Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

Praedicatho homélies à temps et à contretemps

C'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Crédit peintures: B. Lopez


Semaine sainte: les homélies cachées de Benoît XVI: Jeudi Saint. Messe Chrismale

Publié par dominicanus sur 27 Mars 2008, 02:01am

Catégories : #Homélies Année A (2007-2008)

2. Jeudi Saint. Messe Chrismale


Le 20 mars 2008


Chers frères et sœurs, chaque année la Messe chrismale nous invite à renouveler ce "oui" à l’appel de Dieu, que nous avons prononcé le jour de notre Ordination sacerdotale. Nous avons dit "Adsum – me voici!", comme Isaïe, quand il a entendu la voix de Dieu qui demandait: "Qui enverrai-je et qui ira pour nous?" "Me voici, envoie-moi!", a répondu Isaïe (Is 6, 8). Puis le Seigneur lui-même, par l’intermédiaire des mains de l’Evêque, nous a imposé les mains et nous nous sommes donnés à sa mission. Par la suite nous avons parcouru différents chemins dans le cadre de son appel. Est-ce que nous pouvons toujours affirmer, nous, ce que Paul écrivait aux Corinthiens, après avoir servi l’Evangile pendant des années dans des conditions souvent difficiles et marquées par des souffrances de tout genre: "Notre zèle ne faiblit pas dans l’accomplissement de ce ministère dont nous avons été investis par la miséricorde de Dieu" (cf. 2 Cor 4, 1)? "Notre zèle ne faiblit pas". Prions, en ce jour, pour que ce zèle soit sans cesse ravivé, pour qu’il trouve toujours une nouvelle force dans la flamme ardente de l’Evangile.

En même temps, chaque Jeudi Saint est pour nous une occasion de nous demander de nouveau: A quoi avons-nous dit "oui"? Que signifie "être prêtre de Jésus-Christ"? Le Canon II de notre Missel, qui a probablement été rédigé dès la fin du IIe siècle à Rome, décrit l’essence du ministère sacerdotal en utilisant les mots qui, dans le Livre du Deutéronome (18, 5. 7), décrivaient l’essence du sacerdoce vétérotestamentaire: stare coram te et tibi ministrare. Il y a donc deux tâches qui définissent l’essence du ministère sacerdotal: la première est de "se tenir devant le Seigneur". Dans le Livre du Deutéronome, il faut la comprendre comme la suite de la disposition précédente, selon laquelle les prêtres ne devaient recevoir aucune part de territoire en Terre Sainte – ils devaient vivre de Dieu et pour Dieu. Ils ne s’occupaient pas des habituels travaux nécessaires pour assurer la vie quotidienne. Leur métier était de "se tenir devant le Seigneur" – s’occuper de Lui, être là pour Lui. Donc, en définitive, cette expression indiquait une vie en présence de Dieu et aussi un ministère de représentation des autres. De même que les autres cultivaient la terre, dont le prêtre vivait lui aussi, de même il maintenait le monde ouvert à Dieu, il devait vivre les yeux tournés vers Lui. Si cette expression se trouve maintenant dans le Canon de la Messe immédiatement après la consécration des offrandes, après l’entrée du Seigneur dans l’assemblée en prière, cela indique que, pour nous, le fait de se tenir devant le Seigneur présent, c’est-à-dire l’Eucharistie, constitue le centre de la vie sacerdotale. Mais là aussi, la portée est plus grande. Dans l’hymne de la Liturgie des Heures qui, pendant le carême, introduit l’Office des Lectures – un Office que les moines récitaient autrefois pendant l’heure de la veillée nocturne devant Dieu et pour les hommes – un des devoirs du carême est décrit par l'injonction: arctius perstemus in custodia – montons la garde avec plus d’attention. Dans la tradition du monachisme syriaque, les moines étaient définis comme “ceux qui se tiennent debout“. La position debout était l’expression de la vigilance. Ce qui était ici considéré comme le devoir des moines peut aussi être considéré à juste titre comme l’expression de la mission sacerdotale et comme l’interprétation juste de la parole du Deutéronome: le prêtre doit veiller. Il doit monter la garde face aux puissances pressantes du mal. Il doit maintenir le monde éveillé pour Dieu. Il doit se tenir debout: droit face aux courants du temps. Droit dans la vérité. Droit dans l’engagement pour le bien. Se tenir devant le Seigneur, cela doit aussi vouloir dire, plus profondément, se charger des hommes auprès du Seigneur qui, à son tour, se charge de nous tous auprès du Père. Cela doit vouloir dire se charger de Lui, du Christ, de sa parole, de sa vérité, de son amour. Le prêtre doit se tenir droit, sans crainte et prêt à encaisser des outrages pour le Seigneur, comme il est mentionné dans les Actes des Apôtres: ceux-ci étaient “tout joyeux d’avoir subi des outrages par amour du nom de Jésus“ (5, 41).

