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Publié par dominicanus

6 TOA ev

 

 

Dans l’évangile de ce jour, Jésus parle de la géhenne. Le mot est la transcription de l'hébreu Ge-Hinnon (Val de Hinnon), vallée située au sud de Jérusalem où l'on avait pratiqué des sacrifices d'enfants en l'honneur du dieu Moloch. Quand les juifs ont décidé de mettre fin à ses pratiques, ils en ont fait un lieu d’incinération (à ciel ouvert !) des immondices. Mais le feu de ces sacrifices humains était resté le symbole du châtiment de ceux qui refusent le salut de Dieu, et la Géhenne, dans le Nouveau Testament, est synonyme de lieu de malédiction. La symbolique de la Géhenne est souvent liée à celle de l’enfer.

 

Le fait que le Christ fait souvent mention de l’enfer dans les évangiles a fait dire à certains critiques que l’Eglise a manipulé les hommes faibles et les superstitieux par une peur irrationnelle. Ces reproches sont totalement infondés. Les mises en garde du Christ sont celles d’un ami. Jésus sait que nous ne pouvons connaître le bonheur de l’éternité que dans l’amitié avec Dieu. Il veut ce bonheur pour tous les hommes, et donc, il nous met en garde contre tout ce qui pourrait mettre en péril ou détruire cette amitié, et finalement nous entraîner à l’éternité sans Dieu.

 

C’est donc une perspective vraiment très douloureuse, car l’être humain a été créé pour vivre en union avec Dieu ; l’éternité sans Dieu, c’est la frustration par excellence.

 

Puisque Jésus nous aime, il nous dit la vérité, même si elle est dure à entendre. Mais il y a une autre facette de cette vérité. C’est ce deuxième aspect auquel se réfère saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche. Il nous rappelle l’admirable sagesse du projet de Dieu, qui, si nous nous y soumettons, nous conduit au ciel. Le ciel, c’est cette condition d’un bonheur tellement grand et débordant que, comme nous l’explique saint Paul, il dépasse tout ce que nous pouvons voir, entendre ou même imaginer. L’enfer étant la privation éternelle de ce bonheur, vaut vraiment la peine d’une vigoureuse mise en garde. Le ciel, plénitude éternelle et inimaginable, est également une réalité et sera la récompense pour tous ceux qui meurent en amitié avec Dieu.

 

Certains reprochent à l’Eglise d’exploiter l’idée de l’enfer pour manipuler les gens. Mais le fond de commerce de Jésus n’est pas la manipulation mais la vérité. Et la vérité, c’est que dans ce monde où règne le péché, nous courons tous le danger de succomber à la tentation en faisant un mauvais usage de notre liberté, et de rejeter l’amitié que Dieu nous offre.

 

Si vous étiez dans la voiture de l’un de vos amis, et qu’il est sur le point de faire une collusion frontale avec un poids lourd, vous ne l’avertiriez pas pour qu’il évite l’accident ? Jésus nous parle de la réalité d’une éternité de privation de l’amitié divine, c’est-à-dire l’enfer, en nous avertissant. Il nous aime et désire que nous soyons ses amis, mais il ne peut pas nous forcer la main, car alors, ce ne serait plus de l’amitié. S’il nous révèle la réalité de l’enfer (et du ciel), c’est la preuve qu’il nous aime.

 

Demandez ce qu’en pense sainte Thérèse d’Avila, la réformatrice du Carmel au 16ème siècle en Espagne. Alors qu’elle connaissait un temps de purification intérieure, Dieu lui a accordé la grâce de voir l’enfer. Voici comment elle décrit sa vision :

 

Déjà, depuis longtemps, Notre-Seigneur m’avait accordé la plupart des grâces dont j’ai parlé et d’autres encore fort insignes, lorsqu’un jour, étant en oraison, je me trouvai en un instant, sans savoir de quelle manière, transportée dans l’enfer. Je compris que Dieu voulait me faire voir la place que les démons m’y avaient préparée, et que j’avais méritée par mes péchés. Cela dura très peu ; mais quand je vivrais encore de longues années, il me serait impossible d’en perdre le souvenir.

