L’abbé Pierre est accusé d’agressions sexuelles et de viol. Les victimes avaient commencé à parler il y a 30 ans.
AU SOMMAIRE
Ce qui est repproché à l’Abbé Pierre
A ce jour, on parle de sept témoignages initiaux (rapport d’Egaé, commandé par Emmaüs), et d’un huitième publié trois jours plus tard. Mais il semble probable que d’autres témoignages émergent dans les jours à venir.
Trois jours après la publication du rapport, un nouveau témoignage émerge
Les victimes de l’abbé Pierre n’ont pas mis 30 ans à parler. Nous avons mis 30 ans à les entendre : “Le scandale, c’est que durant 35 ans, il ait pu commettre ces méfaits en toute impunité” Soeur Véronique Margron
Un problème connu des évêques dès 1954-1955
Toute une génération [celle du début] savait que l’abbé Pierre dérapait
Des témoignages reccueillis dans le cadre de la CIASE
Selon la CIASE, les évêques informés et les responsables d’Emmaüs ont étouffé les affaires
Juillet 2024, la conférence des évêques de France “apprend avec douleur les témoignages recueillis”
Appel à témoignages
Remarques en vrac
Pourquoi avoir recours à un cabinet externe, alors que l’Eglise pourrait enquêter elle-même ?
Le vécu des victimes
A propos de victimes qui ne seraient inéressées que par l’agent
Pourquoi enquêter, alors que l’Abbé Pierre est mort ?
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LE MEA CULPA DU DR JÉRÔME BARRIÈRE
Je dois faire un mea culpa
— Dr Jérôme BARRIERE, MD. (@barriere_dr) July 20, 2024
J’ai réagi à chaud en apprenant la mise en cause de l’abbé Pierre pour des faits d’agression sexuelle alors que celui ci est mort il y a 17 ans
J’ai pu maladroitement parler de « présomption d’innocence bafouée » influencé par la nature de… pic.twitter.com/z2k8yTslex
#AbbéPierre
— Natalia Trouiller (@ntrouiller) July 20, 2024
Extrait de Paysan de la rive droite, du théologien André Paul, Cerf, coll. Patrimoines, 314p., 2023.
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Extrait de Paysan de la rive droite, du théologien André Paul, Cerf, coll. Patrimoines, 314p., 2023.
Tout cela est tristement, banalement systémique. Et on est là à la croisée de deux systèmes. Le système ecclésial d'abord.
L'Eglise Catholique en France qui "apprend avec douleur" l'existence de victimes, quand on lit ça dans le Journal Le Monde aujourd'hui sous la plume de 4 chercheurs de la CIASE, non.
A Emmaüs aussi donc, "ça" se savait, à bas bruit, dans les cercles autorisés. Same on, same on. Et c'est là qu'on touche à l'autre système.
Le système médiatique. L'abbé était certes vaguement incardiné dans le diocèse de Grenoble mais enfin, soyons clairs: l'évêque qui se serait risqué à essayer d'exercer un embryon de contrôle sur Henri Grouès se serait fait jeter aux lions.
Et là, on est plus proches du système qui a protégé PPDA que celui qui a protégé Marie-Dominique Philippe.
Et pourtant.
Pourtant, tout était sous nos yeux. Sous les yeux du moins de ceux qui aujourd'hui publient force communiqués pour dire leur stupéfaction.
Tenez, la dernière livraison de la Revue Études par exemple.
Voici ce qu'on lit sous la plume de Jean-Louis Schleguel dans la recension du livre d'André Paul cité ci-dessus. Voici le bout de la recension consacré aux révélations diverses que contient le livre.
"Des morsures, il y en a, [...] et elles rendent, il faut bien le dire, la lecture souvent réjouissante, si atterrantes soient-elles parfois pour leurs victimes".
"Victimes" désignant, on l'a bien compris, ceux qui voient leur comportement ainsi exposé.
C'est vrai quoi, un prêtre qui harcèle des femmes, mais barre de rire. On a dû appeler la police, à se taper sur les cuisses. Fort heureusement, tout ceci s'est réglé entre hommes, pardon, entre gens de bonne compagnie, à l'amiable.
Vous le voyez, le système ?
Alors, pourquoi maintenant ? Simplement parce qu'une des victimes est allée voir
Véronique Magron
. Qu'elle a été crue, qu'elle s'est entendu dire : c'est grave, il faut faire quelque chose. Et ça me bute que 3 ans après la CIASE on en soit encore là.
Ça veut dire que aujourd'hui encore dans l'Église catholique en France, si on n'en pas soutenu par un poids lourd, et y'a pas franchement de quoi remplir Bercy avec ceux prêts le faire, rien ne bouge.
Fatigue.
Le rapport de la CIASE, faut-il le rappeler, n'était qu'un éclairage sur notre passé.
Le fait qu'il existe n'a pas fait cesser les abus ni le violences sexuelles.
Cela continue, et continuera tant que la systémie perdurera⏹️
MON COMMENTAIRE
Une chose que je ne comprends pas: pourquoi cet abbé, qui - chose qu’on ne rappelle jamais - était en faveur de l'homoparentalité, la contraception, le mariage des prêtres, le sacerdoce des femmes, mais contre l'obligation de l'eucharistie dominicale, contre les dogmes, de l'Immaculée Conception et de l'Assomption de la Vierge Marie, et j’en passe, n’a jamais été sanctionné par ses supérieurs, alors que c’était de notoriété publique !
Quand il est mort, c’était un concert unanime de louanges. jJe n'ai alors guère entendu d'autres voix que la mienne mettant un bémol à la partition. Ce n'est qu'à la fin de la semaine que j'ai eu connaissance d'un avis allant dans le sens où j'avais moi-même écrit:
« Une tendance à la déconfessionnalisation n'a pas épargné l'œuvre même de l'abbé Pierre. Sans vouloir émettre de jugement définitif à ce sujet, on nous permettra quand même de souligner à l'heure de la disparition de l'apôtre moderne de la charité que l'humanitarisme, si estimable soit-il, ne prend pas forcément la mesure la plus ultime de l'homme et, quoi qu'il en soit, l'histoire future puisera toujours dans la Révélation le sens le plus déterminant de l'éminente dignité des pauvres, puisqu'elle est associée intimement à la charité d'un Dieu vivant. » (Gérard Leclerc)
Certains chrétiens en France, très engagés dans l'annonce de l'Évangile, se sentant eux-mêmes plus ou moins marginalisés, se réjouissent de la popularité de l'Abbé Pierre, en déplorant la teneur de mon article. Ainsi quelqu'un m'a écrit dans un courrier électronique:
« Par les temps qui courent, il est à la mode pour tous les médias de "bouffer du catho" à toutes les sauces, le moindre prétexte y est bon. Pour une fois que l'on a une figure catholique - médiatique - qui ait bonne presse... »
C'est vrai: l'Église, elle, a mauvaise presse. Quand les médias semblaient faire une exception pour une figure jugée par eux "charismatique", la tentation est alors grande de suivre le mouvement. N'est-on pas alors victime de la nostalgie d'un certain triomphalisme, en dépit de ce que Jésus nous laisse entrevoir?
« Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous :
c'est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes. » (Lc 6, 26)