Des communautés dynamiques font vivre le christianisme
Si la pratique religieuse continue à baisser, le dynamisme des communautés lui permet de résister dans plusieurs régions.
Plus que l’héritage d’un catholicisme historique, c’est là où existent des communautés vivantes que la pratique religieuse se maintient : tel est l’enseignement de l’enquête sur l’implantation du christianisme que l’Ifop a réalisée entre 2004 et 2007 auprès de 111 000 Français.
Une étude qui souligne la baisse du nombre de catholiques en France : 64,6 % en 2007, contre 68,7 % en 2001. Plus inquiétante encore est la baisse du nombre de pratiquants réguliers : 8,6 %, contre 9,9 % qui allaient à la messe au moins une fois par mois en 2001.
Cette enquête sur un très large échantillon de la population permet surtout de constater des évolutions différentes selon les régions. On retrouve ainsi les régions de forte tradition catholique, qui continuent à bien résister : le Grand Est (Lorraine, Alsace, Franche-Comté et jusqu’en Saône-et-Loire), le sud du Massif central, les Pyrénées-Atlantiques. Et aussi, dans une moindre mesure, le Nord-Pas-de-Calais et la Haute-Savoie.
L’enquête souligne aussi des mutations. Ainsi en Bretagne, avec un réel recul du catholicisme en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère, tandis que la Loire-Atlantique est aujourd’hui au même niveau que les Côtes-d’Armor, département traditionnellement déchristianisé. Une évolution à rapprocher de celle du vote d’une Bretagne dont les électeurs démocrates-chrétiens semblent s’être durablement ancrés à gauche.
À l’inverse, des régions considérées autrefois comme traditionnellement peu catholiques sont aujourd’hui au-dessus de la moyenne. C’est le cas de la Corrèze ou du très radical-socialiste Tarn-et-Garonne. « Des zones où la déchristianisation précoce s’est arrêtée plus tôt », explique Jérôme Fourquet. Ce sont aussi des zones rurales et où la population a vieilli.
Car les cartes de l’Ifop montrent à quel point la déchristianisation touche d’abord les zones urbaines : Nantes et Rennes (qui expliquent la mutation dans l’Ouest), Strasbourg, mais aussi le Rhône, l’Isère, la Gironde, Marseille et le Grand Bassin parisien sont au-dessous de la moyenne du nombre de catholiques.
L’Île-de-France se distingue toutefois par un taux de pratique religieuse supérieur à la moyenne, l’Ouest parisien très pratiquant suffisant à combler les chiffres beaucoup plus bas de l’Est. Ainsi, même si les catholiques y sont proportionnellement moins nombreux, ils parviennent à remplir les églises et à créer une dynamique.
« C’est peut-être aussi la conséquence de l’arrivée massive de personnes âgées qui amène avec eux leur pratique. Mais ce phénomène ne se constate pas dans les Alpes-Maritimes voisines : il est donc clair que le catholicisme militant a des effets dans le Var », reconnaît Jérôme Fourquet.
Autre exemple, et autre visage d’Église dans le Nord-Pas-de-Calais, qui pratique plus que la moyenne nationale : signe que, malgré l’urbanisation, le traditionnel tissu catholique social y est toujours vivant. « En fait, constate Jérôme Fourquet, dès qu’il existe des communautés chrétiennes avec une réelle activité, cela se traduit dans les chiffres. »
Nicolas SENEZE