 

L’entrée de ce lieu de tourments me parut semblable à une de ces petites rues très longues et étroites, ou, pour mieux dire, à un four extrêmement bas, obscur, resserré. Le sol me semblait être une eau fangeuse, très sale, d’une odeur pestilentielle, et remplie de reptiles venimeux. A l’extrémité s’élevait une muraille, dans laquelle on avait creusé un réduit très étroit où je me vis enfermer. Tout ce qui, jusqu’à ce moment, avait frappé ma vue, et dont je n’ai tracé qu’une faible peinture, était délicieux en comparaison de ce que je sentis dans ce cachot, Nulle parole ne peut donner la moindre idée d’un tel tourment, il est incompréhensible. Je sentis dans mon âme un feu dont, faute de termes, je ne puis décrire la nature, et mon corps était en même temps en proie à d’intolérables douleurs. J’avais enduré de très cruelles souffrances dans ma vie, et, de l’aveu des médecins, les plus grandes que l’on puisse endurer ici-bas ; j’avais vu tous mes nerfs se contracter à l’époque où je perdis l’usage de mes membres ; en outre, j’avais été assaillie par divers maux dont quelques-uns, comme je l’ai dit, avaient le démon pour auteur. Tout cela, néanmoins, n’est rien en comparaison des douleurs que je sentis alors ; et ce qui y mettait le comble, c’était la vue qu’elles seraient sans interruption et sans fin.

 

Mais ces tortures du corps ne sont rien à leur tour auprès de l’agonie de l’âme. C’est une étreinte une angoisse, une douleur si sensible, c’est en même temps une si désespérée et si amère tristesse, que j’essaierais en vain de les dépeindre. Si je dis qu’on se sent continuellement arracher l’âme, c’est peu ; car dans ce cas, c’est une puissance étrangère qui semble ôter la vie, mais ici, c’est l’âme qui se déchire elle-même. Non, jamais je ne pourrai trouver d’expression pour donner une idée de ce feu intérieur et de ce désespoir, qui sont comme le comble de tant de douleurs et de tourments. Je ne voyais pas qui me les faisait endurer, mais je me sentais brûler et comme hacher en mille morceaux : je ne crains pas de le dire, le supplice des supplices, c’est ce feu intérieur et ce désespoir de l’âme.

 

Toute espérance de consolation est éteinte dans ce pestilentiel séjour ; on ne peut ni s’asseoir ni se coucher, car l’espace manque dans cette sorte de trou pratiqué dans la muraille ; et les parois elles-mêmes, effroi des yeux, vous pressent de leurs poids. Là, tout vous étouffe ; point de lumière ; ce ne sont que ténèbres épaisses ; et cependant, ô mystère ! sans qu’aucune clarté brille, on aperçoit tout ce qui peut être pénible à la vue.

 

L’enfer existe. C’est une vérité qui fait partie de notre foi. Jésus nous aime, et il veut que nous mourions en amitié avec lui, pour que nous allions au ciel. Son avertissement dans le passage de l’évangile de ce dimanche est un avertissement d’amour. C’est ainsi que nous devons le comprendre.

 

Si Jésus nous dit la vérité au sujet du ciel et de l’enfer, c’est parce qu’il veut que nous sachions que nos choix de tous les jours ont des conséquences : ou bien ils nous font grandir dans l’amitié avec lui en nous faisant avancer sur le chemin vers le ciel, ou bien ils nous éloignent de lui, nous rendant plus vulnérables à la tentation pour finalement nous précipiter dans l’abîme de l’enfer. Nous serions fous si nous ne prenions pas cette mise en garde au sérieux.

 

Parmi tout ce qui peut nous aider, il y a la possibilité de faire un usage intelligent des saintes images. Les crucifix, les images de saints, les statues de la Vierge Marie, etc..., sont utiles pour nous rappeler la perspective de l’éternité dans ce monde agité et bruyant dans lequel nous vivons. Ils nous permettent de garder présent à notre esprit ce qui est vraiment important. Ils sont comme les photos de famille que les soldats portent sur eux dans la bataille.

 

Tous les fonctionnaires catholiques devraient avoir une pieuse image sur leur bureau pour leur rappeler que leur travail doit faire partie du projet de Dieu sur leur existence. Dans chaque foyer chrétien, il devrait y avoir un crucifix et une image de la Vierge Marie bien en vue, pour que personne n’oublie la grande famille dont nous faisons tous partie et la grande réunion de famille à laquelle nous sommes tous invités au ciel. Tous les catholiques devraient avoir dans leur voiture une pieuse image près du tableau de bord, parce que les petites distances que nous parcourons tous les jours sont des étapes de ce grand voyage de notre vie vers la maison du Père.

 

Alors que nous poursuivons la célébration de cette Messe, au cours de laquelle Jésus va se donner lui-même en nourriture pour la route, renouvelons notre désir de lui être fidèles chaque jour, chaque heure, chaque instant, pour que nous puissions entrevoir déjà l’inimaginable joie qu’il prépare pour tous ceux qui l’aiment.

 

Puisque Jésus nous aime, il nous dit la vérité, même si elle est dure.
Puisque Jésus nous aime, il nous dit la vérité, même si elle est dure.

Puisque Jésus nous aime, il nous dit la vérité, même si elle est dure.

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