Chers amis et ennemis du Stilum Curiae*, Benoît XVI se porte bien, même s'il mène une vie, si possible encore plus retirée et isolée qu'auparavant, à cause de l'épidémie de Coronavirus qui est apparue même au-delà des hauts murs du Vatican. Sergio Russo (...), nous a envoyé une réflexion sur les deux personnes, le théologien Ratzinger, qui a prophétisé sur l'avenir du christianisme et de l'Église, et le fragile Benoît XVI d'aujourd'hui, qui soutient l'Église par sa prière. Bonne lecture.
Marco Tosatti
En 1969, un jeune théologien du nom de Joseph Ratzinger, concluant une série de conférences radiophoniques qu'il avait données, a fait une prédiction vraiment unique sur l'avenir :
"Nous sommes à un énorme tournant dans l'évolution de la race humaine, un moment auquel, en comparaison, le passage de l'ère médiévale à l'ère moderne semble presque insignifiant..."
Et puis, passant à l'examen de la situation spécifique de l'Église, il a poursuivi en disant:
"Pour moi, il est clair que des temps très difficiles attendent l'Église. Sa véritable crise vient seulement d'arriver. Nous devons nous attendre à de grands bouleversements. Mais ce qui est également certain, c'est ce qui restera à la fin : une Église qui n'est pas une Église politique (qui réduit ses prêtres au rôle de simples "travailleurs sociaux"), mais plutôt une Église qui va replacer la Foi au centre de son expérience.
"Et lorsque les épreuves de guérison de cette période auront été surmontées, une telle Église, rendue plus simple et pourtant spirituellement enrichie, en sortira plus grande et plus solidement ancrée...
"En évoluant vers un monde complètement planifié et organisé, les humains se retrouveront extrêmement seuls, car, ayant complètement perdu de vue Dieu, ils percevront vraiment l'horreur de leur propre pauvreté. Ce n'est qu'alors qu'ils verront le "petit troupeau" des croyants sous un jour nouveau, ils le verront comme un espoir de quelque chose qui leur est également destiné, une réponse qu'ils ont toujours secrètement recherchée".
"Je pense, et en fait je suis certain, que l'avenir de l'Église viendra de personnes profondément enracinées dans la pure plénitude de la foi. Il n'y aura plus ceux qui se contentent de "rester assis là", sans penser au temps qui passe, ou ceux qui critiquent continuellement, en supposant qu'ils sont des mesures infaillibles de tout, ni ceux qui se contentent de prendre le chemin le plus facile, qui évitent l'élan de la foi, en la déclarant fausse et obsolète, tyrannique et légaliste, ou en évitant tout ce qui exige, blesse ou nécessite un sacrifice.
"L'Église repartira plutôt de petits groupes et mouvements, et d'une minorité qui rétablira son véritable point d'ancrage au centre : la foi dans le Dieu Un et Trine, et en Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui s'est fait homme et qui nous promet la vie au-delà de la mort.
"Ce qui reste, donc, ne sera que l'Église du Christ".
J'ai été très frappé par les images du dimanche 15 mars de l'évêque de Rome marchant seul (accompagné de ses escortes) dans les rues de la ville déserte de Rome, une scène aussi inédite que surréaliste, et entrant dans une église du centre historique de Rome, une de ces églises romaines historiques qu'il cherchait, quelques jours auparavant seulement, à fermer aux fidèles (voir décret n. 446/20 du vicaire de Rome, le cardinal De Donatis, le 12 mars, dans lequel il décrète "l'interdiction de toutes les églises du diocèse de Rome à tous les fidèles"), décret qui a ensuite été rapidement annulé, apparemment à la suite des vives protestations des fidèles de Rome.
J'ai également été frappé quelques jours plus tard, en voyant le même évêque de Rome, le matin du 25 mars, réciter l'Angélus en regardant une place Saint-Pierre presque complètement vide, une image concrète de "désolation"...
