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Publié par Walter Covens

Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux...

Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux...

 
       Un curé de paroisse en France raconte comment son évêque, un jour, lui conseille de faire travailler l'évangile de S. Marc aux enfants du catéchisme. Suivant les recommandations de l'évêque, le curé travaille le commentaire d'un moine bénédictin belge qui présente l'évangile de S. Marc comme étant construit autour de deux questions : "Qui est Jésus ?" - "Comment marcher à sa suite ?" Il en parle aux catéchistes qui lui disent : "Ah non ! Mr le Curé ! c'est trop abstrait pour des 6èmes et des collégiens plus intéressés par les faits de société et les problèmes de leur âge… ...


       Peu de temps après il y avait dans cette paroisse une journée de préparation à la profession de foi. Le matin, le prêtre, écoutant son évêque plutôt que ses catéchistes, amène les jeunes à travailler sur le prologue de S. Marc : le baptême de Jésus (Tu es mon Fils bien-aimé). L'après-midi, en préparation aux confessions, il présente l'épisode de Jésus qui chasse les démons : "En bientôt 25 ans de sacerdoce, je n'ai jamais eu de confessions comme cette fois-là." À partir de là les enfants ont commencé à vider leur sac et à sortir tous les poisons qu'ils avaient ingurgité par des "gothiques satanistes" et des sites porno, avec des tentatives de suicide ou des fugues à la clé. Pour la première fois de sa vie, sur plus de 60 jeunes, il n'y a eu aucun problème de discipline. Jamais les cahiers n'avaient été si bien tenus et illustrés.


       L'année suivante il a continué avec S. Luc. Le projet est de faire travailler les 4 évangiles en 4 ans. Au bout de 4 ans, leurs coeurs seront vraiment nourris et prêts à affronter les tempêtes !


       En principe, je vous le rappelle encore une fois, le propos de la liturgie de la Parole des dimanches du temps ordinaire est de nous aider tous - et pas seulement les enfants du catéchisme -–à faire une lecture continue des trois évangiles synoptiques. Malheureusement, ces derniers dimanches, ainsi que les suivants, il y a pas mal d'entorses à ce principe. Il y a eu une coupure entre le 23e et le 24e dimanche, et entre le 24e et le 25e. Il y en aura une autre entre le 30e et le 31e. C'est pourquoi il est d'autant plus important de ne pas perdre de vue l'enchaînement des évangiles du dimanche, sous peine de réduire les passages qui seront proclamés à des anecdotes sans queue ni tête, dont on essaie tant bien que mal de tirer des leçons pour aujourd'hui.


       Dans la section précédente, vous ai-je dit dans l'homélie de dimanche dernier, la question centrale était : CE JÉSUS, QUI DONC EST-IL ? C'est donc la question de la foi. La nouvelle section, qui commence avec l'évangile de ce dimanche, répond à la question suivante : QUEL EST LE COMPORTEMENT QUI CARACTÉRISE LES DISCIPLES DU CHRIST? Nous allons donc essayer de saisir le mouvement et la structure de cette partie de l'évangile qui est du domaine de la morale.


       Ce passage (9, 33 - 10, 31) est compris entre les deuxième et troisième "annonces de la Passion" (9, 30-32 et 10, 32-34). Essayons d'abord rapidement (ce n'est pas très compliqué, vous pourrez faire l'exercice vous-mêmes, chez vous, à la maison, avec vos jeunes) de repérer le vocabulaire qui est significatif de cette partie. Ce qui frappe d'abord, c'est l'usage fréquent de l'expression "entrer dans la vie", "entrer dans le royaume". Or, Jésus ne nous dit jamais ce qu'est ce royaume ; il nous dit seulement qu'il faut le chercher, l'attendre, l'accueillir. C'est donc une réalité mystérieuse et déconcertante, dont Jésus nous dit seulement à quoi elle ressemble, mais jamais ce qu'elle est. Pour savoir ce qu'est le Royaume de Dieu, il faut suivre Jésus, voilà tout !


       Dans l'évangile de dimanche dernier, Jésus, reconnu comme le Messie par les Douze, avait lancé cet appel inouï : Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive (8, 34). La morale chrétienne, au fond, n'est rien d'autre que cela : former avec Jésus, reconnu comme Messie, comme fils de l'homme souffrant, une communauté de vie jusqu'au bout. Si l'on détache la morale chrétienne de la personne du Christ, elle cesse d'être chrétienne, puisque la morale chrétienne a justement comme caractéristique fondamentale d'être une invitation à être et à vivre "comme Jésus".


