Demain aux lueurs de l'aube, deux dominicains, Martin Ladvenu et Jean Toutmouillé viendront lui signifier sa condamnation. Elle va etre conduite sur la place du Vieux-Marché où a été dressé un bûcher. Elle aura repris courage et songera à son Seigneur lui aussi conduit à travers la ville, vers le lieu de son supplice. Alors elle demandera une croix pour lui ressembler le plus possible. Un Anglais lui en confectionnera une qu'elle placera sur son coeur. Elle en demande une seconde qu'elle puisse contempler durant son agonie. On apportera devant elle la croix de procession de l'église Saint-Sauveur. Le feu sera allumé. Elle n'aura qu'un cri pendant son agonie : "Jésus !" Dans son martyre, au milieu des flammes, elle connaîtra le triomphe des disciples du Christ.
Jeanne a été réhabilitée en 1456 à Rouen, et fut l'objet d'un culte à travers les siècles, jusqu'en 1920, où elle est
canonisée par Benoît XV, après que la France aura subi une épreuve comparable à la guerre de Cent Ans : dans les tranchées de la Grande Guerre, les prêtres et les soldats invoquaient Jeanne
d'Arc, et son nom réconciliait les hommes qui donnaient leur vie par amour de la France et ceux qui risquaient la leur pour demeurer auprès de leurs frères qui mouraient sous le feu et la
mitraille. Au coeur de l'atrocité, ils étaient les témoins de l'amour et de la miséricorde de Dieu. Et pas plus qu'elle ne s'était dérobée à son roi, la petite Lorraine ne leur manqua. Elle est
aujourd'hui l'une des saintes patronnes de la France. (fin)
Le Livre des Merveilles, Mame-Plon, 1999