CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS
Textes pour
La Semaine de Prière pour l’Unite des Chrétiens
et pour toute l’année 2008
Priez sans cesse
(1 Th 5,17)
Conjointement préparés et publiés par
Le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens
La Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises
A tous ceux qui organisent
la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
Rechercher l'unité durant toute l'année
Traditionnellement, la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens est célébrée du 18 au 25 janvier. Ces dates furent proposées en 1908 par Paul Wattson de manière à couvrir la période entre la fête de saint Pierre et celle de saint Paul. Ce choix a donc une signification symbolique. Dans l'hémisphère Sud, où le mois de janvier est une période de vacances d'été, on préfère adopter une autre date, par exemple aux environs de la Pentecôte (ce qui fut suggéré par le mouvement Foi et Constitution en 1926) qui représente aussi une autre date symbolique pour l’unité de l’Eglise.
En gardant cette flexibilité à l’esprit, nous vous encourageons à considérer ces textes comme une invitation à trouver d'autres occasions, au cours de l'année, pour exprimer le degré de communion que les églises ont déjà atteint et pour prier ensemble en vue de parvenir à la pleine unité voulue par le Christ.
Adapter les textes
Ces textes sont proposés étant bien entendu que, chaque fois que cela sera possible, on essayera de les adapter aux réalités des différents lieux et pays. Ce faisant, on devra tenir compte des pratiques liturgiques et dévotionnelles locales ainsi que du contexte socio-culturel. Une telle adaptation devrait normalement être le fruit d’une collaboration œcuménique. Dans plusieurs pays, des structures œcuméniques sont déjà en place et elles permettent ce genre de collaboration. Nous espérons que la nécessité d'adapter la Semaine de prière à la réalité locale puisse encourager la création de ces mêmes structures là où elles n'existent pas encore.
Utiliser les textes de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens
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Pour les églises et les communautés chrétiennes qui célèbrent ensemble la Semaine de prière au cours d'une seule cérémonie, ce livret propose un modèle de Célébration œcuménique de la Parole de Dieu.
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Les églises et communautés chrétiennes peuvent également se servir pour leurs célébrations des prières ou des autres textes de la Célébration œcuménique de la Parole de Dieu, des textes proposés pour les Huit Jours et du choix de prières en appendice de cette brochure.
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Les églises et communautés chrétiennes qui célèbrent la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens chaque jour de la semaine, peuvent trouver des suggestions dans les textes proposés pour les Huit Jours.
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Les personnes désirant entreprendre des études bibliques sur le thème 2008
6peuvent également se baser sur les textes et les réflexions bibliques proposés pour les Huit Jours. Les commentaires de chaque jour peuvent se conclure par une prière d'intercession. -
Pour les personnes qui souhaitent prier en privé, les textes contenus dans cette brochure peuvent alimenter leurs prières et leur rappeler aussi qu'elles sont en communion avec tous ceux qui prient à travers le monde pour une plus grande unité visible de l'Eglise du Christ.
Texte biblique
1 Thessaloniciens 5, 12a, 13b-18
Nous vous [le] demandons, frères… Vivez en paix entre vous. Nous vous y exhortons, frères : reprenez ceux qui vivent de manière désordonnée, donnez du courage à ceux qui en ont peu ; soutenez les faibles, soyez patients envers tous . Prenez garde que personne ne rende le mal pour le mal, mais recherchez toujours le bien, entre vous et à l’égard de tous. Soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus.
Traduction œcuménique de la Bible (TOB)
Introduction au thème de la Semaine de prière 2008
La ‘Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2008’ marque le 100e anniversaire de l’inauguration de l’ ‘Octave pour l’unité de l’Eglise’. Ce
changement de terminologie indique que la prière pour l’unité des chrétiens a évolué au cours des années. A cet égard, un rapide tour d’horizon de son histoire nous est proposé dans la première
partie de cette introduction. Dans la seconde partie sont présentés le texte biblique et le thème choisis pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2008. Nous proposons ensuite une
brève réflexion sur ‘l’œcuménisme spirituel’ qui permettra de bien situer la prière pour l’unité des chrétiens. L’introduction se conclut par une brève description de la structure des huit
jours de l’octave pour l’unité de cette année.
