Néanmoins, dès que la pensée chrétienne a rencontré la philosophie grecque, elle a dû répondre aux questions que celle-ci posait concernant la Providence divine dans le monde et l'utilité de la prière, aux objections multiples qui s'élevaient à l'encontre. Origène est sans doute le premier théologien, dans son traité de la prière, à examiner les diverses opinions contraires à la prière. Il le fait à la requête de deux amis laïcs, Ambroise et Tatiana, qui lui avaient soumis leurs difficultés et les objections entendues :
Je veux à présent passer en revue, comme vous me l'avez demandé, les arguments de ceux qui prétendent que la prière est sans efficacité, et par conséquent inutile, puis je tâcherai d'y répondre (n. 5).
Pareillement, dans une théologie qui veut rendre pleinement raison de la foi chrétienne face aus différents courants de la philosophie grecque et à leurs disciples du Moyen Âge, arabes, juifs ou chrétiens, saint Thomas devait examiner les principaux problèmes concernant la prière et l'action de la Providence.
En fait, les difficlutés qu'expose saint Thomas sont permanentes ; nous les retrouvons substantiellement identiques dans la pensée contemporaine. Elles ne sont pas non plus réservées aux esprits philosophiques ; n'importe quel chrétien peut les rencontrer sur son chemin, dans sa vie de prière, comme des interrogations, des tentations, mais aussi comme des incitations à avancer dans la foi pour chercher la lumière.
L'exposé de saint Thomas sur la convenance de la prière reste donc parfaitement actuel. Il faut néanmoins ajouter que les problèmes qu'il soulève sont si vastes (la Providence, la liberté, l'ordre du monde, etc.) que nous ne pouvons les traiter ici que d'une façon réduite, selon ce qui convient pour procurer des points d'appui solides à la prière. C'est d'ailleurs ce que fait saint Thomas : il expose les différentes "erreurs des anciens" concernant la prière et réfère ensuite le lecteur aux réponses qu'il a données dans la Prima Pars, dans l'étude de l'action de Dieu dans le monde, spécialement auprès des hommes.