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Publié par dominicanus

Et aussi contre une revue de Communion et Libération. "Avec un bon cœur, on peut faire des choses mauvaises", écrit-il. Et il explique pourquoi les diplomaties parallèles de ces deux mouvements font plus de mal que de bien aux catholiques chinois 

 

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ROME, le 9 février 2012 – À l’issue de la première journée du grand événement international "Jésus notre contemporain" – qui a commencé aujourd’hui à Rome et auquel www.chiesa a consacré son précédent article – l’attention est attirée par une interview accordée au père Bernardo Cervellera par le cardinal Joseph Zen Zekiun, combattant indomptable de la liberté et de l'unité de l’Église catholique en Chine.

Mais déjà, la veille de cette prise de parole publique, le combatif cardinal avait montré quel genre d’homme il est. Dans un article cinglant diffusé par "Asia News", l'agence de presse de l’Institut Pontifical des Missions Étrangères qui publie aussi ses articles en chinois et est justement dirigée par le père Cervellera.

Le cardinal Zen a voulu ajouter à son article ce sous-titre : "En dialogue avec la Communauté de Sant'Egidio et avec Gianni Valente de '30 Jours'".

Un sous-titre qui dit tout de suite quelle est la double cible de la polémique lancée par le cardinal.

Le cardinal Zen reproche à la Communauté de Sant'Egidio d’avoir invité avec tous les honneurs au meeting interreligieux de Munich – organisé en grande pompe par cette communauté du 11 au 13 septembre 2011 – un évêque chinois qui a gravement désobéi au pape en participant, le 14 juillet dernier, à l'ordination illicite d’un nouvel évêque non approuvé par Rome mais imposé par les autorités chinoises.

Le cardinal Zen reproche à la revue "30 Jours" et à son spécialiste des affaires chinoises, Gianni Valente, d’avoir interviewé – sans rien objecter à ses affirmations – ce même évêque "qui porte gravement préjudice à l’unité de l’Église" et qui, d’autre part, "n’est pas libre de dire ce qu’il pense", dans la mesure où il est solidement tenu par le régime communiste.

La revue "30 Jours" a un important rayon d’action. Elle est publiée en six langues et envoyée gratuitement à de nombreux évêques et supérieurs religieux dans le monde entier. Elle est dirigée par le sénateur à vie Giulio Andreotti, ancien premier ministre et ministre des Affaires étrangères de nombreux gouvernements italiens. Et elle est rédigée par des gens qui appartiennent à Communion et Libération.

Communauté de Sant'Egidio, Communion et Libération : ces deux mouvements sont connus pour leur engagement à l’échelle internationale. Le premier y a même gagné le surnom d’"ONU du Trastevere", du nom du quartier de Rome où se trouve son siège.

Mais cela ne signifie pas que la diplomatie vaticane porte toujours un jugement positif sur l'activisme de ces deux diplomaties parallèles.

Bien au contraire. Les dirigeants qui, au Vatican, s’occupent de la Chine considèrent que les activités de la Communauté de Sant'Egidio et celles de "30 Jours" en ce qui concerne ce pays font plus de mal que de bien, dans la mesure où elles sont trop influencées par la politique de Pékin.

En ce qui concerne la Communauté de Sant'Egidio, cette sujétion au régime a été constante depuis que ce mouvement s’occupe de la Chine. Dans le cas de la revue de Communion et Libération, en revanche, c’est une nouveauté qui date de ces dernières années.

Dans le passé, la communauté fondée par le père Luigi Giussani s’était en effet distinguée par son combat acharné en faveur des communautés chrétiennes opprimées par le pouvoir communiste, dans les pays de l'ex empire soviétique.

Même alors, l'anti-diplomatie de CL n’était pas bien vue par les autorités vaticanes, qui cherchaient au contraire à négocier des concessions même minimes, mais à prix élevé, avec les régimes communistes. C’était l’époque de ce que l’on appelait l’Ostpolitik, dont le principal stratège était Agostino Casaroli, d’abord ministre des Affaires étrangères puis secrétaire d’état.

Dans l'article du cardinal Zen publié par "Asia News" il y a un passage très intéressant. C’est celui où il accuse le Saint-Siège d’avoir voulu réactiver avec la Chine, ces dernières années, précisément la "désastreuse" diplomatie de l'Ostpolitik.

Le principal responsable de ce retour au passé aurait été – selon Zen – le cardinal Ivan Dias, en sa qualité de préfet de la congrégation vaticane pour l'évangélisation des peuples entre 2006 et 2011. Dias venait de la diplomatie vaticane, où il avait travaillé avec Casaroli.

Mais aujourd’hui il y a au dicastère "de propaganda fide" un nouveau stratège pour les relations avec la Chine, qui ignore les faiblesses et qui est très proche de Zen, l'archevêque chinois Savio Hon Taifai.

En conséquence, le contraste s’est accentué entre la fermeté retrouvée du Saint-Siège en ce qui concerne la Chine et les initiatives de la Communauté de Sant'Egidio ou de "30 Jours".

Le cardinal Zen décrit clairement ce contraste, à la fin de son article publié par "Asia News" :

"Le vrai bien, pour l’Église qui est en Chine, ce n’est pas de continuer à marchander avec des organismes qui sont non seulement étrangers mais clairement hostiles à l’Église, mais de mobiliser les évêques et les fidèles pour qu’ils s’en débarrassent".

Voici le lien permettant de lire le texte intégral de son article :

> Zen : Quel est le vrai bien pour l'Église en Chine

Et voici l'interview consacrée par "30 Jours" à l’évêque chinois Jean-Baptiste Li Suguang, contre laquelle le cardinal Zen s’est insurgé :

> "L'Église en Chine n'a pas changé un iota à la Tradition apostolique"



À propos de l’opposition entre la diplomatie du Saint-Siège et la Communauté de Sant'Egidio :

> Journal du Vatican / Sant'Egidio en liberté surveillée (29.12.2011)

Un effet de cette opposition est la froideur avec laquelle la secrétairerie d’état du Vatican a accueilli la récente nomination du fondateur de la Communauté de Sant'Egidio, Andrea Riccardi, comme ministre de l'actuel gouvernement italien.


Tous les articles de www.chiesa à ce sujet :

> Focus CHINE

Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

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