Un anniversaire important
Il y a cent ans, le Père Paul Wattson, prêtre épiscopalien (anglican) et cofondateur de la Society of the Atonement de Graymoor (à Garrisson, dans l’Etat de New York), inaugurait une Octave de prière pour l’unité des chrétiens qui fut célébrée pour la première fois du 18 au 25 janvier 1908. En 1968, exactement soixante ans plus tard, les Eglises et les paroisses du monde entier recevaient pour la première fois des textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, conjointement préparés par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises et le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens (Eglise catholique).
Aujourd’hui, la collaboration entre les Eglises, les paroisses et les communautés anglicanes, catholiques, orthodoxes, et protestantes dans la préparation et la
célébration de la Semaine de prière pour l’unité est une pratique désormais familière, ce qui est la preuve tangible de l’efficacité même de la prière pour l’unité. C’est donc à bon droit que
nous pouvons parler de l’histoire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens comme de celle d’un succès. Ceci est pour nous source de grande joie et de profonde gratitude.
Les antécédents de la Semaine de prière
Si ces deux anniversaires nous permettent de retracer l’histoire de la Semaine de prière, il est bien sûr évident que la prière pour l’unité n’est pas une invention du siècle dernier. Jésus lui-même éleva cette prière vers son Père : «Que tous soient un ». Depuis lors, les chrétiens n’ont cessé de prier de multiples manières pour que l’unité s’accomplisse. Malgré leurs divisions, les chrétiens de toutes les traditions ont prié en union avec la prière du Christ pour l’unité de tous ses disciples. L’antique liturgie quotidienne des Eglises orthodoxes, par exemple, invite les fidèles à prier pour la paix et l’unité de tous.
D’autres propositions avaient précédé la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens au milieu du XIXe siècle. L’importance et la nécessité de la prière
– et en particulier de la prière pour l’unité des chrétiens divisés – sont mises en relief par un grand nombre de mouvements et de groupes ecclésiaux de diverses confessions (par exemple le
Mouvement d’Oxford, l’Alliance évangélique et différentes initiatives féminines pour la prière). Dans sa Lettre encyclique adressée en 1902 à toutes les Eglises locales orthodoxes, le
Patriarche œcuménique Joachim III soulignait que l’unité de tous les chrétiens était un « sujet de prière et de supplication incessantes ».
Paul Wattson et Paul Couturier
Lorsque le Père Paul Wattson conçut et mit en pratique l’octave de prière – qui est considérée comme étant le début de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens telle que nous la célébrons aujourd’hui –, pour lui l’unité signifiait en fait le retour des différentes Eglises dans le sein de l’Eglise catholique romaine. Cela influença son choix des dates pour l’octave : celle-ci commencerait le 18 janvier qui était à l’époque dans le calendrier catholique romain la date de la ‘Fête de la Chaire de Pierre’ et se conclurait le 25 janvier, Fête de la conversion de Paul. Après l’entrée de la Society of the Atonement dans l’Eglise catholique en 1909, le Pape Pie X donna sa bénédiction officielle à l’octave pour l’unité.
Au milieu des années 1930, l’Abbé Paul Couturier de Lyon (France) donna un nouvel objectif à l’octave pour l’unité de l’Eglise. A cette époque, la célébration de
l’octave avait commencé à se répandre dans toute l’Eglise catholique et dans un petit nombre de communautés anglicanes favorables à une réunion avec l’évêque de Rome. Toutefois, pour des
raisons théologiques cette approche était rejetée par un grand nombre de chrétiens n’appartenant pas à l’Eglise catholique. L’Abbé Couturier maintint alors les dates du 18 au 25 janvier mais
modifia la terminologie : le but de la ‘Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens’ qu’il entendait promouvoir était l’unité de l’Eglise « telle que le Christ la veut
».
