Chers frères et sœurs,
L’Evangile d’aujourd’hui, ce cinquième dimanche du Temps pascal, s’ouvre par l’image de la vigne : « Jésus dit à ses disciples : « Je suis la vrai vigne, et mon Père est le vigneron » » (Jn 15, 1). Souvent, dans la Bible, Israël est comparé à la vigne féconde lorsqu’il est fidèle à Dieu, mais, s'il s’éloigne de lui, il devient stérile, incapable de produire ce « vin qui réjouit le cœur de l’homme », que chante le psaume 104 (v. 15). La vraie vigne de Dieu, la vigne véritable, c’est Jésus, qui, par son sacrifice d’amour, nous donne le salut, nous ouvre la voie pour faire partie de cette vigne. Et comme le Christ demeure dans l’amour de Dieu le Père, de même les disciples, sagement émondés par la Parole du Maître (cf. Jn 15, 2-4), se sont profondément unis à lui, devenant ainsi des sarments féconds qui produisent une récolte abondante. Saint François de Sales écrit : « Le sarment, uni et joint au cep, porte du fruit, non en sa propre vertu, mais en la vertu du cep. Or, nous sommes unis par la charité à notre Rédempteur comme les membres au chef, … les bonnes oeuvres, tirant leur valeur d’icelui, méritent la vie éternelle » (Traité de l’Amour de Dieu, XI, 6, Paris, 1984, 476).
Le jour de notre baptême, l’Eglise nous greffe comme des sarments sur le Mystère pascal de Jésus, sur sa personne même. De cette racine, nous recevons la précieuse sève pour participer à la vie divine. En tant que disciples, nous aussi, avec l’aide des Pasteurs de l’Eglise, nous grandissons dans la vigne du Seigneur liés par son amour. « Si le fruit que nous devons porter est l’Amour, cela présuppose précisément de « demeurer », élément qui est profondément lié à la foi que nous laisse le Seigneur » (Jésus de Nazareth, Paris, 2007, 289). Il est indispensable de demeurer toujours unis à Jésus, dépendre de lui, parce que sans lui, nous ne pouvons rien faire (cf. Jn 15, 5).
Dans une lettre écrit par Jean le Prophète, qui a vécu dans le désert de Gaza au Ve siècle, un fidèle pose cette question : "Comment tenir ensemble la liberté de l’homme er le fait de ne rien pouvoir faire sans Dieu ?" Et le moine répond : "Si l’homme incline son cœur vers le bien et demande à Dieu de l’aider, il reçoit la force nécessaire pour accomplir son œuvre". C’est pourquoi la liberté de l’homme et la puissance de Dieu marchent ensemble. C'est possible parce que le bien vient du Seigneur, mais il est accompli grâce à ses fidèles (cf. Ep. 763, SC 468, Paris 2002, 206). Le vrai « demeurer » dans le Christ garantit l’efficacité de la prière, comme le dit le bienheureux cistercien Guerric d’Igny : « Ô Seigneur Jésus … sans toi nous ne pouvons rien faire. Tu es en effet le véritable jardinier, le créateur, le cultivateur et le gardien de ton jardin, toi qui plantes par ton verbe, qui irrigues par ton esprit, qui fait croître par ta puissance » (Sermo ad excitandam devotionem in psalmodia, SC 202, 1973, 522).
Chers amis, chacun de nous est comme un sarment, qui vit seulement s’il fait grandir chaque jour dans la prière, dans la participation aux sacrements, dans la charité, son union avec le Seigneur. Et qui aime Jésus, la vraie vigne, produit des fruits de foi pour une récolte spirituelle abondante. Supplions la Mère de Dieu afin que nous restions solidement greffés en Jésus, et que chacune de nos actions ait en lui son commencement et en lui son accomplissement.
Traduction d'Anita Bourdin (Zenit)