connaître Dieu et de l'aimer. Nous lisons également que l'homme ne peut être «seul» (cf. Gn 2, 18); il ne peut exister que comme «unité des deux», et donc en relation avec une autre personne humaine. Il s'agit ici d'une relation réciproque, de l'homme à l'égard de la femme et de la femme à l'égard de l'homme. Etre une personne à l'image et à la ressemblance de Dieu implique donc aussi le fait d'exister en relation, en rapport avec l'autre «moi». C'est un prélude à la révélation ultime que Dieu un et trine fait de lui-même: unité vivante dans la communion du Père, du Fils et de l'Esprit Saint.

Au début de la Bible, on ne nous dit pas encore cela directement. Tout l'Ancien Testament est surtout la révélation de la vérité sur l'unicité et l'unité de Dieu. Dans cette vérité fondamentale sur Dieu, le Nouveau Testament introduira la révélation du mystère insondable de la vie intime de Dieu. Dieu, qui se fait connaître aux hommes par le Christ, est l'unité dans la Trinité, il est l'unité dans la communion. De cette façon, une nouvelle lumière est projetée également sur la ressemblance et l'image de Dieu en l'homme, dont parle le Livre de la Genèse. Le fait que l'homme, créé comme homme et femme, soit l'image de Dieu ne signifie pas seulement que chacun d'eux individuellement est semblable à Dieu, comme être raisonnable et libre. Il signifie aussi que l'homme et la femme, créés comme «unité des deux» dans leur commune humanité, sont appelés à vivre une communion d'amour et à refléter ainsi dans le monde la communion d'amour qui est en Dieu, par laquelle les trois Personnes s'aiment dans le mystère intime de l'unique vie divine. Le Père, le Fils et l'Esprit Saint, un seul Dieu par l'unité de la divinité, existent comme Personnes par les insondables relations divines. C'est seulement de cette façon que devient compréhensible la vérité selon laquelle Dieu en lui-même est amour (cf. 1 Jn 4, 16).

L'image et la ressemblance de Dieu dans l'homme créé comme homme et femme (par l'analogie que l'on peut présumer entre le Créateur et la créature) expriment donc aussi l'«unité des deux» dans leur humanité commune. Cette «unité des deux», qui est signe de la communion interpersonnelle, montre que dans la création de l'homme a été inscrite aussi une certaine ressemblance de la communion divine («communio»). Cette ressemblance a été inscrite comme une qualité de l'être personnel de tous les deux, de l'homme et de la femme, et en même temps comme un appel et une tâche. Dans l'image et la ressemblance de Dieu, que le genre humain porte en lui depuis le «commencement», s'enracine ce qui fonde tout l'«ethos» humain: l'Ancien et le Nouveau Testament développeront cet «ethos» dont le commandement de l'amour est le sommet(25).

Dans l'«unité des deux», l'homme et la femme sont appelés depuis le commencement non seulement à exister «l'un à côté de l'autre» ou bien «ensemble», mais aussi à exister réciproquement «l'un pour l'autre».

Cela fait comprendre aussi ce que signifie l'«aide» dont parle Genèse 2, 18-25: «Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie». Le contexte biblique permet d'entendre également ce mot en ce sens que la femme doit «aider» l'homme _ et en même temps l'homme doit aider la femme _ avant tout à cause de sa caractéristique d'«être une personne humaine», ce qui, d'une certaine façon, permet à l'un et à l'autre de découvrir toujours à nouveau et de confirmer le sens intégral de son humanité. On comprend facilement que, sur ce plan fondamental, il s'agit d'une «aide» des deux cotés et d'une«aide» réciproque. Humanité veut dire appel à la communion interpersonnelle. Le texte de Genèse 2, 18-25 montre que le mariage est la dimension première et, en un sens, fondamentale de cet appel. Mais non l'unique. Toute l'histoire de l'homme sur la terre se réalise dans le cadre de cet appel. En fonction du principe selon lequel chacun vit «pour» l'autre, dans la «communion» interpersonnelle, on voit, au cours de cette histoire, s'intégrer progressivement dans l'humanité elle-même, voulue par Dieu, ce qui est «masculin» et ce qui est «féminin». Les textes bibliques, à commencer par la Genèse, nous permettent constamment de retrouver le terrain où s'enracine la vérité sur l'homme, un terrain solide et inviolable au milieu des multiples mutations de l'existence humaine.

Cette vérité concerne aussi l'histoire du salut. Ici, une affirmation du Concile Vatican II est particulièrement significative. Dans le chapitre sur la «communauté humaine» de la constitution pastorale Gaudium et spes, nous lisons: «Quand le Seigneur Jésus prie le Père pour que "tous soient un..." (Jn 17, 21-22), il ouvre des perspectives inaccessibles à la raison et il nous suggère qu'il y a une certaine ressemblance entre l'union des Personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité et dans l'amour. Cette ressemblance montre bien que l'homme, seule créature sur terre que Dieu ait voulue pour elle même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même»(26).

En s'exprimant ainsi, ce texte conciliaire présente d'une manière synthétique l'ensemble de la vérité sur l'homme et sur la femme _ vérité qui se dessine déjà dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse _ comme la structure qui porte l'anthropologie biblique et chrétienne. L'homme _ homme et femme _ est le seul être parmi les créatures du monde visible que Dieu Créateur «ait voulu pour lui-même»; c'est donc une personne. Etre une personne signifie tendre à la réalisation de soi (le texte conciliaire dit «se trouver»), qui ne peut s'accomplir qu'«à travers un don désintéressé de soi». Le modèle d'une telle interprétation de la personne est Dieu même comme Trinité, comme communion de Personnes. Dire que l'homme est créé à l'image et à la ressemblance de ce Dieu, c'est dire aussi que l'homme est appelé à exister «pour» autrui, à devenir un don.

Cela concerne tout être humain, femmes et hommes qui le mettent en oeuvre selon les particularités propres à chacune et à chacun. Dans le cadre de la présente méditation sur la dignité et la vocation de la femme, cette vérité sur l'être humain constitue le point de départ indispensable. Déjà le Livre de la Genèse permet de percevoir, comme une première ébauche, ce caractère sponsal de la relation entre les personnes, et c'est dans ce cadre que se développera ensuite la vérité sur la maternité, et aussi sur la virginité, comme deux dimensions particulières de la vocation de la femme à la lumière de la Révélation divine. Ces deux dimensions trouveront leur plus haute expression biblique, à l'avènement de la «plénitude du temps» (cf. Ga 4, 4), dans la figure de la «femme» de Nazareth, la Vierge-Mère.

Mulieris dignitatem
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