Foi et Constitution
Un autre courant d’initiatives de prière pour l’unité des chrétiens est également à l’origine de la Semaine de prière. En 1915, un Manuel de prière pour l’unité des chrétiens fut publié pour la ‘Commission de l’Eglise épiscopale protestante aux Etats-Unis de la Conférence mondiale sur foi et constitution’. Dans la brève introduction de cet ouvrage, les auteurs soulignaient leur espoir que chacune des diverses communions prie pour l’unité, mais pas qu’elles prient nécessairement en un même lieu. De même ne s’attendait-on pas à ce que « les Eglises à forte tradition liturgique telle que l’Eglise catholique et la Sainte Eglise orientale orthodoxe » utilisent ce matériel mais qu’elles puisent dans leurs vastes ressources et dans leur riche héritage de prières pour l’unité des chrétiens.
A partir de 1921, le Comité permanent pour la Conférence mondiale sur Foi et Constitution publia du matériel pour une Octave de prière pour l’unité des chrétiens et
suggéra qu’elle se tienne durant les huit jours précédant la Pentecôte. En 1941, la Commission Foi et Constitution déplaça ces dates au mois de janvier de manière à ce qu’elles coïncident avec
l’initiative catholique et que ces deux courants issus du COE et de l’Eglise catholique invitent les chrétiens à prier à la même période. A partir de 1958, la préparation du matériel proposé
par Foi et Constitution se fit en grande partie en coordination avec celle des textes élaborés par le Centre œcuménique Unité Chrétienne (catholique) de Lyon et à partir de 1960, Foi et
Constitution et l’Eglise catholique commencèrent à réfléchir ensemble et de manière approfondie à l’élaboration de ces textes, bien qu’assez discrètement car l’Eglise catholique n’encourageait
pas encore de manière officielle les activités œcuméniques.
Vers une célébration commune de la Semaine de prière
C’est le 25 janvier 1959, jour de la conclusion de l’octave de prière pour l’unité, que le Pape Jean XXIII convoqua le Concile Vatican II qui devait faire entrer de
façon décisive l’Eglise catholique dans le mouvement œcuménique. Le Concile permettait aussi la collaboration officielle entre le Secrétariat de Foi et Constitution du Conseil œcuménique des
Eglises et le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens du Vatican. Suite à la consultation mixte organisée par ces deux organismes en 1966 sur la Semaine de prière pour l’unité
des chrétiens, un groupe mixte de préparation des textes pour la Semaine de prière fut créé. En 1968, le premier ‘produit’ du groupe était prêt à l’emploi. Depuis 1973, c’est chaque année un
groupe œcuménique différent, issu d’une région du monde, qui est invité à préparer pour la Semaine de prière un premier projet de textes que le groupe préparatoire mixte international est
ensuite chargé de réviser. Ce ‘voyage’ autour du globe souligne en quelque sorte le caractère véritablement œcuménique de la semaine de prière. Cette longue histoire de la préparation et de la
célébration commune de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens a conduit en 2004 à la coédition du matériel par Foi et Constitution et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité
des chrétiens.
Le texte biblique et le thème choisis pour 2008
Le passage biblique choisi pour la célébration du 100e anniversaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est tiré de la première lettre aux Thessaloniciens. Le texte « Priez sans cesse » (1 Th 5,17) souligne le rôle essentiel de la prière dans la vie de la communauté des croyants car elle donne à ses membres d’approfondir leur relation au Christ et aux autres. Ce passage fait partie d’une série d’ ‘impératifs’, des déclarations par lesquelles Paul encourage la communauté à vivre de l’unité que Dieu nous donne en Christ, à être dans la pratique ce qu’elle est dans le principe : le corps unique du Christ, visiblement uni en ce lieu.
