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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Pour entrer dans la vie, faire ou accueillir? - Homélie 28ème dimanche du Temps Ordinaire B

Publié par Walter Covens sur 11 Octobre 2024, 22:54pm

Catégories : #homélies (patmos) Année B - C (2006 - 2007)

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Avec l’évangile de ce dimanche nous arrivons à la fin de la section morale de saint Marc qui a commencé au chapitre 8, verset 31 où, en réponse à la foi de Pierre, Jésus avait annoncé pour la première fois sa Passion et sa Résurrection. Cette première annonce est suivie d’un appel adressé à la foule avec les disciples : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même ; qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (v. 34). La morale chrétienne consiste donc foncièrement à suivre Jésus, le Messie. Jésus nous est présenté comme le Maître (9, 17.38 ; 10, 17.20) qui enseigne avec l’autorité de Dieu en personne : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le (9, 7). La morale chrétienne est une morale révélée qui est bien plus qu’un ensemble de préceptes qui viendraient s’ajouter à la morale naturelle. Elle consiste dans une communauté de vie avec Jésus. Encore une fois, il faut donc prendre garde de ne jamais séparer le dogme de la morale, Jésus de la vie chrétienne, sous peine de tout confondre … et d’envoyer tout promener. En résumé : pas de Jésus sans vie chrétienne et pas de vie chrétienne sans Jésus !

 

Remarquez aussi que le décor de cette section est double. Imaginez cela comme dans une pièce de théâtre : nous nous trouvons en alternance « en chemin » et « à la maison ». Le chemin, c’est cette route où Jésus marche à la tête de ses disciples, qui le suivent tant bien que mal vers la Croix et la Résurrection. La maison, c’est le lieu où il leur donne une formation, et où il répond patiemment à leurs questions, car souvent, ils ne comprennent pas. Pour nous, le chemin, c’est le désert de ce monde dans lequel nous devons témoigner de notre foi par notre manière d’agir ; la maison, c’est l’Eglise où nous trouvons une nourriture si nécessaire pour l’approfondissement de notre foi.

 

Puisque nous arrivons à la fin de cette section, ce sera pour nous l’occasion de la relire dans son ensemble sous un angle que nous n’avons pas encore regardé de manière explicite. Je ne vous dirai rien de révolutionnaire. C’est tout ce qu’il y a de plus classique dans la spiritualité chrétienne. Cette section aborde l’agir chrétien en trois points principaux qui recoupent les principaux domaines de la vie humaine et chrétienne.

 

Dans une première scène qui se déroule à la maison (de Pierre ?) à Capharnaüm (9, 33-50), c’est la question de savoir qui est le plus grand, de savoir qui est pour nous et qui est contre nous. C’est la question du pouvoir, de la vie politique.

 

Avec le chapitre 10 (l’évangile de dimanche dernier), c’est la question du mariage et du divorce. C’est le domaine de la vie familiale.

 

Enfin, et c’est l’évangile d’aujourd’hui, c’est le passage de l’homme qui avait de grands biens. C’est le domaine de la vie économique.

 

On voit très bien l’actualité de toutes ces questions encore dans notre monde d’aujourd’hui. (J’ai envie de dire quand même qu’alors que la politique et l’économie font l’objet de nombreux discours, la famille, elle, est le parent pauvre… mais passons…)

 

Tout cela, S. Marc le présente de manière très concrète et très vivante, à partir d’évènements précis de la vie quotidienne dans l’entourage de Jésus. La vie du monde et la vie chrétienne ne sont pas cloisonnées. Dans la vie de l’Eglise, on retrouve aussi le domaine de la politique, de la famille et de l’argent, c’est évident ! Ces trois domaines recouvrent tout naturellement ce qu’il est convenu d’appeler les trois conseils évangéliques : l’obéissance dans la communauté, la chasteté par rapport au mariage, et la pauvreté par rapport aux richesses. Tout cela est nécessaire pour pouvoir entrer dans le Royaume, pour entrer dans la vie, pour être heureux.

 

Cela suppose un dépassement de la loi. Car loi ne suffit pas. Si la loi suffisait, cela voudrait dire que nous n’aurions pas besoin de Jésus. Or, nous l’avons vu dans la question du mariage et du divorce, Jésus nous appelle à un dépassement des disputes juridiques. Dans le mariage, si quelqu’un ne commet pas l’adultère, c’est bien. Mais suivre Jésus, c’est encore autre chose. Non pas que pour suivre Jésus, il soit interdit de se marier. C’est une conception trop étroite, et même carrément erronée, du conseil évangélique de la chasteté, qui s’adresse à tout le monde, à chacun selon son état de vie, dans le mariage ou dans la vie célibataire.

 

L’homme de l’évangile d’aujourd’hui (S. Marc ne dit pas que c’est un « jeune homme » mais « un homme »), était-il marié ou pas ? Ce que nous savons, c’est que quand Jésus lui rappelle les commandements, notamment celui qui dit : ne commets pas d’adultère, l’homme répond : Maître, j’ai observé ces commandements depuis ma jeunesse. Mais quand Jésus l’appelle le suivre, il devint sombre et s’en alla tout triste.

 

Voilà donc un homme qui veut avoir en héritage la vie éternelle, qui a observé les commandements depuis sa jeunesse. Et pourtant, Jésus lui dit : Une seule chose te manque (sous-entendu : car observer les commandements, cela ne suffit pas pour entrer dans la vie, pour trouver ce bonheur que tu cherches). Cette chose, qui est la plus importante, qu’est-ce que c’est ? Autrement dit : qu’est-ce qui manque à la morale naturelle (l’observance des commandements) pour être chrétienne ?

