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Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Sixième jour du pape aux Etats-Unis. La prière à Ground Zero et la dernière homélie "sur cette terre de liberté"

Publié par dominicanus sur 22 Avril 2008, 10:30am

Catégories : #actualités

Benoît XVI prie pour la conversion des terroristes. Et il explique aux catholiques américains que la vraie liberté se fonde sur le Christ qui est ""a voie, la vérité et la vie". Pour le pape théologien, le succès dépasse les prévisions

par Sandro Magister



ROMA, le 21 avril 2008 – Benoît XVI a ouvert sa dernière journée aux Etats-Unis par un moment de prière à Ground Zero, le cratère qui s’est creusé là où se trouvaient les tours jumelles. Ciel gris, rafales de vent, les notes méditatives des suites pour violoncelle de Bach.

Le pape reste longuement agenouillé, en silence. Puis il donne sa bénédiction et il prie. Pour les victimes innocentes et pour "les premiers et héroïques sauveteurs". Pour la "guérison" des blessés et de leurs familles. Pour la conversion de "ceux dont le cœur et l’esprit sont consumés par la haine".

Scénario tout à fait différent l’après-midi, à la messe célébrée au Yankee Stadium.

Dans son homélie, Benoît XVI envoie une vague d’optimisme aux fidèles qui remplissent les gradins. Certes il leur parle d’autorité et d’obéissance, "des mots pas faciles à prononcer". Mais surtout il lance un hymne à la liberté chrétienne, dans un pays qu’il trouve fait pour celle-ci.

La liberté chrétienne, dit le pape, est à l’opposé des "faux évangiles de liberté et de bonheur" et de la "fausse séparation entre foi et vie politique". C’est une liberté qui se nourrit des "immuables vérités dont le Christ est la base". Les applaudissements des fidèles atteignent leur maximum quand il dit que le binôme liberté-vérité est le seul qui puisse défendre "les plus faibles parmi les êtres humains, les bébés non encore nés qui sont dans le sein de leur mère".

Benoît XVI perçoit chez les catholiques américains l’action d’une dynamique très prometteuse, capable de redressement malgré leurs péchés. En ce qui concerne le scandale des abus sexuels, le pape s’est montré aussi sévère qu’impliqué. Il a pris sur lui aussi la charge des fautes. Le geste le plus touchant et le plus inattendu de ses six jours de voyages a été sa rencontre avec cinq victimes d’abus sexuels. Elle a eu lieu à huis clos, loin des caméras de télévision. Mais le pape s’est exprimé si clairement en public sur ce scandale que la rencontre silencieuse n’avait pas besoin d’explications et qu’elle a été comprise et approuvée par à peu près tout le monde.

Benoît XVI a déjà accompli de tels gestes à la fois silencieux et très éloquents. On peut rappeler le précédent de la Mosquée Bleue à Istanbul. Bien qu’il y ait prié en silence, tourné vers la Mecque, il n’a pas créé d’équivoque. Le travail de clarification avait déjà fait à Ratisbonne.

On trouvera ci-dessous les principaux passages de l’homélie prononcée au Yankee Stadium.



L’avenir de l’Eglise en Amérique
par Benoît XVI

New York, homélie de la messe au Yankee Stadium, dimanche 20 avril 2008


Chers frères et sœurs dans le Christ, dans l’Evangile que nous venons d’entendre, Jésus dit à ses Apôtres d’avoir foi en lui parce qu’il est “la voie, la vérité et la vie” (Jn 14,6). Le Christ est la voie qui conduit au Père, la vérité qui donne son sens à la vie humaine et la source de cette vie qui est joie éternelle avec tous les Saints dans le Royaume des cieux. Prenons le Seigneur au mot! Renouvelons notre foi en lui et mettons toute notre espérance dans ses promesses! [...]

La célébration d’aujourd’hui est aussi un signe du développement impressionnant que Dieu a accordé à l’Eglise dans votre pays au cours des deux siècles passés. Petit troupeau au départ, comme celui que décrivait la première lecture, l’Eglise s’est construite, en Amérique, dans la fidélité aux deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Sur cette terre de liberté et de chances, l’Eglise a uni des troupeaux très divers dans la profession de foi et, à travers ses nombreuses œuvres éducatives, caritatives et sociales, elle a aussi contribué de manière significative au développement de la société américaine dans son ensemble.

