Au temps de Jean-Paul II, les dirigeants de cette très importante congrégation de la curie étaient tous italiens. Sous le pontificat actuel, ils sont tous étrangers. Voici, nom par nom, comment s'est fait le changement
CITÉ DU VATICAN, le 12 octobre 2011 – La curie romaine de Benoît XVI serait-elle en train de redevenir "trop"
italienne ? Ce cri d’alarme a été lancé par l’hebdomadaire anglais progressiste "The Tablet" et repris çà et là.
L’historien de l’Église Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio qui est également considérée comme
progressiste, s’est exprimé en faveur d’une telle évolution. À plusieurs reprises, il a expliqué que le Saint-Siège ne pouvait pas se comporter comme une quelconque grande organisation
internationale : "La curie ne peut pas devenir une sorte d’ONU, parce qu’elle fait partie de l’Église romaine et qu’elle se doit d’entretenir avec celle-ci un lien particulier aux points de vue
ecclésial, humain et culturel".
En tout cas, sous le pontificat du pape Joseph Ratzinger, il y a une congrégation vaticane – l’une des plus importantes et
des plus délicates – qui est aujourd’hui complètement désitalianisée, quant à ses dirigeants, par rapport à l'organigramme qu’avait laissé Jean-Paul II.
Il s’agit de la congrégation pour les évêques, le dicastère qui collabore le plus étroitement avec le pape en ce qui
concerne les nominations d’une grande partie des évêques de l’Église catholique : en pratique, celles de la quasi-totalité des évêques des pays du monde occidental.
En 2005, cette congrégation était dirigée par trois ecclésiastiques italiens et elle était le seul dicastère de la
curie à être dans ce cas. Le cardinal Giovanni Battista Re en était préfet depuis 2000. L’archevêque Francesco Monterisi en était secrétaire depuis 1998. Mgr Giovanni Maria Rossi en était
sous-secrétaire depuis 1993.
Mais, au cours du pontificat actuel, les trois hommes ont peu à peu cédé la place à des étrangers.
En juillet 2009, Monterisi, ayant atteint 75 ans, a été nommé archiprêtre de la basilique pontificale
Saint-Paul-hors-les-Murs, puis créé cardinal. Son poste a été attribué à un Portugais, l’archevêque Monteiro de Castro, qui était jusqu’alors nonce apostolique en Espagne.
À la fin de juin 2010, le pape a accepté la démission que le cardinal Re, âgé de 76 ans et demi, lui avait présentée quand
il avait atteint 75 ans. Et Benoît XVI a appelé à son poste le Canadien Marc Ouellet. Celui-ci a obtenu, fin 2010, la nomination comme sous-secrétaire adjoint (une nouveauté pour la congrégation)
d’un compatriote en qui il a toute confiance, Mgr Serge Poitras.
La semaine dernière, enfin, Mgr Rossi a quitté ses fonctions parce qu’il avait atteint 70 ans, l’âge de la retraite pour
les sous-secrétaires (à moins d’une prorogation de deux ans qui ne peut être accordée qu’avec le "placet" du préfet du dicastère).
C’est pourquoi, maintenant, pour trouver l’Italien le plus élevé en grade à la congrégation pour les évêques, il faut
descendre jusqu’au troisième des trois chefs de service, Mgr Fabio Fabene, qui est également substitut de la secrétairerie du collège cardinalice.
En somme, la curie romaine de Benoît XVI est peut-être plus italienne qu’elle ne l’était précédemment. Mais la “fabrique
d’évêques” l’est certainement beaucoup moins.
Également parce que, début septembre, un autre membre italien de cette congrégation qui y travaillait depuis neuf ans, Mgr
Giulio Dellavite – homme de confiance de l'ancien préfet Re – est retourné, à 39 ans, dans son diocèse d’origine, Bergame. Il a été nommé secrétaire général de la curie de ce diocèse par l’évêque
Francesco Beschi, lui-même originaire de la ville toute proche de Brescia, diocèse natal du cardinal Re.
Sandro Magister
www.chiesa
Traduction française par Charles de Pechpeyrou.