Oui, la désolation ! ... Et pourtant, il y a eu beaucoup plus de joie et d'allégresse il y a peu de temps encore, le 7 octobre dernier, lorsque le soi-disant fétiche de la "pachamama" a été porté en procession en plein milieu de l'enceinte sacrée et vénérable de la basilique Saint-Pierre, le centre du christianisme, le lieu saint par excellence.
Selon certains commentateurs compétents et faisant autorité, ce qui s'est passé ce jour-là dans la basilique qui est baignée du sang des martyrs et qui, au cours des siècles, a été le témoin de nombreux rites augustes et sacrés, était une véritable "abomination" au sens propre...
Oui, abomination ! ... Y a-t-il peut-être une certaine corrélation entre ces deux concepts : abomination et désolation, et l'un est-il peut-être une conséquence de l'autre ?
Eh bien, je trouve maintenant que je rappelle inévitablement ces paroles graves et énigmatiques du Seigneur Jésus qu'il a prononcées sur la fin des temps : "Quand vous verrez l'abomination de la désolation dont a parlé le prophète Daniel, debout dans le lieu saint (que le lecteur comprenne)..." (Mt 24:15).
Et que dit le prophète Daniel à ce sujet ?
Le prophète dit : "La moitié de la semaine, il abolira le sacrifice et l'offrande : À leur place sera l'abomination désolante... Ils aboliront le sacrifice quotidien et à sa place sera l'abomination dévastatrice... À partir du moment où le sacrifice quotidien sera aboli et l'abomination désolante mise en place, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours..."
C'est pourquoi, pour l'instant, je ne fais qu'un commentaire très bref et concis sur les paroles du prophète mentionnées ci-dessus. Je dis seulement que nous ne savons pas "encore" exactement quelle sera l'abomination dévastatrice. Quant à l'abomination de la désolation, j'ai essayé de lui donner une interprétation timide et hypothétique. Et enfin, pour l'abolition du sacrifice quotidien, nous ne pouvons actuellement en avoir qu'une idée pâle et partielle grâce à l'interdiction faite par les évêques et l'État d'ordonner aux fidèles et aux prêtres de participer ensemble à toute sorte de service religieux, en premier lieu la Sainte Messe, sous peine de dénonciations et d'amendes très élevées...
Je conclus par deux scènes (tirées du texte du "troisième secret de Fatima" qui a été solennellement rendu public par Saint Jean-Paul II le 26 juin 2000) et que je ne cesse de rappeler en voyant jour après jour dans les médias ce qui se passe actuellement... "Quelque chose de semblable à la façon dont les gens apparaissent dans un miroir lorsqu'ils passent devant celui-ci : un évêque vêtu de blanc..." Et cette scène me fait penser au Pape François qui, dès son élection, s'est présenté aux fidèles comme le nouvel "Evêque à Rome" arrivé du bout du monde, et qui pourtant ne semble jamais vouloir se détacher de ce monde pris tel quel, comme il prêche sur les thèmes de l'environnement et de l'écologie, du réchauffement climatique, etc.
Et dans l'autre scène, en contraste, on voit "Le Saint Père traversant une grande ville à moitié en ruines, à moitié tremblant d'un pas hésitant, affligé de douleur et de chagrin, à genoux..." Et il me semble voir ici le Saint-Père, le Pape Benoît XVI, complètement absorbé par la prière, et qui peut déjà entrevoir avec joie, même au milieu de ses larmes et de ses souffrances actuelles, l'aube de cette Église qu'il a lui-même prédit qu'un jour viendrait, que "avec la foi et la persévérance est en train de restaurer son véritable point d'ancrage au centre : la foi dans le Dieu Un et Trine, et en Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui s'est fait homme et qui nous promet la vie au-delà de la mort".
Sergio Russo
* Stilum Curiae est le nom du blog du célèbre vaticaniste Marco Tosatti. J'ai traduit pour vous l'article italien en m'aidant de la traduction française de Vincent Pellegrini