Cette vie d'intime union avec le Christ dans l'Eglise est alimentée par des nourritures spirituelles communes à tous les fidèles, en particulier par la participation active à la Sainte Liturgie (5). Les laïcs doivent les employer de telle sorte que, remplissant parfaitement les obligations du monde dans les conditions ordinaires de l'exigence, ils ne séparent pas l'union au Christ et leur vie, mais grandissent dans cette union en accomplissant leur travaux selon la volonté de Dieu.
C'est de cette manière que les laïcs progresseront en sainteté avec ardeur et joie, s'efforçant de surmonter les difficultés inévitables avec prudence et patience (6). Ni le soin de leur famille ni les affaires temporelles ne doivent être étrangers à leur spiritualité, selon ce mot de l'Apôtre: "Tout ce que vous faites, en paroles ou en oeuvres, faites-le au nom du Seigneur Jésus-Christ, rendant grâces par Lui à Dieu le Père" (Col. III, 17).
Une telle vie exige un continuel exercice de la foi, de l'espérance et de la charité.
Seules la lumière de la foi et la méditation de la Parole de Dieu peuvent permettre toujours et partout de reconnaître Dieu "en qui nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Act. XVII, 28). C'est ainsi seulement que l'on pourra chercher en tout sa volonté, discerner le Christ dans tous les hommes, proches ou étrangers, juger sainement du vrai sens et de la valeur des réalités temporelles, en elles-mêmes et par rapport à la fin de l'homme.
Ceux qui ont cette foi vivent dans l'espérance de la révélation des fils de Dieu se souvenant de la croix et de la résurrection du Seigneur.
Dans le pèlerinage qu'est cette vie, cachés en Dieu avec le Christ, délivrés de la servitude des richesses, à la recherche des biens qui demeurent éternellement, ils mettent généreusement en oeuvre toutes leurs forces pour étendre le règne de Dieu, animer et parfaire les réalités temporelles selon l'esprit chrétien. Dans les difficultés de l'existence, ils puisent le courage dans l'espérance, estimant que " les souffrances de cette vie ne sont pas proportionnées à la gloire future qui doit se révéler en nous " (Rom. VIII, 18).
Poussés par la Charité qui vient de Dieu, ils pratiquent le bien à l'égard de tous, surtout de leurs frères dans la foi (Cf. Gal. VI, 10), rejetant "toute malice, toute fraude, hypocrisie, envie, toute médisance" (I Petr. II, I), entraînant ainsi les hommes vers le Christ.
Or la charité divine, qui "est répandue dans nos coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné" (Rom. V, 5), rend les laïcs capables d'exprimer concrètement dans leur vie l'esprit des Béatitudes. Suivant Jésus pauvre, ils ne connaissent ni dépression dans la privation, ni orgueil dans l'abondance; imitant le Christ humble, ils ne deviennent pas avides d'une vaine gloire (cf. Gal. V, 26), mais ils s'efforcent de plaire à Dieu plutôt qu'aux hommes, toujours prêts à tout abandonner pour le Christ (Cf. Lc. XIV, 26) et à souffrir persécution pour la justice (cf. Mat. V, 10) se souvenant de la parole du Seigneur: "si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive" (Mat. XVI, 24). Entretenant entre eux une amitié chrétienne, ils se prêtent un mutuel appui en toutes nécessités.
Cette spiritualité des laïcs doit revêtir des caractéristiques particulières suivant les conditions de vie de chacun: vie conjugale et familiale, célibat et veuvage, état de maladie, activité professionnelle et sociale. Chacun doit donc développer sans cesse les qualités et les dons reçus et en particulier ceux qui sont adaptés à ses conditions de vie et se servir des dons personnels de l'Esprit-Saint.
Enfin les laïcs qui selon leur vocation particulière se sont agrégés à des associations ou instituts approuvés par l'Eglise doivent s'efforcer de toujours mieux réaliser les caractères de la spiritualité qui leur est propre.
Qu'ils estiment beaucoup la compétence professionnelle, le sens familial et civique, et les vertus qui regardent la vie sociale telles que la probité, l'esprit de justice, la sincérité, la délicatesse, la force d'âme: sans elles il n'y a pas de vraie vie chrétienne.
La Bienheureuse Vierge Marie, Reine des Apôtres, est l'exemple parfait de cette vie spirituelle et apostolique. Tandis qu'Elle menait sur terre une vie semblable à
celle de tous, remplie par les soins et les labeurs familiaux, Marie demeurait toujours intimement unie à son Fils et coopérait à l'oeuvre du Sauveur à un titre absolument unique. Aujourd'hui où
elle est au ciel "son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les peines et les épreuves jusqu'à ce qu'ils
parviennent à la patrie bienheureuse" (7). Tous doivent avoir envers Elle une vraie dévotion et confier leur vie et leur apostolat à sa sollicitude maternelle.
(5). Cf. Conc. Vat. II, Const. De la Sainte Liturgie, chap. I, n. 11: AAS 56 (1964), pp. 102-103 [pp. 132-133].
(6). Cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. De l'Eglise, n. 32: AAS 57 (1965), p. 38 [pp. 57-58]; cf. aussi n. 40-41: ibid., p. 45-47 [pp. 65-69].
(7). Ibid.. n. 62, p. 63; cf. aussi n. 65, ibid., pp. 64-65 [pp. 88-90].