Ce grand résultat n’a pas été obtenu sans relever des défis. La première lecture d’aujourd’hui, tirée des Actes des Apôtres, parle de tensions linguistiques et culturelles qui existaient déjà dans la communauté ecclésiale primitive. En même temps, elle montre la puissance de la Parole di Dieu, proclamée avec autorité par les Apôtres et reçue dans la foi, pour créer une unité capable de transcender les divisions résultant des limites et des faiblesses humaines. Cela nous rappelle une vérité fondamentale: l’unité de l’Eglise n’a pas d’autre fondement que la Parole de Dieu, incarnée en Jésus-Christ notre Seigneur. Tous les signes extérieurs d’identité, toutes les structures, associations ou programmes, si valables ou même essentiels soient-ils, n’existent en dernière analyse que pour soutenir et promouvoir l’unité la plus profonde, qui, dans le Christ, est un don indéfectible de Dieu à son Eglise.

La première lecture montre aussi – comme on le voit par l’imposition des mains aux premiers diacres – que l’unité de l’Eglise est “apostolique”, c’est-à-dire que c’est une unité visible, fondée sur les Apôtres choisis et désignés par le Christ comme témoins de sa résurrection, et née de ce que l’Ecriture appelle “l’obéissance de la foi” (Rm 1,5; Ac 6,7).

“Autorité”… “obéissance”. A vrai dire, ce ne sont pas des mots faciles à prononcer aujourd’hui. De tels mots sont une “pierre d’achoppement” pour beaucoup de nos contemporains, surtout dans une société qui, à juste titre, donne beaucoup de valeur à la liberté personnelle. Pourtant, à la lumière de notre foi en Jésus-Christ – “la voie, la vérité et la vie” – nous arrivons à découvrir le sens le plus plein, la valeur et même la beauté, de ces mots. L’Evangile nous enseigne qu’on ne peut trouver la vraie liberté, la liberté des fils de Dieu, que dans l’abandon de soi qui fait partie du mystère de l’amour. Ce n’est qu’en nous perdant nous-mêmes, dit le Seigneur, que nous nous retrouvons vraiment (cf. Lc 17,33). La vraie liberté s’épanouit quand nous nous éloignons du joug du péché, qui brouille nos perceptions et affaiblit notre détermination; elle voit la source de notre bonheur définitif en lui, qui est amour infini, liberté infinie, vie sans fin. “Dans sa volonté il y a notre paix”. [...]

Chaque jour, dans ce pays, vous et beaucoup de vos voisins priez le Père avec les mots mêmes du Seigneur: “Que ton Règne vienne”. Cette prière doit façonner l’esprit et le cœur de tout chrétien de ce Pays. Elle doit porter du fruit dans votre manière de vivre votre vie et de construire votre famille et votre communauté. Elle doit créer de nouveaux “lieux d’espérance” (cf. Spe salvi, 32 sq.) où le Royaume de Dieu est présent dans toute sa puissance salvatrice.

Prier avec ferveur pour la venue du Royaume signifie aussi être constamment attentifs aux signes de sa présence, et d’agir pour son développement dans tous les secteurs de la société. C’est relever le défis du présent et de l’avenir en étant confiants dans la victoire du Christ et en s’engageant pour le progrès de son Royaume. Cela signifie ne pas perdre confiance face aux résistances, aux difficultés et aux scandales. Cela signifie surmonter toute séparation entre foi et vie, en s’opposant aux faux évangiles de liberté et de bonheur. Cela veut dire aussi repousser la fausse dichotomie entre foi et vie politique, puisque, comme l’a affirmé le Concile Vatican II, “aucune activité humaine, même dans les choses temporelles, ne peut être soustraite à l’autorité de Dieu” (Lumen gentium, 36). Cela veut dire agir pour enrichir la société et la culture américaines de la beauté et de la vérité de l’Evangile, sans jamais perdre de vue cette grande espérance qui donne sens et valeur à toutes les autres espérances qui inspirent notre vie.

Voilà, chers amis, le défi que vous lance aujourd’hui le Successeur de Pierre. En tant que “race élue, sacerdoce royal, nation sainte”, suivez fidèlement les traces de vos prédécesseurs! Accélérez la venue du Royaume de Dieu sur cette terre! Les générations passées vous ont laissé un héritage extraordinaire. A notre époque aussi, la communauté catholique de ce Pays a été grande dans le témoignage prophétique pour défendre la vie, dans l’éducation des jeunes, dans le soin des pauvres, des malades et des étrangers chez vous. Sur ces bases solides, l’avenir de l’Eglise en Amérique doit aujourd’hui aussi commencer à apparaître.

