La dengue est une maladie infectieuse aiguë, causée par un virus - un flavivirus. C'est une arbovirose, c'est-à-dire une maladie transmise par un arthropode (ici un moustique aedes). Il existe plus de 400 arbovirus recensés actuellement, dont les plus connus sont les virus de la Fièvre Jaune et de la dengue. Cette maladie est extrêmement répandue en zones intertropicales. Elle est habituellement bénigne mais ses formes hémorragiques peuvent être redoutables. Il existe 4 variantes du virus (sérotype 1 à 4) qui malheureusement ne provoquent pas d'immunité croisée : il est donc possible de faire une dengue 1 et quelques mois après une dengue 2 par exemple. L'homme malade représente le réservoir de la maladie.
Contrairement à l'anophèle, vecteur du paludisme, qui pique la nuit, l'aedes eagypti est un moustique diurne, dont l'activité débute au petit matin pour se terminer au coucher du soleil. Il vit plutôt en zone urbaine et périurbaine.
On compte environ 50 millions de cas de dengue par an parmi une population exposée de 3 milliards d'individus répartis dans une centaine de pays.
Clinique
L'incubation de la maladie est d'environ une semaine. Le tableau clinique évoque celui de la grippe : le début des symptômes est brutal avec une forte fièvre, des frissons, des maux de tête avec des douleurs rétro orbitaires (derrière les yeux) assez caractéristiques, des myalgies (douleurs musculaires) et des arthralgies (douleurs articulaires), avec en plus parfois des signes digestifs et une éruption cutanée. En zone d'endémie palustre, ce tableau clinique doit aussi faire évoquer le paludisme. Au bout de quelques jours, le tableau clinique s'estompe, avec parfois un petit rebond symptomatique vers le 6 ou 7e jour. Puis, quelques jours après, la guérison s'amorce mais le patient restera asthénique pendant plusieurs semaines.
Il existe des formes atténuées de la maladie, avec uniquement de la fièvre, des formes avec atteinte hépatique assez sévère (augmentation très importante des enzymes hépatiques : les transaminases) et des formes graves, heureusement relativement rares : la dengue hémorragique. Après un début classique, le malade s'aggrave brusquement vers le 3 ou 4e jour, avec apparition de purpura (tâche violettes sur la peau) et d'hémorragies digestives ou nasales. A ce stade, le malade peut soit évoluer vers la guérison rapide, soit vers l'aggravation et l'état de choc par diminution de la masse sanguine (les pertes par saignements peuvent être importantes). La mort survient alors dans 5 à 10 p. cent des cas. Les formes graves affectent principalement les enfants de moins de 15 ans et les personnes immonodéficientes. L'OMS estime à 500 000 le nombre de cas annuel de dengue hémorragique.
Le malade guéri sera définitivement immunisé contre le sérotype responsable de sa maladie. Par contre, il sera toujours sensible aux trois autres sérotypes.Diagnostic
Le diagnostic clinique de la maladie est difficile, surtout devant la forme classique pseudogrippale. Il est pratiquement impossible de différencier cliniquement une dengue des autres arboviroses, mais aussi des autres fièvres tropicales telles que le paludisme ou même une authentique grippe, qui n'épargne pas les zones intertropicales chaudes comme certains pourraient le penser.
La dengue hémorragique pourra quant à elle être confondue avec une affection à méningocoque.
Le diagnostic positif paraclinique repose sur la sérologie par recherche d'anticorps dans le sang. Il ne doit pas être entrepris trop précocement sous peine d'être négatif. Il faut en effet environ une semaine pour que les anticorps apparaissent dans le sang du patient. Il n'a de toute façon qu'un intérêt épidémiologique.
Il est également possible de faire un diagnostic par isolement du virus. Celui-ci est intéressant au début de la maladie, quand la sérologie est encore négative.
Traitement
Il est uniquement symptomatique : on ne traite que les symptômes de la maladie (fièvre, douleurs...). Il n'y a pas actuellement de traitement curatif pour cette maladie, ni de vaccination disponible. D'où l'importance de la lutte anti-moustiques (lutte anti-vectorielle) : prévention en journée contre la dengue, et le soir et la nuit contre le paludisme.
Le traitement de la forme classique non compliquée repose donc sur les antipyrétiques et les antalgiques à base de paracétamol. La forme grave hémorragique sera traitée en hospitalisation le plus souvent.
NB : en raison du risque hémorragique, les dérivés de l'aspirine sont contre-indiqués dans le traitement de la dengue. Ainsi devant toute maladie virale en zone d'endémie, on évitera l'emploi de l'aspirine au bénéfice des médications à base de paracétamol. Pour les mêmes raisons, on évitera les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens).
