Introduction et commentaire du Fr. Alexis Bugnolo
Depuis 2016, le père Faré, qui avait obtenu en 2013 un doctorat en théologie à l'Université pontificale grégorienne de Rome, s'est retrouvé profondément choqué par une déclaration de Jorge Mario Bergoglio, et a donc commencé des années d'études approfondies pour comprendre ce qui se passait dans l'Église. D'après le contexte de ses commentaires, il semble être un prêtre dans la région de Milan. Dans ce discours, il annonce publiquement sa position sur la Renonciation du pape Benoît XVI avec clarté, éloquence et précision.
N'étant pas au courant de l'Assemblée de droit apostolique, il croit en outre que le pape François n'a jamais été validement élu juridiquement. Il déclare cependant qu'il n'est pas un sedevacantiste de principe - il appelle sa position, celle de reconnaître un sede-vacante non déclaré résultant du simple fait juridique qu'il n'y a pas eu d'élection d'un pape après la mort du pape Benoît XVI. Il cite également les autres livres qu'il a utilisés. Il ne lit évidemment pas l'anglais (NDT : ni le français?). Et bien qu'il cite de nombreuses sources juridiques, il est manifestement totalement ignorant du droit de l'Église romaine d'élire son propre évêque.
Le père Faré, malgré son doctorat en théologie, fait plusieurs déclarations qui sont grossièrement erronées ou très problématiques.
Tout d'abord, il déclare qu'en vertu d'une élection papale valide, la personne du pape est incapable de tomber dans l'hérésie. Ce n'est pas ce que l'Église enseigne. L'Église enseigne qu'en vertu de son office papal, qui partage le propre don d'indéfectibilité de l'Église, il ne peut pas enseigner - ce qui est imposé comme une doctrine à accepter par une obligation juridique - ce qui est contraire à la foi. Mais que l'homme qui est le pape puisse tomber et être le promoteur de l'erreur est un fait de l'histoire et l'affirmation de nombreux saints, tels que Saint Alphonse de Liguori, docteur de l'Église, qui affirme explicitement lorsqu'il écrit sur l'homme qui est pape et ses opinions personnelles, « Qui peut ignorer le fait qu'un pape peut être odieux à cause de ses erreurs ? », dans son traité sur l'infaillibilité papale. Et il y a le célèbre cas de l'Honorius I qui a signé une lettre qui contenait une hérésie matérielle en ce sens qu'elle affirmait qu'il y avait en Christ un animus, et non deux volontés, divine et humaine. - D'autre part, oui, il y a eu de nombreux écrivains, même des saints et des bénis, qui soutenaient qu'il était probable que le Christ ne permettrait pas à son vicaire de tomber dans l'hérésie. Mais ils n'ont pas précisé s'il s'agissait d'une hérésie publique ou non publique. Parce que canoniquement, si un homme n'est pas condamné pour hérésie par un jugement juridique légitime d'une autorité ecclésiastique légitime, même son hérésie manifeste, formelle et pertinace n'a pas été juridiquement établie et donc en droit c'est l'hérésie publique, qui est ce que « l'hérésie » au sens clair du terme signifie quand on parle d'hérésie, c'est-à-dire d'un ennemi de l'enseignement de Dieu. Donc, dans quel sens le Christ ne permettrait pas à son vicaire de devenir un hérétique est certainement un point digne de débat. Mais sans un Concile provincial pour réhéhender l'homme, nous ne pouvons jamais savoir avec certitude où se trouve la grâce et la faveur du Seigneur.