L’Epître aux Thessaloniciens, qui date de 50 ou 51 apr. J-C et est considérée par la plupart des exégètes comme la plus ancienne épître de Paul, nous révèle le lien très fort qui unit ce dernier à la communauté chrétienne de Thessalonique. Alors qu’il vient juste de subir des persécutions dans la ville de Philippes – Paul et ses compagnons Silas et Timothée y avaient été assaillis par la foule, battus sur ordre des magistrats de la ville puis jetés en prison (Actes 17,1-9) –, il établit l’Eglise à Thessalonique en quelques semaines d’un travail intense avant que de nouvelles attaques ne le conduisent à Bérée puis à Athènes (17,10-15). Paul nourrissait de grands espoirs pour l’église de Thessalonique : la foi, l’espérance et la charité qui ne cessaient de croître dans cette ville, la manière dont elle avait accueilli la Parole en dépit des souffrances, et la joie qu’elle exprimait dans l’Esprit-Saint, tout concourait à susciter son admiration et ses louanges (1 Th 1,2-10). Toutefois il était soucieux. Son départ précipité ne lui avait pas laissé le temps de consolider l’œuvre qu’il avait entreprise et des rumeurs inquiétantes lui étaient parvenues. Certains défis provenaient de l’extérieur, notamment la persécution de la communauté et de ses membres (1 Th 2,14). D’autres étaient de nature interne : certains membres de la communauté continuaient à avoir des comportements davantage marqués par la culture ambiante que par leur nouvelle vie en Christ (4,1-8) ; d’autres critiquaient les responsables qui exerçaient l’autorité et par conséquent Paul lui-même (cf. 2,3-7,10) ; d’autres encore désespéraient du sort réservé à ceux qui mourraient avant le retour du Christ. Leur serait-il refusé d’entrer dans le royaume de Dieu ? Pour eux et peut-être d’autres encore, la promesse de salut serait-elle vaine et vide de sens (cf. 4,13) ?
Craignant d’avoir œuvré en vain et « n’y tenant plus » (3,1), Paul dans l’incapacité de retourner lui-même à Thessalonique y dépêche Timothée qui rapporte le témoignage de la foi et de l’amour profonds manifestés par cette communauté ainsi que de sa fidélité à Paul. En 1 Thessaloniciens, nous lisons la réponse de Paul à cette bonne nouvelle – mais aussi aux défis que doit affronter l’Eglise naissante. Tout d’abord, il écrit pour remercier la communauté de la résistance dont elle témoigne face à la persécution. Mais malgré sa joie et son soulagement lorsque Timothée lui a fait son rapport, il a compris que la semence de la désunion est déjà dans l’Eglise ; c’est pourquoi il se hâte de répondre aux diverses questions posées par la communauté sur le comportement personnel (4,9-12), sur ceux qui les dirigent (5,12-13a) et sur l’espérance dans la vie éternelle en Christ (4,14 - 5,11).
L’un des objectifs principaux de Paul était d’édifier cette communauté dans l’unité. Même la mort ne peut trancher les liens qui créent son unité, en tant qu’unique corps du Christ. Jésus est mort et ressuscité pour nous tous ; aussi lorsque le Seigneur viendra, ceux qui se sont endormis comme ceux qui sont encore vivants, tous « nous vivrons alors unis à lui » (5,10). Cela conduit Paul à prononcer les impératifs qui figurent en 1 Thessaloniciens 5,13-18 et forment une liste d’exhortations dont une partie a été choisie pour servir de base à la Semaine de prière de cette année. Ce passage débute par l’exhortation que Paul adresse aux membres de la communauté : « Vivez en paix entre vous » (5, 13b) – une paix qui ne signifie pas simplement l’absence de conflit mais une harmonie dans laquelle les dons de tous les membres de la communauté contribuent à sa prospérité et à sa croissance.
Il est intéressant de noter que Paul ne donne aucun enseignement théologique abstrait ni ne fait allusion aux émotions ou aux sentiments. Comme dans le passage célèbre sur l’amour en 1 Corinthiens 13, il invite plutôt à l’action, à des comportements concrets à travers lesquels les membres de la communauté révèlent leur engagement et la responsabilité qu’ils ont les uns envers les autres au sein de l’unique corps du Christ. L’amour doit être mis en pratique et devenir visible.
Il établit une liste de ces impératifs, des « choses qui contribuent à la paix » : assurer la participation de tous et donner du courage à ceux qui en ont peu ; soutenir les faibles ; être patients envers tous ; ne pas rendre le mal pour le mal mais rechercher toujours le bien, entre nous et à l’égard de tous ; être toujours dans la joie ; prier sans cesse ; rendre grâce en toute circonstance (5,14-18). Ce passage se conclut par l’affirmation qu’en agissant ainsi, la communauté vit selon « la volonté de Dieu à [son] égard dans le Christ Jésus » (5,18b).
