- « Le lendemain du baptême de Jésus, Jean se trouvait encore là avec deux disciples. Regardant passer Jésus, il dit : "Voici l'Agneau de Dieu." »
En ce début du Temps Ordinaire, une semaine après la fête du Baptême, nous retrouvons aujourd'hui, dans le quatrième évangile, Jean, le Baptiste. Suite à l'homélie pour la fête du Baptême du Seigneur, nous pouvons lui demander - non pas comme en passant, mais avec insistance - de nous aider à célébrer l'Eucharistie comme le Seigneur le mérite, et comme l'Église nous le demande.
Jean le Baptiste est encore tout imprégné de la manifestation de l'Esprit Saint lors du Baptême de Jésus. La voix du Père résonne encore dans son esprit. Sans cesse il pense au Messie de Dieu venu sur terre pour révéler l'Amour du Père qui veut, en son Fils bien-aimé, prendre sur lui le péché du monde pour sauver tous les hommes ! Et le lendemain de ce jour mémorable où il fut choisi pour baptiser le Seigneur Jésus, Jean le Baptiste ne peut s'empêcher de crier, dans l'Esprit Saint : "Voici l'Agneau de Dieu !"
Jean pointe du doigt le Messie, le Sauveur, le Christ Jésus : il indique le Chemin à suivre, il montre où est la Porte du Ciel, il crie, à tous ceux qui veulent bien l'écouter, que l'Amour est là ! Déjà, le Cœur de Jésus est ouvert ; déjà, le Cœur de Dieu s'est entrouvert pour laisser voir quelle miséricorde attend tous ceux qui veulent bien s'approcher du Cœur du Christ ! Car, lorsque les cieux s'entrouvrirent et que la voix du Père se fit entendre, déjà, l'Amour de Dieu s'écoula du Cœur de Jésus, annonçant le sang et l'eau du baptême qui jaillirent sur la Croix du Calvaire (cf. Jn. 19, 34).
"Voici l'Agneau de Dieu !" "Ecce Agnus Dei !" C'est l'expression employée par le prêtre lors de la célébration eucharistique pour présenter l'hostie aux fidèles, avant la communion. Mais cette expression se retrouve surtout dans le chant liturgique que l'Église proclame lors de la fraction du pain : «Agnus Dei, qui tollis pecata mundi, miserere nobis.» «Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, prends pitié de nous.» Vraiment, dans cette expression "Agneau de Dieu", c'est tout l'Amour de Dieu qui nous est révélé ! Vraiment, c'est le Pain de l'Amour qui est rompu pour nous !
- « Ses deux disciples l'entendirent et allèrent vers Jésus. »
Cette expression "Agneau de Dieu" possède une force telle qu'elle attire à Jésus tous les hommes et toutes les femmes de désir. Jean l'a à peine prononcée, que ceux qui ont bien voulu l'écouter reçoivent une grâce particulière : celle de vouloir suivre le Christ ! "Ses deux disciples l'entendirent et allèrent vers Jésus." : n'est-ce pas ce que tous les fidèles font lors de la célébration eucharistique ? À peine le prêtre a-t-il présenté aux fidèles l'hostie consacrée, que ceux-ci s'élancent à la suite du Maître et vont le retrouver dans son banquet nuptial !
- « Voyant qu'ils le suivaient, Jésus se retourne : "Que désirez-vous ?" dit-il. Ils répondirent : "Rabbi (ce mot signifie Maître), où demeures-tu ?" "Venez voir", leur dit-il. Ils allèrent voir où il demeurait, et ils restèrent avec lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure. »
"Que désirez-vous ?" Que désirons-nous ? Sommes-nous, nous aussi, des gens "de désir" ? Si oui, nous pourrions répondre, comme les disciples de Jean : "Maître, où demeures-tu ?" Et il nous répondrait, maintenant : "Je suis dans le Ciel !" N'est-ce pas pareil lorsque nous recevons en nous Jésus Eucharistie ? Le Seigneur ne vient-il pas dans le Ciel de notre âme (cf. Ste Élisabeth de la Trinité) ? Car alors, le Ciel est en nous ! Et, comme les disciples, nous resterons avec Jésus "ce jour-là" ; car chaque jour le prêtre rompt pour nous "le pain de chaque jour" !