Passons maintenant à la seconde expression, que le Canon II reprend du texte de l’Ancien Testament – “se tenir devant toi et te servir“. Le prêtre doit être une personne juste, vigilante, une personne qui se tient droit. A tout cela s’ajoute ensuite le service. Dans le texte vétérotestamentaire, ce mot a un sens essentiel rituel: les prêtres sont chargés de tous les actes de culte prévus par la Loi. Mais cette action selon le rite était ensuite classée comme service, comme une responsabilité de service, ce qui explique dans quel esprit ces activités devaient être effectuées. Lorsque le mot “servir“ est employé dans le Canon, c’est cette signification liturgique du terme qui est d’une certaine façon adoptée – conformément à la nouveauté du culte chrétien. Ce que le prêtre fait à ce moment, dans la célébration de l’Eucharistie, c’est servir, rendre un service à Dieu et aux hommes. Le culte que le Christ a rendu au Père a été le don de soi jusqu’à la fin pour les hommes. C’est dans ce culte, dans ce service, que le prêtre doit s’insérer. Ainsi, le mot “servir“ comporte de nombreuses dimensions. Bien sûr, il inclut la célébration correcte de la Liturgie et des Sacrements en général, accomplie avec une participation intérieure. Nous devons apprendre à comprendre de mieux en mieux la Liturgie sacrée dans toute son essence, à développer une familiarité vivante avec elle, pour qu’elle devienne l’âme de notre vie quotidienne. Et, lorsque nous célébrons comme il faut, l’ars celebrandi – l’art de célébrer – apparaît de lui-même. Dans cet art, il ne doit rien y avoir d’artificiel. Si la liturgie est un devoir central pour le prêtre, cela veut dire aussi que la prière doit être une réalité prioritaire à apprendre encore et encore, toujours plus profondément à l’école du Christ et des saints de tous les temps. La Liturgie chrétienne, par sa nature même, est toujours aussi une annonce. Nous devons donc être familiers de la Parole de Dieu, l’aimer et la vivre: alors seulement nous pourrons l’expliquer de manière appropriée. “Servir le Seigneur“ – le service sacerdotal signifie justement aussi apprendre à connaître le Seigneur dans sa Parole et à Le faire connaître à tous ceux qu’Il nous confie.