L’appel à « prier sans cesse » (5,17) fait partie de cette liste d’impératifs. Cela nous rappelle que la vie dans une communauté chrétienne n’est possible qu’à
travers une vie de prière. Plus encore, Paul montre que la prière est partie intégrante de la vie des chrétiens précisément lorsqu’ils cherchent à manifester l’unité qui leur est donnée en
Christ – une unité qui ne se limite pas aux accords doctrinaux et aux déclarations officielles mais qui s’exprime dans « tout ce qui contribue à la paix » – par des actions concrètes qui
témoignent de leur unité en Christ et entre eux et la font s’accroître.
La prière du Christ – et l’unité chrétienne
A travers le baptême, nous nous engageons à suivre le Christ et à accomplir sa volonté. Cette volonté pour ses disciples, Jésus l’exprime dans sa prière pour l’unité afin que d’autres croient qu’il est l’envoyé de Dieu. Certaines Eglises considèrent que la prière associée à la prière de Jésus pour l’unité est une expression de ‘ l’œcuménisme spirituel ’. Cette prière est particulièrement intense durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens mais ne doit pas se limiter à cette célébration et doit pénétrer dans notre vie quotidienne. Nous avons conscience que l’unité ne peut se réaliser à travers nos seuls efforts et qu’elle est toujours l’œuvre de l’Esprit-Saint. En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons la faire ou la réaliser. Nous ne pouvons que la recevoir comme un don de l’Esprit quand nous-mêmes sommes prêts à l’accueillir.
L’œcuménisme spirituel entraîne un échange de dons spirituels si bien que ce qui manque dans une tradition est alors complété par ce qui est présent dans les autres. Cela nous offre la possibilité d’aller au-delà de nos étiquettes confessionnelles pour aller vers Celui qui est la source de tout bien. Ce qui est surprenant dans la prière, c’est que son efficacité se vérifie d’abord en nous-mêmes. Elle modèle notre esprit et notre cœur quand nous cherchons à la traduire dans la vie pratique, ce qui est la véritable preuve de son authenticité. L’œcuménisme spirituel nous conduit à la purification des mémoires, en nous encourageant à faire face aux graves événements du passé qui ont donné lieu à des interprétations divergentes de leur nature et de leur origine. Nous pouvons donc surmonter ces difficultés qui nous ont maintenus dans la division. Autrement dit, le but de l’œcuménisme spirituel est l’unité des chrétiens qui nous fait participer à la mission pour la gloire de Dieu.
Si les croyants veulent vraiment suivre les pas de Jésus, ils doivent œuvrer et prier pour l’unité des chrétiens. Toutefois, les Eglises ont des visions différentes de l’unité visible pour laquelle nous prions. Pour certains, le but est de parvenir à une pleine unité visible dans laquelle les Eglises seraient rassemblées en une seule communauté de foi, de prière et de sacrements, de témoignage, où les décisions seraient prises en commun et la vie structurée selon un même modèle. D’autres visent à une diversité réconciliée dans laquelle les Eglises actuelles œuvreraient ensemble pour offrir au monde un témoignage cohérent. Pour d’autres encore, l’unité réside plutôt dans les liens invisibles qui nous unissent au Christ et entre nous, et dépend aussi beaucoup de la manière personnelle de vivre sa foi dans le monde.
La prière pour l’unité des chrétiens est par conséquent une prière extrêmement stimulante. C’est une prière qui entraîne des changements dans notre identité
personnelle aussi bien que dans notre identité confessionnelle. En définitive, cela signifie que nous renoncerons à notre vision de l’unité pour mieux chercher à comprendre ce que Dieu veut
pour son peuple. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous abandonnerons notre unicité car l’unité s’exprime naturellement dans la diversité. L’unité dans la diversité est à l’image du mystère
de la communion d’amour qui est la nature même de Dieu.
Les huit jours
Les méditations proposées pour les huit jours de prière de cette année partent du principe que la prière pour l’unité des chrétiens, l’œcuménisme spirituel, est à la base de tous les autres aspects de la recherche de l’unité entre les chrétiens. Elles offrent une réflexion approfondie sur le thème de la prière pour l’unité, chacune attirant l’attention sur un aspect ou une préoccupation de cette prière et établissant un lien avec une des exhortations que Paul adresse à la communauté chrétienne de Thessalonique. La première méditation présente l’unité comme un don et un appel lancé à l’Eglise et réfléchit sur ce que signifie « prier sans cesse » pour l’unité. Le 2e Jour nous invite à avoir confiance en Dieu et à lui rendre grâce quand nous œuvrons et prions pour l’unité, car nous avons conscience que c’est l’Esprit-Saint qui dirige nos pas sur le chemin de l’unité. La nécessité d’une conversion permanente du cœur, en tant que fidèles et en tant qu’Eglises, est au centre de la réflexion du 3e Jour. Le 4e Jour intitulé « Priez toujours pour la justice » encourage les chrétiens à une prière toujours centrée sur le Christ qui nous incite à œuvrer ensemble pour répondre à l’injustice et aux besoins d’une humanité qui souffre.
Dans la vie chrétienne patience et persévérance vont de pair. Dans notre recherche de l’unité voulue par le Christ pour ses disciples, nous devrions donc être
attentifs aux différents rythmes et temps de nos frères et sœurs, ainsi que nous y invite le 5e Jour. La méditation du 6e Jour encourage à prier afin que nous soit
accordée la grâce d’être consciemment des instruments de l’œuvre de réconciliation de Dieu. Tout comme nous avons appris à travailler ensemble en apportant une aide à ceux qui sont dans la
détresse, nous pourrions apprendre à progresser ensemble dans la prière et à apprécier les différentes façons selon lesquelles les chrétiens s’adressent à Dieu. C’est ce que suggère le
7e jour. En s’appuyant sur le chemin vers l’unité que, guidés par l’Esprit Saint, nous avons déjà parcouru, la méditation finale pour ces huit jours nous appelle, ainsi que nos
Eglises, à nous engager de nouveau à prier et à rechercher de toutes nos forces l’unité et la paix que Dieu veut pour nous.
Préparation des textes pour la Semaine de prière
pour l’unité des chrétiens 2008
Le projet de textes a été préparé par le directeur de l’Institut œcuménique et interreligieux de Graymoor (New York, Etat de New York, USA), le Père James Loughran, SA, en consultation avec le Dr Ann Riggs, Directrice générale (cf. Susan Dennis, ci-après) de la Commission Foi et Constitution du Conseil national des Eglises chrétiennes aux USA (NCCCUSA), le Dr Keelan Downton, chercheur, le Révérend James Mass, Directeur du Secrétariat pour les affaires œcuméniques et interreligieuses de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB) et Mme Susan Dennis, Présidente et Directrice générale du Centre interconfessionnel de New York (USA).
Ce projet est un bon exemple des relations de collaboration qu’entretiennent l’Institut œcuménique et interreligieux de Graymoor, le NCCCUSA et le Centre interconfessionnel dans leurs efforts pour promouvoir chaque année aux Etats-Unis la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. A travers leur travail de rédaction, les participants ont voulu mettre en relief l’importance de la célébration du 100e anniversaire de l’Octave pour l’unité de l’Eglise qui pour la première fois fut célébrée à Graymoor (Garrison, NY) du 18 au 25 janvier 1908. Ils ont également voulu célébrer l’histoire de ces 100 années de prière par un appel à donner un nouvel élan à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, d’où le thème choisi : Priez sans cesse.
Ces textes ont ensuite été adaptés et mis au point de manière définitive lors de la réunion du groupe préparatoire international nommé par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Ce groupe international qui s’est réuni à Graymoor en septembre 2006 remercie sincèrement les Frères et les Sœurs franciscains de la Réconciliation (Society of the Atonement) pour leur chaleureuse hospitalité ainsi que tous ceux qui ont pris part à la préparation de ce projet initial.
(à suivre)