Deuxièmement, il tient une nouvelle position selon laquelle le pape Benoît XVI aurait renoncé au ministère, et non au munus, pour rendre le conclave ultérieur canoniquement invalide, afin d'empêcher l'élection d'un mondialiste par le biais de la prospection de votes. Bien qu'il soit certainement possible que le pape Benoît XVI soit au courant des intentions futures de la mafia de St. Gall, il n'est guère rationnel de supposer qu'il a renoncé invalidement pour empêcher un futur Conclave d'élire invalidement un concurrent mondialiste, rendu invalide par un sondage de vote secret mais jamais connu, puisqu'il n'y aurait jamais eu de Conclave si la Déclaration du pape Benoît XVI n'avait pas semblé être une renonciation ! - Non, plutôt, comme je l'ai montré, la seule explication rationnelle, si Benoît XVI n'était en aucune façon confus ou dans l'erreur, c'était qu'il n'avait pas l'intention qu'un candidat vivant de son temps puisse être validement élu, comme je l'ai expliqué dans ma parabole, Viva Guadalajara ! Mais même une telle supposition, que j'ai avancée avec humour, ne laisserait pas le pape Benoît XVI libre d'être accusé d'une présomption grave et exagérée de tenter de contrôler qui serait son successeur.
Au contraire, la seule façon de disculper entièrement Benoît XVI doit être soit d'établir qu'il a été forcé - mais tous les témoins qui le connaissaient le nient - ou qu'il fonctionnait sous une sorte d'erreur philosophique, à savoir que la papauté n'est qu'un titre et un ministère, et ne contient pas un être substantiel, ou essere, qui doit être correctement nommé avec le terme "munus" : une erreur dans laquelle il est tombé non intentionnellement, mais comme conséquence philosophique de son rejet habituel tout au long de sa vie du schéma terminologique et idéologique de la théologie et de la philosophie scolastiques.
Troisièmement, le père Faré dit que le pape Jean-Paul II et Benoît XVI ont lié l'Église d'une telle manière qu'un pape ne peut être validement élu juridiquement que par les cardinaux dans un conclave en vertu de la loi papale. Mais comme je l'ai souvent dit, la préface de la loi papale, Universi Dominici gregis, ne le dit pas du tout. En fait, il admet que l'institution du Conclave des cardinaux n'est ni essentielle ni nécessaire pour une élection papale valide. Mais le père Fare, sans diplôme en droit canonique, ne peut évidemment pas être censé comprendre la hiérarchie des droits et la relation entre le droit apostolique au droit canonique et le droit papal, ni comprendre pourquoi dans chaque passage clé des canons et du droit pontifical, le texte ne parle pas de validité juridique ou canonique, mais de légitimité juridique.
Mais, quatrièmement, et le pire de tous, c'est ce dont le père Fare n'est probablement pas du tout coupable, à savoir qu'il a considéré le problème, mais pas la solution. Parce qu'aucune affirmation de l'invalidité de la renonciation du pape Benoît XVI ne résout le problème actuel d'un hérétique manifeste, formel et pertinace revendiquant la fonction de la papauté. Seule l'initiative Sutri répond à cela. Et à moins que vous ne l'appeliez, vous ne résolvez rien, bien que vous puissiez marquer des points pour montrer sa vertu. Et c'est logique, car rien ne peut être fait dans l'Église concernant un anti-pape apparent ou un hérétique revendiquant la papauté, sauf par un Concile provincial de la province ecclésiastique de Rome.
Le Père termine, cependant, par une situation désespérée dans laquelle il nous exhorte à avoir de l'espoir, à savoir que l'Église aura un jour un pape légitime, mais nous ne saurons jamais comment ni pourquoi, puisqu'il a déjà affirmé que les cardinaux nommés par un antipape ne peuvent pas validement élire un pape. Le fait qu'il ait si soigneusement considéré le passé, mais pas l'avenir, est donc, en fin de compte, la chose la plus étonnante pour moi, puisque la sagesse consiste d'abord dans la prudence, c'est-à-dire la prévoyance, et non dans la compréhension.
Son analyse est néanmoins rafraîchissante, car il exhorte à plusieurs reprises les catholiques à ne pas rompre avec la communion ecclésiale, à ne pas condamner les autres catholiques ou les membres du clergé dont la connaissance personnelle de ces questions n’est pas aussi claire, et à ne pas adhérer à une secte qui se croit le véritable reste des croyants. Et oui, il déclare explicitement qu’il n’a pas l’intention de rejoindre la « Confraternité sacerdotale » de Don Minutella.
Voici d'autres versions de son homélie, faites par d'autres canaux.
Transcription française :
par le Père Minutella