« Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. C’est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements ».
Cet évangile du 8ème dimanche ordinaire peut nous paraître difficile à comprendre : qui en effet ne doit pas se soucier du lendemain, s’il ne veut pas mourir de faim ? Qui ne doit pas prendre sur
lui ce souci, au moins au regard des siens, de sa famille ?
Et Jésus de surenchérir : « Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles, ni moissons et votre père céleste les nourrit. ».
Notre juste question peut être, face à ces propos : Si Dieu nourrit les oiseaux et revêt les fleurs, pourquoi laisse-t-il tant d’homme mourir de faim ou végéter dans une misère indicible
?
Mais Jésus ne vient pas répondre à une question à résoudre d’un coup de baguette magique mais il pose la question fondamentale de l’attitude de l’homme à qui tout a été donné pour répondre aux
problèmes : nul ne peut servir deux maîtres !
Et il est vrai que, dans leur disposition de fond, ces deux maitres sont inconciliables et donc il nous faut choisir l’un comme notre maître, que nous servirons.
L’un des maîtres est Dieu, de qui proviennent tous les biens. Dieu qui, rappelons-nous la parabole des talents, nous remet aussi ses biens à administrer pour les recevoir de nous-mêmes en retour,
augmentés, avec les intérêts. A quoi servirait donc la vertu de bonté si nous n’étions pas de plus en plus bons et enclin à plus de partage ? L’amour a cette qualité de n’exister que s’il se
renouvelle, que s’il s’amplifie sans cesse sinon il se dénature et plus personne n’y trouve sa raison de vivre. Dieu n’a de cesse, qu’avec lui notre amour s’amplifie jusqu’à aimer à sa mesure,
c’est-à-dire sans mesure.
L’autre maître est le bien-être comme valeur suprême, et un bien suprême est toujours élevé au rang d’une divinité. Une divinité que l’on cultive, que l’on identifie à sa propre image et que l’on
l’affuble même parfois du nom de Dieu.
(à suivre)