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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Etre confirmé : un chemin de bonheur, Introduction

Publié par Walter Covens sur 3 Juillet 2007, 04:52am

Catégories : #Il est vivant !

Un livre vient de paraître au sujet du sacrement de la confirmation: "Etre confirmé : un chemin de bonheur".

Ayant bien connu l'un des auteurs, l'Abbé Amherdt (F.X. pour les intimes), lors de mes études de théologie (nous fréquentions les mêmes cours) et lors de mes premières années de sacerdoce (nous étions prêtres dans le même secteur pastoral) j'ai mis en ligne sur mon blog Marie, éToile de l'évangélisation une présentation sous le titre: Un prêtre qui ne manque pas d'airs.

Avec son aimable autorisation je publie ici l'introduction de l'ouvrage.


« A vous jeunes, je dis : ne vous laissez pas abattre par le défaitisme et le découragement. Vous êtes le monde de demain. De vous dépend l’avenir (…). C’est le cœur des hommes qu’il faut changer. Il faut sans doute modifier certaines structures qui engendrent l’injustice et la misère, mais il faut en même temps transformer le cœur des hommes. » Jean-Paul II (Patinoire de Fribourg, le 13 juin 1984)

Chapitre I: Introduction : Les raisons d'une démarche à visée éthique

   Valoriser la dimension de « projets éthiques » dans un parcours de préparation à la confirmation pourrait paraître, dans un premier temps, quelque peu « moralisateur ». N'est-ce pas réduire le sacrement, avec la face « objective » du don de grâce que Dieu y fait, à la réponse « subjective » que l'agir de l'homme lui fournit ? Ne risque-t-on pas de tirer la vie spirituelle du côté uniquement du « faire » au détriment de « l’être » ? Ne va-t-on pas, une fois de plus, donner l’impression d’assimiler la Bonne Nouvelle à une « morale » dont tant de chrétiens adultes essaient précisément de se libérer ? Ce serait mal comprendre de quoi il est question. Car une démarche de type « éthique » a pour but d’aider les jeunes à développer les valeurs qui les habitent déjà, à saisir que foi et vie s’articulent intimement et à percevoir que c’est bien dans le quotidien que l’Esprit Saint est à l’œuvre et nous pousse à agir.Plusieurs raisons, distinctes et pourtant indissociables, nous ont petit à petit amenés à insérer dans la préparation au sacrement de confirmation, destinée dans nos zones pastorales1 à des adolescents âgés entre 12 et 15 ans, un ensemble de projets éthiques laissés à leur libre choix. En voici les principales :

1.1 Crise de la « transmission » de la foi

   Nous vivons dans une société en pleine mutation, marquée par la mondialisation, le pluralisme culturel et religieux, les nouvelles technologies, … Cette évolution n’est pas sans incidence sur la situation de l’Eglise, qui connaît ce que certains appellent « une crise de la transmission ». Ainsi que l’affirmait dans un exposé Jean-Louis Souletie, en écho aux constats faits par la Conférence des Evêques de France, « … le catholicisme n’assure plus le service public de la religion, l’identité catholique ne structure plus le lien social, l’initiation aux valeurs de la vie ne se fait plus par le catholicisme […]. [N’hésitons pas] à oser reconnaître et nommer ces indices préoccupants, à oser voir que l’Eglise bouge ».2 Crise il y a, dans la communication de la foi, aussi bien que dans la perception sociale de la place des sacrements, et notamment de celle de la confirmation. Mais, comme le même théologien le suggère dans le titre évocateur de l’un de ses livres La crise, une chance pour la foi3, toute remise en cause peut s’avérer bénéfique, car elle ne manque pas de conduire à la réflexion, à la mobilisation, en vue d’un changement.

1.2 Dans la mouvance de « la proposition de la foi »

   Profondément sensibilisée par ces observations touchant le monde actuel, la même Conférence des Evêques français s’est penchée sur la manière de communiquer la foi aujourd’hui4 : il s’agit selon elle de passer de la transmission à la proposition de la foi, de l’instruction à l’initiation pour aller au cœur du mystère de la foi, en nous interrogeant continuellement sur ce que nous avons de fondamental à offrir, de l’enseignement de la vérité à transmettre vers l’expérience de la rencontre du Christ, afin de montrer en quoi l’Evangile nous fait vivre, d’une pastorale d’accueil à une pastorale de proposition - et d’engendrement5 - qui devienne l’objet d’un choix personnel, selon l’invitation du Christ à l’aveugle de Jéricho : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Lc 18,41).

   Un tel changement de cap s’inscrit dans la perspective de la « nouvelle évangélisation » chère au précédent Souverain Pontife, telle qu’il la proclamait à nouveau solennellement à l’occasion de la fermeture de la porte sainte, au terme du Grand Jubilé le 6 janvier 2001 :

« "Avancez au large !" (Lc 5,4), Cette parole résonne aujourd’hui pour nous, et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l’avenir : "Jésus-Christ est le même, hier et aujourd’hui, il le sera à jamais" (He 13,8). »6.