Hier, pas loin d’ici, j’ai été frappé par la joie, l’espérance et l’amour généreux pour le Christ que j’ai vus sur le visage de tant de jeunes réunis à Dunwoodie. Ils sont l’avenir de l’Eglise et ils ont droit à toutes les prières et à tout le soutien que nous pouvons leur donner. Je voudrais donc conclure en ajoutant un mot d’encouragement à leur intention. Chers jeunes amis, comme les sept hommes “remplis de l’Esprit et de sagesse” auxquels les Apôtres confièrent le soin de la jeune Eglise, puissiez-vous aussi vous lever et assumer la responsabilité que la foi dans le Christ met devant vous! Puissiez-vous trouver le courage de proclamer le Christ “qui est le même hier, aujourd’hui et toujours” ainsi que les immuables vérités dont il est la base (cf. Gaudium et spes, 10; He 13,8): ce sont des vérités qui nous rendent libres! Il s’agit des seules vérités qui puissent garantir le respect de la dignité et des droits de tout homme, femme et enfant dans le monde, y compris les plus faibles parmi les êtres humains, les bébés non encore nés qui sont dans le sein de leur mère. Dans un monde où, comme le Pape Jean-Paul II, parlant ici même, le rappelait, Lazare continue à frapper à notre porte (Homélie au Yankee Stadium, 2 octobre 1979, n. 7), faites en sorte que votre foi et votre amour soient efficaces dans le secours aux pauvres, aux nécessiteux et aux sans-voix. Jeunes hommes et jeunes femmes d’Amérique, j’insiste auprès de vous: ouvrez vos cœurs à l’appel de Dieu qui vous invite à le suivre dans le sacerdoce et la vie religieuse. Peut-il y avoir un signe d’amour plus grand que de suivre les traces du Christ, qui a accepté de donner sa vie pour ses amis (cf. Jn 15,13)?

Dans l’Evangile d’aujourd’hui le Seigneur promet à ses disciples qu’ils feront des œuvres plus grandes que les siennes (cf. Jn 14,12). Chers amis, seul Dieu dans sa providence sait ce que sa grâce doit encore accomplir dans vos vies et dans la vie de l’Eglise aux Etats-Unis. D’ici là, la promesse du Christ nous remplit d’une espérance certaine. Unissons donc notre prière à la sienne, en tant que pierres vivantes de ce temple spirituel qu’est son Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Levons les yeux vers lui, puisque, dès maintenant, il nous prépare une place dans la maison de son Père. Et, renforcés par l’Esprit Saint, travaillons avec un zèle renouvelé à la diffusion de son Royaume.

“Bienheureux ceux qui croiront” (cf. 1 P 2,7). Tournons-nous vers Jésus! Lui seul est la voie qui conduit à l’éternel bonheur, la vérité qui satisfait les désirs les plus profonds de chaque cœur et la vie qui offre une joie et une espérance toujours nouvelles à nous et à notre monde. Amen.


Lire tous les textes et commentaires du voyage de Benoït XVI aux Etats-Unis et à l'ONU :

Premier jour de Benoît XVI aux Etats-Unis: Contre les abus sexuels et pour l'Amérique "modèle de laïcité positive"


Deuxième jour du pape aux Etats-Unis. Benoît XVI indique aux évêques les lignes directrices


Benoît XVI à l'ONU: La personne humaine - texte intégral du discours


Troisième jour du pape aux États-Unis. Avec les éducateurs catholiques, les autres religions, les juifs


Quatrième jour du pape aux États-Unis. Benoît XVI explique pourquoi les chrétiens sont si divisés


Cinquième jour du pape aux États-Unis. L'homélie au cœur de Manhattan et la rencontre avec les jeunes





Le programme et les documents du voyage de Benoît XVI, sur le site du Vatican:

> Voyage aux Etats-Unis et visite à l'ONU, 15-21 avril 2008


Le voyage du pape sur le site de la conférence des évêques des Etats-Unis:

> Christ Our Hope

Et sur le site de l’agence de presse de la conférence, Catholic News Service:

> Visit to America




Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
(Source : www.chiesa)
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