En 2021, 1659 actes antireligieux ont (...) été recensés par le SCRT, dont 857 faits antichrétiens, 589 faits antisémites et 213 faits antimusulmans. Ces chiffres sont très certainement une sous-estimation, du fait de la non-systématicité de dépôt de plaintes par les victimes, du caractère souvent multifactoriel des atteintes et de l’absence d’interlocuteur du SCRT du côté du culte musulman. L’estimation du SCRT donne toutefois un minimum et constitue une source précieuse pour analyser les tendances, du fait de la permanence de la méthode utilisée.
On observe ainsi un plateau inquiétant d’actes antireligieux et une intensification de la violence. La communauté juive souligne le développement d’un antisémitisme de proximité (les victimes sont touchées à l’intérieur de leurs foyers, telle Sarah Halimi) et la scolarisation d’enfants dans des écoles privées par souci de sécurité. Les catholiques s’inquiètent de la montée des atteintes aux personnes (processions prises à partie à Paris et Nanterre, assassinat du père Hamel). La communauté musulmane pointe une stigmatisation des musulmans dans la société, en particulier après chaque attentat. Les protestants et les bouddhistes disent prendre conscience d’un nouveau risque. Tous constatent une multiplication des messages de haine sur les réseaux sociaux, nouveau front de la lutte contre la haine.
27 églises incendiées en 2023 selon l'Observatoire du patrimoine religieux
92% des faits anti-chrétiens recensés concernent les atteintes aux biens dont 752 sur les lieux de cultes.
Vers quatre heures du matin le 15 août le calvaire XVIIe du Tréport, situé en plein centre-ville, a été scindé en deux et abattu. La mairie a annoncé avoir porter plainte et qu’elle le restaurera. Plusieurs personnes auraient été aperçues auprès du calvaire, peu avant sa chute.
Alors que la Nouvelle-Calédonie est en proie à de violentes émeutes sur fond de tensions politiques et ethniques, cinq édifices catholiques ont été incendiés en un mois dont l’église Saint-Louis, reconnue comme le berceau de l’Église catholique sur l’archipel. Des actes inédits qui interrogent.
Notre-Dame-de-l’Assomption à l’Île des Pins, Sainte-Anne de Touho, Saint-Louis au Mont-Dore ou dernièrement l’église de Tyé, dans la commune de Poindimié : toutes ces églises de Nouvelle-Calédonie ont subi le même sort. Entre le 14 juillet et le 15 août, alors que l’archipel est en proie à de violents affrontements depuis trois mois, ces églises ou chapelles ont été incendiées par des émeutiers. Le presbytère de l’église Saint-François-de-Sales à Thio a, lui aussi, été totalement ravagé par les flammes dans la nuit du 19 au 20 juillet.
Dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 juillet 2024, l’église de Saint-Paul (Orne) a été dégradée avec des tags satanistes. Une plainte a été déposée par la mairie.
« C’est la première fois qu’une telle chose arrive dans la commune ». Marie Gobert, adjointe à la mairie de Saint-Paul (Orne), n’en revenait pas, comme tous les habitants, lorsqu’elle a découvert les inscriptions satanistes sur l’église.
Les dégâts à l’église constatés au matin
Les faits se sont déroulés dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 juillet 2024. « M. Jean Blais, qui ouvre les portes de l’église, a vu ces inscriptions dans la matinée », raconte Marie Gobert. Les faits se sont probablement déroulés entre 1 h et 7 h du matin.
Des croix à l’envers et des pentagrammes ont été dessinés et les statues de la façade ont été aspergées avec de la peinture rouge. Des écritures telles que « Faux Dieu », « menteur » et le chiffre « 666 », qui fait référence au diable, peuvent être observées.
Des tags satanistes qui « font peur »
« On connaît la signification de ces actes », observe l’adjointe. « Ça fait peur. Beaucoup d’habitants se sont réunis devant l’église, en se posant énormément de questions. On espère que cela ne va pas se reproduire ailleurs. »
En plein Carême, deux églises de la Seine-Maritime, Saint-Antonin à Hautot-sur-Seine et Saint-Jean-Baptiste au Val-de-la-Haye, ont été victimes de cambriolages, samedi 24 et dimanche 25 février 2024.
