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Publié par Walter Covens

 

 

"J'aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l'instant vous n'avez pas la force de les porter."

 

Ces paroles de Jésus que nous venons d'entendre, l'Église, en les choisissant pour la Solennité que nous célébrons aujourd'hui, une semaine après la Pentecôte, nous suggère de les comprendre comme étant relatives au mystère de la Très Sainte Trinité. Elles ont été prononcées il y a deux mille ans. Mais combien elles demeurent d'actualité pour les chrétiens charnels que nous sommes.

 

"Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu'il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu'il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître."

 

Où en sommes-nous dans notre vie chrétienne qui est trinitaire par essence ? Souvent, pour ne pas dire presque toujours, nous vivons encore comme les disciples de Jésus avant la Pentecôte. Souvent même, nous croyons être de bons chrétiens alors que nous sommes (peut-être ?) tout juste de bons Juifs de l'Ancien Testament, si ce n'est de bons païens !

 

C'est particulièrement clair au moment où nous célébrons les funérailles de quelqu'un que nous avons connu. De tous les compliments que nous lui faisons "post mortem" - comme de toutes les qualités que nous admirons tant ... en nous-mêmes -, Jésus a pu dire: "Même les pécheurs en font autant" (Lc 6, 33).

 

Si ce que nous faisons et vivons ne vaut pas mieux que ce que vivent et font les païens, c'est donc que notre foi n'est pas chrétienne mais païenne. Nous croyons que Dieu existe, disons-nous fièrement. Oui, mais le démon le croit aussi, rétorque S. Jacques: "Tu crois qu'il y a un seul Dieu ? Tu as raison. Les démons, eux aussi, le croient, mais ils tremblent de peur" (Jc 2, 19).

 

Cette lenteur à croire, que Jésus avait encore reprochée aux disciples qui battaient la retraite le jour de Pâques, était pour eux beaucoup plus excusable que pour nous, qui avons la chance inouïe de pouvoir puiser dans le trésor de deux mille ans de christianisme. Mais nous n'y puisons pas, ou si peu. Notre vie de foi s'est arrêtée, comme je le disais dimanche dernier, à notre profession de foi et notre confirmation. C'était "le début de la fin". Depuis, nous nous sommes crus en règle, au point, diplômés.

 

Mais voila justement ce qui est admirable si l'on considère notre médiocrité du point de vue de Dieu, de l'action de l'Esprit Saint dont parle Jésus: "il vous guidera vers la vérité tout entière". On n'a pas vu que les disciples à qui Jésus faisait cette promesse, étaient devenus plus intelligents et plus vertueux, pour qu'ensuite l'Esprit Saint ait pu commencer son travail. Non ! Les disciples que Jésus s'était choisis au départ ne valaient pas mieux que nous. Je ne dis pas cela pour vous tranquilliser, pour vous endormir après vous avoir secoué. Je le dis pour vous inciter à adorer le mystère de la miséricorde, de la patience de Dieu qui nous a aimés le premier en nous donnant part à son Esprit, qui est appelé le Père des pauvres.

 

C'est vrai: les chrétiens du premier siècle et ceux des siècles suivants ne valaient pas mieux que nous. Mais nous, au XXIe siècle, nous pouvons pourtant constater l'action de l'Esprit Saint qui donne toute sa mesure dans notre faiblesse (cf. 2 Co 12, 9). Ce qui est vrai pour S. Paul est vrai pour chacun de nous, et vaut surtout pour l'Église dans son ensemble: notre misère à nous tous n'empêche pas l'Esprit Saint d'agir et de conduire l'Église à la vérité tout entière. Au contraire: notre misère est la raison d'être même de l'action de l'Esprit Saint, son terrain de prédilection, en quelque sorte.

 

Voici un fait qui m'a beaucoup amusé. Après avoir écrit "une grosse brique" sur la Trinité (La Trinité, mystère et lumière, plus de 600 pages), le Père Laurentin, à peine un an plus tard, et après cinquante ans de recherche, en écrit un deuxième (Traité sur la Trinité, moins de 400 pages). Pourquoi? Il s'en explique lui-même:

 

"Pourquoi un deuxième livre sur la Trinité, guère plus d'un an après le premier? La Trinité m'a donné, contre toute attente, la lumière universelle et simple que je cherchais depuis plus d'un demi-siècle, par mes travaux de fourmi: sectoriels et minutieux. Cette lumière, celle de l'Amour qui définit Dieu, révèle non seulement l'homme et la société créés à son image, la théologie et la spiritualité ainsi unifiées, mais aussi la philosophie et même les sciences. Car Dieu crée à son image un monde intrinsèquement un et multiple, et surtout l'homme, personne et société, fondé sur l'amour qui est l'enjeu de toute vie, d'ici-bas et au-delà. (Traité sur la Trinité)."