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« Prenez et mangez en tous » : la communion dans le Catéchisme de l'Église Catholique (CEC) :
1384 Le Seigneur nous adresse une invitation pressante à le recevoir dans le sacrement de l’Eucharistie : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la Chair du Fils de l’homme et ne buvez son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous « (Jn 6, 53).
1389 L’Église fait obligation aux fidèles de participer les dimanches et les jours de fête à la divine liturgie (cf. OE 15) et de recevoir au moins une fois par an l’Eucharistie, si possible au temps pascal (cf. CIC, can. 920), préparés par le sacrement de la Réconciliation. Mais l’Église recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte Eucharistie les dimanches et les jours de fête, ou plus souvent encore, même tous les jours.
Les personnes qui sont empêchées de communier, soit à cause des obligations de leur devoir d'état, soit à cause d’une situation matrimoniale irrégulière, par exemple (mais pas seulement), et même celles qui communient régulièrement, peuvent toujours s'exercer à la communion de désir (pour ceux qui sont empêchés par leur devoir d'état ou par un autre cas de force majeure) ou au désir de la communion (pour ceux qui sont en état de péché mortel, afin de pouvoir, un jour, faire le pas, et renoncer au péché, se repentir, se confesser et recevoir l'absolution).
D’après S. Thomas d’Aquin, la communion spirituelle consiste dans un ardent désir de recevoir Jésus-Hostie et dans un acte d’amour tel qu’on le ferait si on l’avait reçu sacramentellement. À la fin de chaque visite au Saint Sacrement, la communion spirituelle est recommandée par S. Alphonse de Liguori.
Ces communions spirituelles sont très agréables à Dieu et procurent de grandes grâces : c’est ce que Notre Seigneur fit entendre à sa servante, la sœur Paola Maresca, fondatrice du monastère de sainte Catherine de Sienne, à Naples. Il lui montra deux vases précieux, l’un d’or et l’autre d’argent. « Dans le premier, lui dit-il, je conserve tes communions sacramentelles, et, dans le second, tes communions spirituelles. »
« À chacune de tes communions spirituelles, assura-t-il à la Bienheureuse Jeanne de la Croix, tu reçois une grâce analogue à celle que tu recevrais en communiant réellement. »
Le concile de Trente loue grandement la communion spirituelle, il engage les fidèles à le pratiquer : c’est la souveraine recommandation, qu’elle nous suffise.
La Bienheureuse Agathe de la Croix faisait chaque jour deux cents communions spirituelles !
Saint Pierre Favre, premier compagnon de S. Ignace, disait que la communion spirituelle est une excellente préparation à la communion sacramentelle.
« La communion spirituelle, remarquait la Bienheureuse Jeanne de la Croix, n’attire l’attention de personne, ne réclame ni jeûne, ni permission du directeur ; nous pouvons la faire à toute heure, à notre gré : un acte d’amour, il n’en faut pas davantage. »
Voici les paroles de l'Acte pour la communion spirituelle de S. Alphonse de Liguori :
Mon Jésus, je crois à votre présence dans le très Saint Sacrement. Je vous aime plus que toute chose et je désire que vous veniez en mon âme. Je ne puis maintenant vous recevoir sacramentellement dans mon cœur : venez-y au moins spirituellement. Je vous embrasse comme si vous y étiez déjà venu, et je m’unis à vous tout entier. Ne permettez pas que j’aie jamais le malheur de me séparer de vous.