   Aux équipes locales de relever le défi pontifical, fondé sur la promesse de Jésus : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).

« [C’est dans] cette certitude, [qui] vient d’être ravivée dans nos cœurs que nous devons puiser un élan renouvelé pour notre vie chrétienne, en en faisant même la force inspiratrice de notre cheminement. […] Il ne s’agit pas alors d’inventer "un nouveau programme". […] Il est toutefois nécessaire qu’il se traduise par des orientations pastorales adaptées aux conditions de chaque communauté. […] C’est dans les Eglises locales qu’on peut fixer les éléments concrets d’un programme - objectifs et méthodes de travail, formation et valorisation du personnel, recherche des moyens nécessaires - qui permettent à l’annonce du Christ d’atteindre les personnes, de modeler les communautés, d’agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et sur la culture. »7

Comment ne pas nous laisser interpeller par la réflexion menée par les Evêques de l’Hexagone, puis par les paroles du défunt Pape quant à l’importance de ce virage à prendre et à la nécessité de revenir à l’essentiel du message du Christ dans nos Eglises diocésaines et nos communautés paroissiales ? Surtout que cette orientation nouvelle, étayée par de nombreux théologiens francophones de la pastorale8, est également relayée et souhaitée par les diocèses romands. En témoignent les diverses sessions consacrées à cette thématique par le « Jura Pastoral »9, les quatre cantons du diocèse de Lausanne - Genève et Fribourg10 et la partie francophone du diocèse de Sion11 (avec sa démarche de « Forum 2004-2007 » en cours).

   Si bien que c’est dans la mouvance de cette dynamique en cours que se situe l’ensemble de notre réflexion, rejoignant en cela, entre autres, le groupe de travail « Confirmation » de la Commission jurassienne de catéchèse :

« Au-delà de ce dilemme "initiation - engagement", ce document12 présente la confirmation, fête de l’Esprit-Saint - effusion de la Pentecôte inaugurée par Jésus-Christ, comme une démarche de proposition de la foi. Proposer la foi c’est donner à vivre une expérience réelle voire spirituelle de la rencontre avec Jésus-Christ. A cette proposition, chacun peut adhérer librement. Celui qui répond à cette invitation bénéficiera d’un accompagnement adopté à son âge et à sa propre réalité de vie. »

1.3 Réflexions romandes sur le sacrement de la confirmation

   De toutes parts en Suisse Romande, notamment dans le canton de Fribourg (groupe de travail réunissant les personnes concernées, salariées et bénévoles, durant l’année 2001-2002)13 et la partie francophone du diocèse de Sion14 (initiatives diverses entreprises « ad experimentum » avec l’accord de l’Evêque)15, surgit la même constatation : c’est lorsque les jeunes participent concrètement à des actions de type social, avec un réel esprit communautaire de solidarité, une fois qu’ils ont approfondi le Credo de l’Eglise et approché la réalité de l’Esprit Saint, de l’Eglise et des sacrements, que leur démarche en vue de la confirmation prend tout son sens et qu’ils cheminent avec conviction. Susciter cette ouverture au sens social et à l’esprit de service, c’est remettre en valeur chez les adolescents la personne même du Christ qui est accueil, don de soi, amour. Sinon, l’approche catéchétique demeure indubitablement théorique…

1.4 Les jeunes, avenir de l’Eglise

   Les animateurs et les parents accompagnateurs le reconnaissent à chaque bilan : malgré leurs fragilités, leur inconstance et leurs paradoxes, les jeunes d’aujourd’hui recèlent d’insoupçonnables richesses, ils ont beaucoup à dire et à donner, ils constituent l’avenir de notre Eglise. L’affirmer n’est pas céder à une sorte de mode, mais « obéir » à l’Evangile qui, nous le croyons, est à même d’aider chacun à se mettre debout, quels que soient son âge et sa condition16.Il vaut donc la peine de faire confiance aux ados, de leur donner vraiment la parole et de leur confier des responsabilités, même s’ils nous désarçonnent par leur « insolence »17. Ainsi que nous l’expliciterons davantage plus loin18, nous sommes intimement persuadés que c’est grâce aux valeurs dont ils sont porteurs aujourd’hui que nous pourrons relever « le défi de l’éducation citoyenne » face à nos contemporains qui attendent indéniablement de l’Eglise qu’elle « éduque » et entraîne les adolescents à la citoyenneté, et des mouvements de jeunes ecclésiaux qu’ils affichent des comportements ayant un impact effectif sur la vie sociale de leur région.

1.5 A travers la confirmation, des témoignages appartenant à l’être même de l’Eglise

   L’option préférentielle pour les plus pauvres ne relève pas de la rhétorique de l’Eglise mais de son être. C’est à cette aune que sont jugés les disciples du Christ. Par l’opinion publique aujourd’hui, comme lors du « jugement dernier » par le Fils de l’Homme (cf. Mt 25,31-46). Il suffit de voir combien le discours ecclésial de l’amour du prochain et du respect inconditionnel de toute vie gagne en crédibilité dans les médias lorsqu’il est porté par des témoins qui le vivent, en actes et en vérité (Cf. 1 Jn 3,18) !