Enfin il y a encore deux autres aspects qui font partie de ce service. Personne n'est aussi proche de son seigneur que le serviteur, qui a accès au côté le plus privé de sa vie. En ce sens, “servir“ signifie proximité et implique l’intimité. Cette intimité comporte également un risque: que le sacré que nous rencontrons en permanence devienne habitude. C’est ainsi que la crainte révérencielle peut se dissiper. Conditionnés par toutes les habitudes, nous ne percevons plus le fait – grand, neuf et surprenant – qu’Il soit présent, qu’Il nous parle, qu’Il se donne à nous. Nous devons lutter sans répit contre cette accoutumance à la réalité extraordinaire et contre l’indifférence du cœur, en reconnaissant encore et toujours notre insuffisance et la grâce qui existe lorsqu’Il se remet ainsi en nos mains. Servir signifie proximité, mais cela signifie aussi et surtout obéissance. Le serviteur est soumis à la formule: "Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne!" (Lc 22, 42). C’est par ces mots que, au Jardin des Oliviers, Jésus a mis fin à la bataille décisive contre le péché, contre la rébellion du cœur déchu. Le péché d’Adam était justement de vouloir accomplir sa volonté et non celle de Dieu. L’humanité est toujours tentée de vouloir être totalement autonome, de suivre uniquement sa propre volonté et de penser que c’est seulement ainsi que nous serons libres, que c’est seulement grâce à une telle liberté sans limites que l’homme sera complètement homme. Mais c’est justement ainsi que nous nous opposons à la vérité. La vérité, c’est que nous devons partager notre liberté avec les autres et que nous ne pouvons être libres que lorsque nous sommes en communion avec eux. Cette liberté partagée ne peut être une vraie liberté que si nous entrons avec elle dans ce qui constitue la mesure même de la liberté, si nous entrons dans la volonté de Dieu. Cette obéissance fondamentale qui fait partie de l’être de l’homme – non pas un être par soi et seulement pour soi – se concrétise encore davantage pour le prêtre: ce que nous annonçons, ce n’est pas nous-mêmes, mais Lui et sa Parole, que nous ne pouvions pas concevoir par nous-mêmes. Nous n’annonçons la Parole du Christ correctement que dans la communion de son Corps. Notre obéissance, c’est croire avec l’Eglise, penser et parler avec l’Eglise, servir avec elle. Cela est bien dans ligne de ce que Jésus avait prédit à Pierre: "Un autre te mènera où tu ne voudrais pas". Se laisser mener là où nous ne voulons pas aller est une dimension essentielle de notre service. C’est justement cela qui nous rend libres. En étant ainsi guidés, ce qui peut être contraire à nos idées et à nos projets, nous expérimentons ce qui est nouveau – la richesse de l’amour de Dieu.

"Se tenir devant Lui et Le servir": Jésus-Christ, en tant que vrai grand-prêtre du monde, a donné à ces mots une profondeur que l’on n’imaginait pas avant lui. Lui qui, comme Fils, était et est le Seigneur a voulu devenir ce serviteur de Dieu annoncé par la vision que l’on trouve dans le Livre du prophète Isaïe. Il a voulu être le serviteur de tous. Il a représenté l’ensemble de sa grande-prêtrise par le geste du lavement des pieds. Avec le geste de l’amour jusqu’à la fin, Il lave nos pieds sales. Avec l’humilité de son service, il nous purifie de la maladie de notre orgueil. Ainsi, il nous rend capables de partager la table de Dieu. Il est descendu et la véritable montée de l’homme se réalise maintenant, lorsque nous descendons avec Lui et vers Lui. La Croix est son élévation. C’est la descente qui va le plus bas et, en tant qu’amour poussé jusqu’à la fin, c’est en même temps le sommet de la montée, la véritable “élévation“ de l’homme. "Se tenir devant Lui et Le servir" – cela signifie maintenant entrer dans son appel de serviteur de Dieu. L’Eucharistie comme présence de la descente et de la montée du Christ renvoie donc toujours, au-delà d’elle-même, aux nombreuses façons de servir l’amour du prochain. En ce jour, demandons au Seigneur le don de pouvoir renouveler, en ce sens, notre “oui“ à son appel: "Me voici. Envoie-moi, Seigneur" (Is 6, 8). Amen.

À suivre ...

(Source : www.chiesa)

Semaine sainte: les homélies cachées de Benoît XVI (introduction)


Semaine sainte: les homélies cachées de Benoît XVI: Dimanche des Rameaux

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents