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Publié par dominicanus

4. En tant que pasteurs de l’Église envoyés à l’homme de notre temps, nous devons être bien conscients de cette tentation, sous ses multiples aspects, non pas pour “juger l’homme”, mais pour aimer davantage encore cet homme: “aimer” veut toujours dire d’abord “comprendre”.

En même temps que cette attitude que nous pourrions appeler passive, il nous faut avoir, d’une manière d’autant plus profonde, une attitude positive, je veux dire être conscient de ce que l’homme historique est très profondément inscrit dans le mystère du Christ, être conscient de la capacité anthropologique de ce mystère, de “la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur”, selon l’expression de saint Paul.

Nous devons ensuite être particulièrement disposés au dialogue. Mais il faut avant tout définir sa signification principale et ses conditions fondamentales.

Selon la pensée de Paul VI, et on peut dire aussi du Concile, le “dialogue” signifie certainement l’ouverture, la capacité de comprendre un autre jusqu’aux racines mêmes: son histoire, le chemin qu’il a parcouru, les inspirations qui l’animent. Il ne signifie ni l’indifférentisme, ni en aucune façon “l’art de confondre les concepts essentiels”; or malheureusement, cet art est très souvent reconnu comme équivalant à l’attitude du “dialogue”. Et il ne signifie pas non plus “voiler” la vérité de ses convictions, de son “credo”.

Certes, le Concile requiert de l’Église à notre époque qu’elle ait une foi ouverte au dialogue, dans les diverses cercles d’interlocuteurs dont parlait Paul VI; il requiert également que sa foi soit capable de reconnaître toutes les semences de vérité où qu’elles se trouvent. Mais, pour cette raison même, il requiert de l’Église une foi très mûre, une foi très consciente de sa propre vérité, et en même temps très profondément animés par l’amour.

Tout cela est important en raison de notre mission de pasteurs de l’Église et de prédicateurs de l’Évangile.

Il faut tenir compte du fait que ces formes modernes de la tentation de l’homme prenant l’homme comme absolu atteignent aussi la communauté de l’Église, deviennent aussi des formes de sa tentation, et cherchent ainsi à la détourner de l’auto-réalisation à laquelle elle a été appelée par l’Esprit de Vérité précisément par le Concile de notre siècle.

D’une part, nous nous trouvons face à la menace de l’athéisation “systématique”, et en un certain sens “forcée” au nom du progrès de l’homme; mais d’autre part il y a ici une autre menace, intérieure à l’Église: elle consiste à vouloir, de multiples façons, “se conformer au monde” dans son aspect actuel “évolué”.

On sait combien ce désir se distingue radicalement de ce qu’a enseigné le Christ; il suffit de rappeler la comparaison évangélique du levain et celle du sel de la terre, pour mettre en garde les Apôtres contre la ressemblance avec le monde.

Il ne manque pas toutefois de pionniers ni de “prophètes” de cette orientation du “progrès” dans l’Église.


VISITE PASTORALE À PARIS ET LISIEUX

DISCOURS DE JEAN-PAUL II
AUX ÉVÊQUES DE FRANCE

Paris, 1 juin 1980

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