le silence de la liturgie cosmique.
Venons au septième sceau. Que dit l'Apocalypse ?
Et à l'ouverture du septième sceau, il se fit un silence dans le ciel pendant environ une demi-heure. C'est tout. Alors que la rupture du sixième sceau avait déchaîné de tels bouleversements, celle du septième n'opère plus rien, ou plutôt elle ouvre le silence qui est vaste comme étaient vastes les événements précédents ; ou plutôt il est même encore plus vaste parce qu'il est proprement le silence d'une présence de Dieu. Par l'aspect négatif que produit la présence divine, ce silence dit précisément l'entrée de Dieu dans le monde, un silence qui opère la fin.
Le septième sceau se rompt, et voici la fin. Mais la fin, comment s'en aperçoit-on, comment y assistons-nous ? Justement par un silence qui est comme la mort, qui est comme la chute de tout dans le néant. Rien ne résiste à la présence de Dieu.
Il se fit un silence dans le ciel pendant environ une demi-heure. C'est le silence de la liturgie. Mais précisément le silence de la liturgie quand elle anticipe en quelque sorte cette venue. La messe n'est pas seulement la présence actuelle du Mystère de la croix et du Mystère de la rédemption ; elle est aussi l'anticipation réelle, et non pas seulement prophétique, de la fin de tout en présence du Christ. Chaque fois que la messe se dit, le monde finit ; toute la création en quelque manière se transporte dans le Christ, et il n'y a plus que Lui. Mais si la messe anticipe cette fin, c'est précisément dans le silence qu'elle l'anticipe. Quand arrive la consécration, au moment le plus solennel, le silence se fait : la solennité du moment est comme scandée par le silence. Avant, on peut acclamer et chanter, mais quand Il vient, l'homme se tait. Job le disait : Auparavant je te connaissais pour avoir entendu parler de toi, mais maintenant que Tu es là, je me prosterne dans la poussière et je me tais. L'homme peut interroger Dieu quand Dieu est loin, il peut discuter avec lui, il peut l'appeler en justice - comme faisait Job - mais quand Dieu se rend présent, l'homme n'a plus de raison à opposer, il n'a plus à demander des explications, il ne peut qu'adorer. Alors tombe toute envie de contester, toute objection.
Silence. Ce n'est pas seulement le silence de l'homme, c'est le silence de l'univers entier. Comme le disait déjà le prophète Sophonie : Au jour de Iahweh que tout fasse silence, le ciel et la terre. C'est exactement le poids de ce silence qui dit l'infinie réalité de Dieu : l'univers ne saurait annoncer sa présence d'une autre manière. Nul événement n'a la grandeur, la pureté, la solitude d'un silence dans lequel tout l'univers se précipite.