« Des objets sacrés ont été volés. Le Saint-Sacrement a été dérobé avec les hosties consacrées », fait savoir le diocèse de Rouen par voie de communiqué. Des plaintes ont été déposées à la gendarmerie.
« Un acte scandaleux »
« Les auteurs de ce sacrilège ont violé ce qu’il y a de plus saint pour les catholiques », poursuit le diocèse de Rouen.
Pour l’archevêque de Rouen Mgr Dominique Lebrun, « c’est terrible. La communauté chrétienne est touchée ». Les « hosties, c’est ce qu’il y a de plus sacré au sein de nos églises ».
Il demande aux voleurs de ramener les hosties, « votre cœur sera en paix », indique-t-il. Les deux églises resteront fermées tant qu’une « prière de réparation » n’aura pas lieu. Mgr Dominique Lebrun tient également à remercier les maires des deux communes qui ont « tout de suite fait ce qu’il fallait » en allant déposer plainte.
365 millions de chrétiens sont fortement persécutés et discriminés
365 MILLIONS DE CHRÉTIENS PERSÉCUTÉS ET DISCRIMINÉS POUR LEUR FOI EN 2024
L’Index 2024 fait le constat d’un nombre record d’églises ciblées. Cette explosion des violences contre l’Église entraîne un regain de la persécution. Aujourd’hui, les chrétiens sont fortement persécutés et discriminés dans 78 pays.
Alors que les Arméniens commémorent ce 24 avril le génocide de 1915, beaucoup s’inquiètent pour leur patrimoine au Haut-Karabakh. Depuis l’invasion par l’Azerbaïdjan en septembre 2023, les destructions de monuments religieux se sont multipliées. Des universitaires se mobilisent pour inventorier et cartographier les marques culturelles arméniennes dans la région.
Les tentatives de récupération ou de destruction du patrimoine arménien du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan se sont multipliées depuis l’exode forcé de sa population en septembre. Derrière eux, les Arméniens ont laissé un héritage culturel qui témoigne d’un art presque entièrement dédié à la religion chrétienne. Une liste officielle établie à l’époque soviétique recense plus de 4 000 monuments, dont une grande partie de la première moitié du Moyen Âge. Parmi ceux-ci, 33 monastères, 252 églises, 83 chapelles, 1 840 khatchkar (« pierres à croix », caractéristiques de l’art arménien) et 218 cimetières.
Le sort de cet héritage inquiète aujourd’hui de nombreux spécialistes. Subira-t-il celui du patrimoine arménien de la république autonome du Nakhitchevan ? Cette région, qui appartenait à l’Arménie avant sa soviétisation, a vu 98 % de son patrimoine détruit par les Azéris entre 1997 et 2011, selon un rapport publié par Caucasus Heritage Watch, un groupe d’universitaires américains qui documente les atteintes au patrimoine arménien du Nakhitchevan et du Haut-Karabakh.
Le 4 avril dernier, l’analyse de données satellitaires a rendu visible la destruction de l’église Saint-Jean-Baptiste, construite au XIXe siècle, dans la ville de Chouchi au Haut-Karabakh. Cet édifice, qui avait déjà été bombardé par l’Azerbaïdjan lors de la guerre de 2020, a été rasé. Face à ces destructions, des universitaires arméniens se mobilisent pour préserver ce patrimoine, bien qu’ils n’aient plus accès aux monuments et qu’une action de l’Unesco soit encore incertaine, celle-ci ne pouvant intervenir qu’avec l’accord du pays où se situent les monuments en péril.
Préserver la mémoire arménienne
Anna Leyloyan, historienne de l’art et maître de conférences à l’Inalco, a créé, en juin, l’ONG Hishatakaran – littéralement, « mémorial ». Ce groupe de chercheurs qui travaille depuis l’Arménie rassemble cinq Arméniens, dont deux réfugiés du Haut-Karabakh. Leur mission principale est « d’établir des passeports des différents monuments, du Haut-Karabakh », ce qui nécessite de « cartographier et d’inventorier ce patrimoine », en analysant « des images satellitaires, ou en se référant à des sources bibliographiques ou individuelles ».
Tous les « passeports » répondent aux mêmes exigences académiques, renseignant « l’indication géographique, un aperçu historique, et une description détaillée, enrichie d’illustrations ». Ils font aussi état de la situation des monuments « avant, pendant et après les guerres successives ». L’idée est « de fixer la mémoire des monuments », en préservant aussi « le patrimoine immatériel ». « Nous recensons les traditions autour des lieux de pèlerinages », illustre l’historienne de l’art.