Il donnait aussi une formule plus courte, plus facile à retenir par coeur :
O Jésus, je vous crois présent dans le très Saint Sacrement, je vous aime et je vous désire. Venez dans mon cœur. Je vous embrasse, ne vous séparez plus de moi.
- « L'un des deux disciples qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon Pierre. Il alla aussitôt trouver son frère et lui dit : "Nous avons découvert le Messie (ce mot signifie Christ)." Il l'amena à Jésus qui le regarda et lui dit : "Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képhas (ce mot signifie Pierre)." »
Pourquoi Simon changea-t-il de nom ? Pourquoi Jésus a-t-il appelé Simon «Képhas» ou «Pierre» ? Tout simplement parce que Simon avait écouté la voix de l'Esprit, qui lui disait d'aller vers Jésus, à la suite de son frère André. Or, qu'est-ce qu'aller vers Jésus ? C'est répondre à l'appel de la grâce de Dieu, c'est devenir enfant de Dieu et fils adoptif du Père : « Nul ne peut venir à moi si cela ne lui a été donné par le Père. » (Jn. 6, 65) « Tout ce que le Père me donne, viendra à moi. » (Jn. 6, 37)
Celui qui est devenu enfant du Père, celui-là a vaincu le Mal : il a remporté la victoire sur le Mauvais ! Celui qui est devenu enfant du Père en allant vers le Christ, celui-là mérite la récompense due aux enfants de Dieu : il mérite donc de recevoir un nom nouveau !
Souvenez-vous : la fin de mon homélie pour le Baptême du Seigneur, je vous ai invité à fêter la date de votre baptême et celle de votre saint patron. Le dernier verset de l'évangile de ce dimanche est l'occasion pour nous d'écouter attentivement ce que nous enseigne le CEC à ce propos :
2156 Le sacrement de Baptême est conféré « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19). Dans le baptême, le nom du Seigneur sanctifie l’homme, et le chrétien reçoit son nom dans l’Église. Ce peut être celui d’un saint, c’est-à-dire d’un disciple qui a vécu une vie de fidélité exemplaire à son Seigneur. Le patronage du saint offre un modèle de charité et assure de son intercession. Le « nom de baptême » peut encore exprimer un mystère chrétien ou une vertu chrétienne. « Les parents, les parrains et le curé veilleront à ce que ne soit pas donné de prénom étranger au sens chrétien » (CIC, can. 855).
2157 Le chrétien commence sa journée, ses prières et ses actions par le signe de la croix, « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen ». Le baptisé voue la journée à la gloire de Dieu et fait appel à la grâce du Sauveur qui lui permet d’agir dans l’Esprit comme enfant du Père. Le signe de la croix nous fortifie dans les tentations et dans les difficultés.
2158 Dieu appelle chacun par son nom (cf. Is 43, 1 ; Jn 10, 3). Le nom de tout homme est sacré. Le nom est l’icône de la personne. Il exige le respect, en signe de la dignité de celui qui le porte.
2159 Le nom reçu est un nom d’éternité. Dans le royaume, le caractère mystérieux et unique de chaque personne marquée du nom de Dieu resplendira en pleine lumière. « Au vainqueur, ... je donnerai un caillou blanc, portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17). « Voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant, inscrits sur le front, son nom et le nom de son Père » (Ap 14, 1).
« Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, et je lui remettrai un caillou blanc sur lequel est écrit un nom nouveau que nul ne connaît, sauf celui qui le reçoit.» Voilà pourquoi Simon reçoit le nom de Képha, ou Pierre : il reçoit un caillou blanc, une pierre blanche, un nom nouveau, qui est celui de «pierre» !
Tous, avec Simon Pierre, nous sommes des pierres vivantes destinées à édifier la construction spirituelle de l'Église. En cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens, que la Très Sainte Vierge Marie, qui par sa foi, est un peu comme le ciment qui unit toutes ces «pierres», nous vienne en aide, afin que notre communion de ce jour soit une communion éternelle qui nous établit pour toujours dans l'Amour du Père !