       Ce que je viens de vous rappeler là est indispensable pour comprendre ensuite les règles de conduite (la marche à suivre, la morale) qui permettront aux disciples de Jésus d'entrer dans la Vie, d'entrer dans le Royaume de Dieu. Ces règles de conduite sont présentées sous forme de paradoxes, comme un renversement total des valeurs habituellement reconnues par les hommes. Par exemple, dans l'évangile de ce dimanche, Jésus dit : Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous (9, 35). On retrouvera ce même paradoxe (procédé de l'inclusion) à la fin de cette section (10, 31). Il y en a bien d'autres dans entre deux. Vous pourrez les repérer chez vous, à la maison.


       Ces paradoxes dénotent le renversement des valeurs de la morale chrétienne par rapport à la morale humaine. Devant ces exigences, qui paraissent énormes, la réaction habituelle est de dire : "Ce n'est pas évident, mon Père !" Cette appréhension devant les difficultés de la vie chrétienne effleure dans le texte de l'évangile chaque fois qu'est évoquée la Passion de Jésus, ici en 9, 32 : Les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l'interroger. Chaque fois que l'Église rappelle telle ou telle exigence de la morale chrétienne, c'est la même réaction, la même peur qui se manifeste.


       Un exemple parmi bien d'autres : la proclamation, en 1968, de l'encyclique Humanae Vitae par le pape Paul VI. (Je publierai sur "Homélies à temps et à contretemps" le texte de la lettre écrite par le Padre Pio au pape onze jours avant sa mort, et publiée dans l'Osservatore romano une semaine après sa mort, comme un testament). Tout le contexte de cette encyclique du pape, d'une part, et de la lettre du Padre Pio à l'occasion de sa publication, d'autre part, sont, je crois, une parfaite illustration de ce climat de peur devant les exigences de la morale chrétienne, qui sont finalement les exigences de la Croix du Christ. Surgit alors la tentation de la désobéissance. Combien de chrétiens, de catholiques, n'ont pas succombé à cette tentation et continuent de succomber. Le Padre Pio, ayant fait voeu de chasteté, n'était évidemment pas directement concerné par le thème de l'encyclique. Mais il a obéi intellectuellement, contrairement à beaucoup d'autres prêtres et de religieux, qui se sont permis alors d'enseigner ouvertement le contraire de ce que disait le pape. Et surtout, il avait vécu très douloureusement mais très fidèlement cette obéissance quand il a fait l'objet d'accusations et de sanctions injustes de la part, notamment, de certains évêques. Il vivait la Passion du Christ, lui.


       Suivre le Christ, dans ces conditions, quelle que soit la vocation particulière de chacun, c'est dire avec lui : "il faut".
 
 
Pour la première fois il leur enseigna qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu'’il soit tué, et que, trois jours après il ressuscite (8, 31).
 
 
Ce il fallait, cela na rien à voir avec la fatalité : c'est le mystère de l'obéissance. C'est dans l'évangile de dimanche dernier.

       Dans celui d'aujourd'hui, c'est la deuxième fois :
 
Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera.
 
 
Dans la Croix, ce n'est pas surtout la souffrance physique qui fait peur, c'est la souffrance spirituelle de l'obéissance (être livré), du renoncement à sa volonté propre, à ses raisonnements propres, surtout si on suit Jésus pour être le plus grand, le premier. Mais ce n'est pas vouloir être grand qui est contraire à la volonté de Dieu et à la morale chrétienne. L'obéissance (et l'humilité qui va avec), ce n'est pas pour s'écraser, ce n'est pas, comme le pensait Nietzsche, la vertu des faibles : "Voici, écrit-il, je vous enseigne le Surhomme. Le Surhomme est le sens de la terre. Que votre volonté dise : Que le Surhomme soit le sens de la terre" (dans Also sprach Zarathustra, livre que Nietzsche présente lui-même comme un "5e évangile", rien que ça !). 
 

       Dans le Royaume de Dieu, ce sont les obéissants qui règnent, ce sont les enfants qui gouvernent. C'est pourquoi Jésus prend justement un enfant :
 
il le plaça au milieu d'eux, l'embrassa, et leur dit : "Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille. Et celui qui m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé."
 
 
La contraception, et la mentalité qui l'accompagne, n'est pas vraiment la meilleure attitude pour l'accueil des enfants. Le prétendu "mariage homosexuel" non plus.…Saint Hilaire dit :
 
 
"Par enfants, le Seigneur signifie tous ceux qui croient par la foi, après avoir écouté comme les enfants, qui suivent leur père, aiment leur mère, tiennent pour vrai ce qu'on leur dit. L'habitude et la volonté de semblables dispositions nous acheminent vers le Royaume des cieux. Si nous revenons à la simplicité des enfants, nous rayonnons autour de nous l'humilité du Seigneur". 
 

       Tenez, le 1er octobre, ce sera la fête de Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Si nous lui demandions cette grâce. N'ayez pas peur de poser des questions à Jésus. Il est venu non seulement pour marcher, mais pour demeurer avec vous. La maison, c'est chez vous, dans votre famille...
 
Quand l'enfant paraît... - Homélie 25° dimanche du Temps Ordinaire B
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