   Les paroles de l’Evangile augmentent en « gravité »19 lorsqu’elles sont proférées par quelqu’un qui offre son énergie et ses compétences pour les victimes du SIDA, du cancer ou de tsunamis, qui donne de son temps et de sa présence pour les prisonniers, les handicapés ou les dépressifs, qui se bat contre la corruption politique, les licenciements abusifs ou les violences faites aux femmes et aux enfants. Entre autres significations, la confirmation sert de rappel pour tous ceux qui en ont été marqués qu’ils sont appelés à traduire dans les faits le don de l’Esprit dont ils ont bénéficié, qu’ils sont devenus responsables de leur existence de baptisés et qu’ils ont été conformés au Christ - Oint du sceau de l’Esprit des Béatitudes. Omettre cette dimension reviendrait à rendre caduques toutes les autres.

1.6 Adaptation dans les deux sens

   C’est pour ces différentes raisons théologiques et pastorales que, d’entente avec l’équipe responsable de l’Unité Pastorale de la Part-Dieu de Bulle (Fribourg), le groupe accompagnateur de la confirmation a décidé depuis quelques années de développer davantage, durant la préparation au sacrement, les aspects de la relation à l’autre et de l’action sociale et communautaire, sans négliger pour autant le partage des connaissances bibliques et théologiques. Il rejoignait ainsi d’autres expériences en cours du même style, notamment en Valais - par exemple les Secteurs du Haut-Plateau et de Monthey qui ont mis sur pied au profit des adolescents une « école de vie en communauté », offrant une pluralité de services à assumer par les jeunes, au sein de laquelle s’inscrit la préparation rapprochée et spécifique de la confirmation, et qui fait suite à une « école de la prière » pour les petits (de 6 à 8 ans, après l’éveil à la foi (2 à 6 ans)) et une « école de la Parole » pour les enfants et préadolescents (de 8 à 11 ans). Par ce biais, l’équipe de la Gruyère20 souhaitait adapter le programme de cheminement sacramentel aux valeurs actuellement poursuivies par leurs jeunes destinataires, ou reconnues comme primordiales à leurs yeux, plutôt que de vouloir « faire entrer ces derniers » dans des idées d’adultes. Le Directoire Général pour la catéchèse ne nous invite-t-il pas explicitement à aller dans ce sens ?

« L’un des nœuds à délier concerne la différence de "langage" (mentalités, sensibilités, goûts, styles, vocabulaire, …) entre les jeunes et l’Eglise (catéchèse, catéchistes). C’est pourquoi l’accent est mis sur la nécessité d’"adapter la catéchèse aux jeunes" en sachant traduire dans leur langage "avec patience et sagesse, sans le trahir, le message de Jésus". »21

1.7 Plan de l’ouvrage - Démarche adoptée

   Dans la première partie de notre opuscule, nous partirons de constatations soulevées par notre pratique, renvoyant à autant de questions théologiques et pastorales (chapitre II). Nous énoncerons alors un certain nombre de convictions qui nous habitent et qui guident nos orientations pastorales (chapitre III).

   Dans la deuxième partie, nous commencerons par présenter les adolescents que nous rencontrons (âgés de 12 à 15 ans) et nous analyserons les motivations qui les poussent à demander le sacrement et à souhaiter donc s’y préparer (chapitre IV). Nous essaierons d’établir, à partir du texte source des Béatitudes (Mt 5,1-12) et de la visée de la morale évangélique, que les valeurs personnelles qui habitent les jeunes de notre temps correspondent amplement à l’exigeante invitation au bonheur que fait retentir la Bonne Nouvelle de l’Ecriture (chapitre V).

   Dans une troisième partie, nous dégagerons les options pastorales qui découlent des approches morales, sociologiques et psychologiques antécédentes (chapitre VI) : nous préciserons notamment en quoi consistent les « défis éthiques » qui sont proposés aux confirmands (chapitre VII). Nous présenterons alors de manière très concrète le contenu et les enjeux d’un certain nombre des « projets » qui sont soumis à leur choix (chapitre VIII).

   Enfin, nous esquisserons brièvement la configuration que revêt « l’après-confirmation » selon une telle perspective, avec entre autres le concept des « groupes Relais » qui fleurissent en Valais et s’insèrent dans une dynamique similaire (chapitre IX). Notre conclusion soulignera la part de responsabilité que porte chacun des acteurs des communautés chrétiennes pour faire advenir le Royaume et semer des étincelles de beauté au sein de notre univers brisé, en cultivant l’esprit de service et de respect d’autrui, sur ce chemin de bonheur que nous trace l’Esprit de Jésus-Christ (chapitre X).

Être confirmé : un chemin de bonheur,

Myriam Stocker et François-Xavier Amherdt,

coll. Perspectives pastorales,

Éditions Saint-Augustin, 2007, 205 pages,

prix € 20.00, CHF 38.00, isbn 978-2-88011-406-0.

 


 

Vous pourrez lire bientôt sur ce blog la conclusion de l'ouvrage.

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