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Publié par dominicanus

6. De cette grâce, Marie et la figure parfaite et la distributrice maternelle. Car si l'Ordre structure l'Eglise, il n'en est pas la substance. L'Eglise est une demeure mariale, car c'est la maison de Jean où habite la mère de Jésus (Jean 19, 27). C'est la maison du disciple ayant avant d'être le bureau de l'apôtre ; sinon ce serait un logement de fonction et l'on se trouverait dans une usine. Jean-Paul II le dit clairement : le profil marial de l'Eglise est plus fondamental que le profil pétrinien, tout en lui étant étroitement uni. Marie précède le ministère, parce que le munus apostolicum est là pour apporter une sainteté qui est toute préfigurée en Marie et qu'il ne détient pas lui-même. C'est pourquoi la Vierge ne possède pas les pouvoirs apostoliques : elle est au-dessus, « elle a autre chose et beaucoup plus » (Mulieris dignitatem, n° 27, note 55). En d'autres termes, Marie est fille de Pierre, mais elle est mère de Jean. L'oublier, c'est tomber dans le cléricalisme en pensant que la substance de l'Eglise est ministérielle. Alors la prise du pouvoir supplante la recherche de la communion, et c'est la foire d'empoigne.

 

De ce point de vue, il n'y a pas d'êtres plus cléricaux que les féministes, et par conséquent pas d’êtres moins... féminins. Pour ces personnes, Marie est une honte : parce qu'elle est vierge, parce qu'elle s'absorbe dans sa maternité et parce qu'elle n'est pas prêtre. Je l'ai souvent constaté, la mère de Jésus agace prodigieusement ses femmes en promotion.

 

Sans être apôtre, comme on le voit au cénacle (Actes 1, 14), Marie est reine des apôtres. Elle ne parle pas, et Pierre ne parle pas d'elle (pas encore), mais, à sa manière maternelle, elle assure la cohésion du groupe, d'une autre façon que le chef des Douze. Max. Thurian l'a bien compris. Or, disons-le franchement, il arrive trop souvent qu'un séminariste soit disqualifié à cause de son amour pour Marie, culte qui semble bien suspect. Certes, il existe des dévotions indiscrètes, mal équilibrées, sirupeuses, ou des phénomènes sans crédit parasitent la dogmatique, et je suis le premier à mettre en garde contre. Mais que Marie n'ait pas sa place dans la vie d'un futur prêtre, alors ce me semble trop. Je constate que la même suspicion atteint aussi ceux qui ont un amour de l'Eucharistie au-delà de la messe, surtout quand ils demandent une exposition du Saint-Sacrement. Tout récemment, au cours d'une retraite, un jeune papa, qui fait pratiquer l'adoration à ses petits-enfants, en faveur des vocations précisément, me disait l'opposition que soulevait son projet dans le lieu où il habitait. Comme il demandait une exposition, pour que le corps du Christ soit mieux concrétisé et que les enfants soient d'autant plus attentifs, il se vit répondre que ça irait aussi bien porte fermée. Et lui de répondre avec humour : « Est-ce que vous conversez avec vos amis à travers une porte ? Moi, jamais ! »...

 

Et aussi ceux qui aiment le Saint-Père. Alors je retrouve les fameuses trois blancheurs de don Bosco...

 

« L'Eglise apprend de Marie ce qu'est sa propre maternité » (Redemptoris Mater, n° 43), nous dit Jean-Paul II. En effet, les sacrements n'ont pas d'autre but que de donner, redonner et faire croître la vie. Ils culminent, bien sûr, dans l'Eucharistie, qui nous donne le corps du Christ en nourriture (ibid. n° 44). On comprend que cela puisse intéresser un séminariste, qui ne se voue pas à régenter mais à alimenter ! Nul doute aussi que Marie intervienne de tout son pouvoir dans l'éveil des vocations, afin que, suffisamment pourvue de pasteurs, l'Eglise puisse « engendrer le Christ dans les armes dévastées », et non pas photocopier des circulaires. Les appels d'offres rencontreront toujours le vide s'ils proposent aux jeunes un autre programme.

 

 

André Manaranche,

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