Le Père Jean-Côme About commente l'Evangile de ce dimanche, 19ème dimanche du temps ordinaire.
Evangile selon Saint Matthieu 14. 22 à 33. "Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur.
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"La liturgie de ce dimanche nous relate l’épisode si étrange de Jésus marchant sur les eaux pendant la tempête.
Et pourtant cette scène évangélique commence par la prière de Jésus « à l’écart sur la montagne ». Jésus a forcé ses disciples à rejoindre l’autre rive pendant qu’il renvoie les foules et qu’il
prie, fort insouciant semble-t-il de leur sort. Mais c’est la confiance qui règne dans son cœur et c’est cette même confiance que les disciples semblent avoir perdu parce qu’éloignés du Seigneur.
Cette confiance sera rétablie par un véritable acte d’adoration de Jésus par ses apôtres qui lui disent : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ».
Mais entre-temps tout semble être surnaturel et provoque la peur chez ses disciples.
Jésus marche majestueusement sur les flots, sans aucune crainte. Il manifeste sa supériorité sur les forces de la nature et il va même révéler sa puissance souveraine sur le vent, la mer et les
flots. La mer est le symbole des ténèbres qui terrassent l’homme et voir quelqu’un les maîtriser signifie immédiatement qu’il en provient d’où la confusion entre Jésus et un fantôme. Mais là où
l’homme ne verra qu’un phénomène surnaturel qui le met dans la confusion, la foi elle, permettra de discerner l’origine divine de Jésus. Car son pouvoir vient d’en haut et non d’en
bas.
La confusion est classique dans le cœur humain, et dès qu’il touche au domaine de l’occulte sans être éclairer par la foi, il sombre dans l’illusion des ténèbres et se trouve dépassé et englouti
par des phénomènes le tirant vers le bas.
Jésus révèle sa divinité dans l’extraordinaire et le commun. Sa puissance souveraine extraordinaire, une fois passée l’erreur d’interprétation de ses disciples, va les convaincre beaucoup mieux
que ses enseignements et ses guérisons miraculeuses car en permettant à Pierre de vivre ce même événement il l’associe à sa puissance divine. Mais aussi il se révèle dans le commun de l’humanité,
car bien loin de laisser plonger Pierre, il reconnait son manque de foi et la faiblesse humaine que lui-même va assumer tout au long de sa passion. Il est un pauvre homme comme eux mais il l’est
dans un libre vouloir qui révèle son origine divine. Car qui humainement pourrait vouloir renoncer à son propre pouvoir, à sa propre dignité ?
Il peut appartenir à sa mission de dévoiler sa divinité pour affermir la foi de ses disciples, mais il appartient à cette même mission de la voiler le plus souvent ou de renoncer à la « légion
d’anges » que le Père enverrait à sa demande.
Et ce renoncement ainsi que cette passion assurée avec lui prouvent sa divinité plus profondément encore que les miracles.
Ce sont là des exemples et des exercices pour notre foi : devant le fantôme apparent, les disciples doivent apprendre à croire par le simple « c’est moi » à la réalité de Jésus. Et Pierre qui
descend de la barque, qui prend peur de nouveau et commence à s’enfoncer, doit se laisser blâmer pour son manque de foi. Au lieu de penser à ce qu’il peut et ne peut pas, il aurait dû s’élancer
tout droit, dans la foi donnée, vers le « Fils de Dieu ».
Quelle révélation : nous sommes comme Pierre, mais le Christ est là !