Des vaccins sont à l'étude mais ne seront certainement pas disponibles avant plusieurs années.
Un aedes aegypti
Depuis le début de 2007, 77.000 personnes ont été contaminées par la dengue dans toute l’Amérique Latine, état d’urgence au Paraguay.
Suite à une épidémie alarmante de dengue qui a contaminé au moins 77.000 personnes en Amérique Latine depuis le début de l’année, le Gouvernement du Paraguay a déclaré l’état d’urgence nationale pendant 60 jours. La mesure préventive a été prise après la mort de la dixième personne en 2007 à cause de cette fièvre hémorragique, et après la disparition d’une variante plus virulente de la maladie, jusqu’à présent inconnue dans le pays. La typologie de dengue viscérale, responsable de six des dix morts enregistrés au Paraguay, attaque les organes vitaux comme le foie, le cœur, les poumons ou le cerveau et peut causer la mort dans l’espace de quelques heures.
Après le Paraguay, le Brésil est le pays latino-américain où est enregistré le plus grand nombre de personnes contaminées par la fièvre “éclatante”. L’Etat du Mato Grosso do Sul, à la frontière avec le Paraguay, est le plus touché, avec 38.500 cas et 4 morts enregistrées entre janvier et février. Dans 76 des 78 mairies de cet Etat, des cas ont été notifiés et la situation la plus grave est celle de Campo Grande, la capitale de la région, avec 25.753 contaminés.
Dans les Etats de la région sud-orientale du pays (Sao Paulo, Minas Gerais, Río de Janeiro et Espíritu Santo), où est concentrée la plupart de la population brésilienne, 6 488 cas ont été enregistrés cette année, un nombre inférieur au 53,93% par rapport à la même période en 2006.
L’Argentine a signalé 108 cas notifiés jusqu’à présent, alors que 391 autres cas sont sous observation, et qu’il n’y a pas eu d’autres morts. Des sources sanitaires argentines ont déclaré que la plupart des patients viennent des provinces de Formose et Misiones, à la frontière avec le Paraguay, et que tous les cas correspondent à la dénommée dengue classique.
Le Ministère de la Santé du Panama a informé que, depuis le début de l’année jusqu’au 18 février, 506 cas de type classique ont été enregistrés. Le Gouvernement de l’Equateur a estimé à un total de 800 cas, également ici de type classique, et 30 de plus que le cas hémorragique, toutefois il n’y a pas eu de morts. Le Ministère de la Santé équatorienne a déclaré avoir démarré début février une campagne de contrôle de la maladie sur la Côte, en Amazonie et dans trois provinces de la Sierra, où il y a une incidence majeure de moustiques aedes aegypti.
En Bolivie, pendant les premiers mois de 2007, l’épidémie a touché 585 personnes, en particulier dans la mairie tropicale de Santa Cruz. Dans tout le pays, le nombre de cas suspectés est de 1.856. La Secrétaire du Honduras a indiqué que jusqu’à la semaine dernière il y avait 500 cas de dengue classique et 12 de cas de dengue hémorragique, dont aucun mortel jusqu’à présent. Le Chili, qui jusqu’alors s’était déclaré libéré de la dengue, a signalé que sur l’île de Pâques, lors des derniers jours, trois cas de la variante la plus bénigne ont été rapportés. Le Ministère de la Santé du Pérou, à son tour, a déclaré que, lors de l’année passée, des contagions ont été individualisées dans les districts sauvages de San Martín, Loreto et Junín, et dans ceux du nord à Piura et La Libertad.
Des données officielles indiquent qu’au Costa Rica, en 2006, les contagions de type classique étaient au nombre de 11.000, tandis que ceux de type hémorragique 66, l’un d’eux étant mortelle. Depuis le début de l’année, toutefois, aucun cas n’a été enregistré. Il en va de même pour l’Uruguay qui, de même que la Colombie, sont les pays uniques de l’Amérique où, en 2007, aucun cas n’a été enregistré.
Au Salvador, 440 personnes ont été contaminées par la variante classique et 11 par la variante hémorragique, sans victime mortelle. Au Venezuela l’année dernière les cas ont été au nombre de 39.860 et bien qu’aucun chiffre actuel n’ait été rapporté, on enregistre des épidémies au moins quatre fois par an dans le pays. Les autorités sanitaires cubaines n’ont pas rapporté de chiffres officiels mais ont activé une campagne de prévention intense.
D’après l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS), la dengue est une maladie endémique présente dans plus de cent pays qui met en danger 2 millions et demi de personnes.