Le 12 mars 2024 s'est tenue au Collège de France, une conférence sur le thème "Comment lire la Bible". En 1943, l'encyclique Divino Afflante Spiritu a abandonné la lecture fondamentaliste de la Bible (?) pour une lecture critique ce qui a permis une réflexion sur l'interprétation de la parole divine. Cependant, ces lectures restent orientées par la foi chrétienne. Or, la Bible nécessite d'abord la connaissance des langues anciennes (hébreu, grec, araméen), puis l'interprétation en tenant compte des présupposés. Le risque de déformer le texte reste constant, nécessitant un travail collectif. Pour Marie-Noëlle Thabut, la Bible conteste la soumission et invite à la liberté dans le commentaire.
Note
L'allégation selon laquelle jusqu'en 1943 l'Église aurait pratiqué une lecture fondamentaliste de la Bible est pour le moins péremptoire. La méthode historico-critique a certes porté du fruit, mais elle a aussi eu ses dérives. Elle-même conteste la soumission et invite à la liberté.
Les Pères connaissaient parfaitement l’Écriture, où ils s’aventuraient comme en un pays familier et hospitalier. Pour eux, il était impensable de faire de la théologie sans s’appuyer sur elle. En France, la prestigieuse collection Sources Chrétiennes atteste de l'apport durable de leurs contributions.
Depuis Origène au troisième siècle, les Pères de l'Église ont distingué différents sens de l'Écriture : le sens littéral, le sens allégorique, le sens moral ou tropologique, et le sens anagogique.
Les commentaires bibliques des Pères de l'Église sont d'une richesse incomparable dont les exégètes d'aujourd'hui ne pourront pas faire l'économie. Leur amour et leur science de l’Écriture en font des exégètes hors pair. Leur influence ne fut pas négligeable dans le renouveau des études bibliques. Leurs interprétations spirituelles des Écritures restent insurpassables, et continuent d’alimenter notre spiritualité. Enfin, ils constituent des exemples aboutis d’une intelligence de la foi qui réagit aux situations des temps présents. En tant que tels, ils représentent des modèles pour les penseurs chrétiens actuels, soucieux de répondre aux défis de notre époque.
Pour toutes ces raisons, les Pères de l’Église, en plus d’être nos aînés dans la foi, constituent également des tuteurs et des guides pour nous aider à aller de l’avant dans une civilisation qui est en passe de devenir aussi païenne que celles qu’ils connurent en leurs temps. (J-M Castaing)
Les commentaires des scolastiques sont eux aussi d'une importance fondamentale. Et qui n'a pas remarqué la richesse de l'intelligence de l'Écriture chez Thérèse de Lisieux, par exemple, parmi bien d'autres.
Dernière remarque : le prénom de Mme Thabut est non pas Marie-Noël, mais Marie-Noëlle.