 

Depuis le De Trinitate de saint Augustin jusqu'au Dieu est Amour de Benoît XVI, ce sera la découverte difficile mais émerveillée de tant et tant de croyants grâce à l'action toujours neuve de l'Esprit Saint qui guide "vers la vérité tout entière".

 

"Ce qui va venir, il vous le fera connaître."

 

Adrienne von Speyr commente:

 

"Il ne le fera pas comme le Fils, qui a parlé sur terre comme un messager (...), mais il parlera immédiatement du lieu où il entend: du sein de la Trinité. Et lorsqu'il annoncera les choses à venir, il s'agira moins d'événements particuliers de l'avenir que du caractère futur de la vérité en général. Ce qu'il annonce, il l'annoncera de manière à le faire apparaître comme une chose qui est en train d'arriver et de se réaliser dans l'Esprit. Sa prophétie concernera le développement de l'Église, de la communauté et, en elle, l'épanouissement de l'individu particulier. Et cela ne se fera pas à l'aide de dates et de détails historiques, comme cela plaît tant à la curiosité humaine, mais de manière à rendre évidentes les exigences essentielles de la vie chrétienne. Il fera voir par exemple à ceux qui savent écouter ses prophéties ce qu'une communauté, un pays, un peuple peuvent devenir, s'ils s'ouvrent à la grâce de Dieu. Ou inversement: de quels châtiments sont menacés ceux qui se ferment à la grâce.

 

"Tout ce qui est dogme et règle dans l'Église entre également dans sa prophétie; dans l'Église, il ne sera pas d'abord l'amour visible, mais la structure solide, son objectivité à travers le temps, le cadre fermé à l'intérieur duquel la vie ecclésiale se développe. Bien que tout cela soit apparemment figé et actuel, nullement vivant et à venir, c'est justement là que l'Esprit prophétise. Car tout ce qui est vivant ne cesse d'y prendre sa source. Toute vérité nouvellement reconnue apparaît dans l'Église comme une déduction de ce qui était déjà connu. C'est l'Esprit qui fait pousser du tronc du dogme des branches et des fleurs toujours nouvelles. C'est lui qui fait comprendre aux fidèles les lois nécessaires à l'existence de l'Église à une époque pour qu'elle mène à Dieu les hommes de tout temps. Il donne l'interprétation toujours exacte de l'Évangile. En tout temps, il sert de médiateur entre la structure solide de la Tradition et les exigences variables de l'époque. C'est en cela que consistera sa prophétie. (...)

 

"Dans les discours et les actes du Seigneur, tout n'était qu'appel à l'amour. Seul l'Esprit nous dira clairement comment réaliser l'amour dans chaque cas particulier. Cela ne signifie pas un appauvrissement de l'amour, mais au contraire son enrichissement. Car dorénavant, il sera possible, à l'aide de lois claires, d'expliquer à d'autres quels sont les chemins qui mènent à l'amour et comment on peut y persévérer. C'est comme si le Seigneur avait fait cadeau aux siens d'un bout de terrain, avec l'ordre de le cultiver. Mais c'est l'Esprit qui défriche, qui trace les chemins, qui plante, taille, arrose, sème et récolte."

 

Voilà, je crois, ce que voulait dire saint Augustin quand il disait : "Si tu vois l'amour, tu vois la Trinité".

 

Si nous ne voyons pas l'amour dans l'Eucharistie, qui est "le sacrement de l'amour", comment pourrions-nous le voir ailleurs sans nous tromper lourdement ? Le monde se meurt en cherchant l'amour là où il n'est pas, et en le méprisant là où il se donne en vérité et dans toute sa plénitude. Demandons au Seigneur de pouvoir accueillir, célébrer et adorer le don qu'il nous fait de son amour dans l'Eucharistie, les autres sacrements et dans toute la vie de l'Église. Dimanche prochain soyons nombreux à mettre tout notre coeur à lui témoigner l'hommage de notre reconnaissance à l'occasion de la messe et ensuite de la procession du Très Saint Sacrement dans les rues de nos villes et de nos villages.

 

Ce qui va venir, il vous le fera connaître.
Ce qui va venir, il vous le fera connaître.

Ce qui va venir, il vous le fera connaître.

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