 

Première réponse : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel. Bien sûr. C’est une bonne réponse, mais elle est incomplète. Ce qui intéresse l’homme, ce n’est pas d’avoir un trésor dans le ciel. Ce n’est pas si mal d’avoir un trésor dans le ciel, mais à quoi cela sert-il si on n’y entre pas soi-même, si on n’a pas le ciel en héritage ? Or, c’est bien cela qui intéresse l’homme. Et il est évident que si on veut avoir en héritage la vie éternelle, il vaut mieux y avoir un trésor. Mais, je répète, à quoi bon le trésor si on n’a pas l’héritage ?

 

Alors je pense que vous savez quelle est l’autre réponse qui doit venir compléter la première : puis viens et suis-moi. Très bien ! Mais comme c’est exigeant ! Il ne suffit donc pas de distribuer aux pauvres ce qu’on a ? – Non ! Cela suffit peut-être pour avoir le Prix Nobel de la Paix, mais pas pour aller au ciel. –  Comment ? Mais vous demandez des choses impossibles, inhumaines ! – Impossibles, oui, pour l’homme, mais pas pour Dieu. Jésus le dit lui-même. Ecoutez bien : Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible pour Dieu.

 

Remarquez la nuance avec la parole précédente : Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ! … Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu ! L’homme peut faire ce qui est difficile, et Jésus n’est pas venu pour nous en dispenser. Mais ce que l’homme ne peut pas faire, est possible à Dieu. Donc, seul Dieu peut le faire.

 

Qu’est-ce qui est non pas impossible mais difficile à l’homme ? C’est de se détacher des richesses, c’est de renoncer à ses biens, c’est de partager avec les pauvres. Un garçon du catéchisme remarquait à ce propos avec beaucoup de perspicacité : « Un chameau se soucie tout autant de passer par le trou d’une aiguille qu’un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ! » Je serais tenté de modifier légèrement cette remarque, et de dire qu’un chameau se soucie tout autant de passer par le trou d’une aiguille qu’un riche de partager ses biens avec les pauvres ». On se soucie bien davantage de voler que de partager… Partager, c’est difficile. Sinon on ne donnerait pas un Prix Nobel à ceux qui le font. Mais ce qui est difficile surtout, même quand on a le Prix Nobel, c’est d’admettre que malgré tout ce qu’on peut faire avec la pus grande générosité et la plus haute technicité, et qui est déjà très difficile, on ne trouve pas une solution satisfaisante pour « mettre fin à la faim », si je puis dire. Cela est terriblement difficile, d’autant plus que l’on est riche, non seulement en argent et en biens, mais surtout en intelligence, en savoir-faire et en générosité.

 

Dans l’évangile, S. Marc nous dit cela très finement mais avec beaucoup de force, si l’on prend la peine de l’écouter avec attention. Alors, encore un petit effort…

 

La question de l’homme était : que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? La réponse de Jésus est : Amen, je vous le dis : personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Evangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions et, dans le monde à venir, la vie éternelle. La difficulté pour entrer dans le Royaume, ce n’est pas tant d’apprendre à faire, que d’apprendre à recevoir ce que l’on ne peut pas faire, après avoir tout essayé pour le faire ! C’est sur cette difficulté qu’ont buté déjà nos premiers parents, alors qu’ils étaient encore dans l’état de justice originelle. Ils ont voulu accaparer le fruit que seul Dieu pouvait leur donner.

 

La grâce de l’Esprit Saint, le Père des pauvres, vient au secours de notre faiblesse. Mais nous devons reconnaître cette faiblesse. Pour notre orgueil, c’est terriblement difficile, mais pas impossible, du moins si l’on veut suivre Jésus. Car sans lui, nous ne pouvons rien faire, ni dans le domaine de la politique, ni dans celui de la famille, ni dans celui de l’économie. L’obéissance, la chasteté et la pauvreté ne sont pas d’abord des choses à faire, mais des grâces à recevoir des mains du Maître de l’impossible. Recevoir, c’est le privilège de l’enfant. C’est bien l’enfant qui est au cœur de toute cette partie de l’évangile. L’enfant, c’est celui qui sait accueillir ce qu’il n’arrive pas à faire lui-même, tant qu’il ne peut pas le faire lui-même. La grâce n’est pas un oreiller de paresse, mais un apprentissage difficile de l’humilité confiante. Ce n’est pas sans raison qu’à Fatima, il y a quatre-vingt-dix ans, d’abord l’ange, et ensuite la Vierge Marie se sont adressé à trois enfants pour rappeler au monde entier, menacé par la guerre et par le communisme, l’urgence de la prière et de la pénitence.

 

 

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda ...
En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda ...

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda ...

Pour entrer dans la vie, faire ou accueillir? - Homélie 28ème dimanche du Temps Ordinaire B
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P
La grâce ne suffit pas. Il faut au préalable recevoir la grâce d'avoir des mains pour recevoir la grâce. Parfois Dieu donne et il donne toujours, mais on a ni les mains pour recevoir ni l'intelligence pour comprendre le don. C'est un peu le drame du paralysé à la piscine de Siloé.
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D
Quand Dieu donne la grâce, il donne aussi de quoi accueillir la grâce. À l'homme d'y correspondre.
M
The chapter 8, verse 31, of Bible is a very good lesson and very inspiring one. It tells about the story of a father and a son about the path of success. Thanks for sharing that story in this article.
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