Le Haut-Karabakh, situé dans ce qui est aujourd'hui le sud-ouest de l'Azerbaïdjan, abrite un trésor de patrimoine chrétien arménien - églises, monastères, khachkars et autres objets culturels qui témoignent de la foi et de la culture du peuple arménien. Ces précieux éléments de l'histoire arménienne sont toutefois systématiquement effacés de la région.
Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a récemment publié un rapport détaillé intitulé « L'effacement systématique du patrimoine chrétien arménien dans le Haut-Karabakh ». Ce rapport cherche à attirer l'attention sur la destruction et le révisionnisme du patrimoine chrétien arménien, à évaluer la réponse internationale à ce jour et à fournir des recommandations pour lutter contre l'effacement culturel qui se produit au Haut-Karabakh.
Le rapport de l'ECLJ fournit une liste exhaustive et un examen détaillé des sites religieux qui ont été détruits, endommagés ou menacés par l'Azerbaïdjan entre septembre 2023 et juin 2024. Le rapport détaille également le révisionnisme culturel mené par l'Azerbaïdjan. Pour parvenir à un effacement culturel complet, l'Azerbaïdjan ne s'est pas contenté de détruire le patrimoine arménien, il nie également son existence.
L'impact du rapport de l'ECLJ
L'ECLJ s'est engagé à utiliser son rapport pour inciter les institutions internationales à protéger le patrimoine chrétien arménien. D'ores et déjà, «L'effacement systématique du patrimoine chrétien arménien au Haut-Karabakh» a influencé le dialogue autour de la destruction dans le Caucase du Sud.
Le 26 juin 2024, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a adopté la résolution 2558 (2024), «Lutter contre l'effacement de l'identité culturelle en temps de guerre et de paix». Cette résolution condamne la destruction méthodique des monuments historiques ukrainiens et la décontextualisation des artefacts culturels ukrainiens par le biais du révisionnisme culturel.
Avant l'adoption de cette résolution, pour attirer l'attention sur l'effacement culturel dans le Haut-Karabakh, l'ECLJ a présenté son dernier rapport aux députés de l'APCE et les a exhortés à dénoncer les horribles destructions commises par l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh. L'ECLJ a également contacté la rapporteuse Mme Yevheniia Kravchuk (Ukraine), l'autrice du projet de résolution, pour la remercier de son travail sur l'effacement culturel en Ukraine et d'avoir pris en considération les destructions au Haut-Karabakh dans son rapport.
Des délégués tels que M. Hayk Mamijanyan (Arménie), M. Gergely Arató (Hongrie) et Mme Sona Ghazaryan (Arménie) ont utilisé la tribune pour souligner la situation épouvantable dans le Haut-Karabakh et la nécessité de concentrer les efforts pour protéger ce qui reste du patrimoine culturel de la région. L'ECLJ exhorte l'APCE à écouter les paroles de M. Mamijanyan qui a déclaré lors du débat sur la résolution: «Restons unis dans notre engagement à protéger et à préserver l'identité culturelle de toutes les nations, en veillant à ce que l'histoire, aussi vulnérable soit-elle, ne soit jamais oubliée».
M. Arató a souligné la nécessité de s'opposer à l'Azerbaïdjan en déclarant que « le mépris du droit international et de l'autodétermination culturelle du peuple arménien dans le cas du Haut-Karabakh est troublant. [...] Si nous acceptons la destruction des valeurs culturelles et de l'identité nationale dans le cas d'un seul pays, d'une seule région, nous ne serons pas non plus protégés si notre culture et notre identité sont en danger ».
L'APCE doit agir pour protéger le patrimoine en danger au Haut-Karabakh
L'ECLJ se réjouit de la nouvelle résolution et de sa protection du patrimoine culturel ukrainien. La résolution 2558 appelle les États membres à «promouvoir une protection efficace des identités culturelles, du patrimoine culturel et des droits culturels menacés». La résolution demande également aux États membres de «mettre en commun leurs ressources et de coordonner leurs actions» pour aider l'Ukraine, mettre fin à la destruction culturelle et soutenir les efforts de rétablissement et de reconstruction.
Il est impératif que l'APCE adopte une résolution similaire demandant une protection spécifique du patrimoine chrétien arménien en danger. Comme l'a souligné Mme Ghazaryan, «la préservation des monuments historiques et culturels est notre responsabilité collective, quelle que soit leur origine culturelle et nationale, car il est de notre responsabilité collective de protéger notre histoire humaine commune». La même menace d'effacement culturel total qui pèse sur l'Ukraine pèse sur le Haut-Karabakh. L'APCE doit agir avant qu'il ne soit trop tard.
Le rapport de l'ECLJ a contribué à souligner l'importance de la protection des sites culturels dans le monde entier, et l'ECLJ continuera à attirer l'attention des institutions internationales sur cette question jusqu'à ce que la protection du patrimoine chrétien arménien soit assurée.
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