L’objectif de ce projet porté par la Fondation Inalco et conjointement financé par l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (Aliph) et la Fondation Gulbenkian est de « constituer 2 000 passeports d’ici à cinq ans ». Formant l’espoir que les Arméniens puissent revenir au Karabakh et reconstruire leurs monuments, Anna Leyloyan regrette l’inaction de l’Arménie « qui n’a pas agi ces trente dernières années » pour cartographier son patrimoine.
Lutter contre le révisionnisme historique
Ces destructions ne sont pas seulement matérielles, elles s’accompagnent d’un révisionnisme historique. Depuis 1950, l’Azerbaïdjan revendique en effet la paternité des monuments arméniens de la région. Selon une théorie diffusée massivement depuis la guerre de 2020, ces édifices religieux ne seraient pas arméniens mais azerbaïdjanais, car ils auraient été construits par les Albanais du Caucase – lesquels n’ont aucun lien avec leurs homonymes des Balkans –, dont les Azéris se disent les héritiers. Ainsi en février 2022, l’ancien ministre de la culture azerbaïdjanais, Anar Karimov, annonçait la création d’un groupe de travail chargé de supprimer « les inscriptions fictives laissées par les Arméniens sur les temples religieux albanais ».
« Si la surveillance satellitaire rend les destructions du patrimoine plus difficile pour l’Azerbaïdjan, en revanche l’effacement des inscriptions arméniennes, qui se trouvent sur les monuments, est malheureusement presque impossible à documenter », déplore Patrick Donabédian, historien de l’art, spécialiste de l’Arménie, qui intégrera prochainement un programme de préservation du patrimoine du Haut-Karabakh dirigé par le gouvernement arménien. Selon cet universitaire de la diaspora, l’objectif poursuivi par l’Azerbaïdjan est « de priver les Arméniens de tout droit sur ces territoires, en montrant que leur présence remonterait au XIXe siècle ».
Les traces de la présence arménienne au Haut-Karabakh remontent pourtant au Ier siècle avant notre ère. Comme le reste de l’Arménie, ce territoire a été évangélisé aux IIIe et IVe siècle par saint Grégoire l’Illuminateur. Son petit-fils Grigoris, évêque d’Albanie du Caucase (une partie du territoire actuel du Haut-Karabakh), repose au monastère d’Amaras. Cet ensemble monastique abrita la première école d’Arménie, fondée par Mesrop Machtots, qui inventa l’alphabet arménien en 405. Pour le professeur Donabédian, si « le patrimoine chrétien du Karabakh est en danger », ce n’est pas « parce qu’il est chrétien, mais parce qu’il atteste de la présence arménienne ». « Nous ne sommes pas face à une guerre de religion, mais face à un ethnocide », souligne-t-il.
Pour le père Garegin Hambardzumyan, ancien responsable du département de préservation du patrimoine du Haut-Karabakh à Etchmiadzine, le siège de l’Église apostolique arménienne, la menace qui pèse sur ce patrimoine devrait inquiéter tout chrétien : « Les monastères de Gandzasar ou de Dadivank, construits au XIIIe siècle, ne sont pas seulement des centres spirituels et culturels du peuple arménien mais la maison de tout chrétien. Une surveillance satellitaire ne suffit pas. Nous avons besoin d’obtenir un accès physique à nos monuments pour que des spécialistes puissent y assurer une surveillance. Car l’attaque des monuments arméniens montre que l’Azerbaïdjan ne va pas s’arrêter là, malgré ses discours de paix. »
Letterkenny (Irlande) : cinq hommes armés perturbent une messe dominicale
Cinq hommes armés issus de la communauté des gens du voyage (Travellers) ont perturbé une messe dominicale à l’église des Martyrs d’Irlande à Letterkeny le 18 août dernier vers 11h30 Après avoir bloqué le porche ils se sont introduits dans l’église où ils ont causé un certain trouble à l’ordre public, avant de se retirer quand plusieurs véhicules de police ont rejoint les lieux. Agés de 30 à 60 ans, ils ont été arrêtés et leurs armes saisies. Il apparaît que ladite messe était dite en mémoire du premier anniversaire du décès d’un important membre de la communauté des gens du voyage des environs.