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Publié par Walter Covens

L'UNITÉ DE L'ÉGLISE SELON SAINT LÉON

En premier lieu, saint Léon enseigne que l'Église doit être une, parce que le Christ Jésus, son époux, est également un: « Elle est, en effet, l'Église vierge, épouse du Christ, l'unique époux, qui ne souffre d'être viciée par aucune erreur, afin que dans le monde entier reste inviolée l'unité de notre chaste communion. » (Ep. LXXX, 1, ad Anatolium, episc. Constant., P. L., LIV, 913).

Cette remarquable unité de l'Église prend son origine, dans la pensée de saint Léon, à la naissance du Verbe divin incarné, comme l'indique cette déclaration. « La naissance du Christ est à l'origine du peuple chrétien et le jour natal de la tête est celui du corps. Bien que chacun des appelés arrive à son tour et que l'ensemble des fils de l'Église soit réparti dans la succession des temps, tous les fidèles sans aucune exception sont sortis de la fontaine baptismale; de même qu'ils sont crucifiés avec le Christ à la passion, ressuscités à la résurrection, placés à la droite du Père à l'ascension, de même avec lui, ils sont nés en même temps en ce jour de la nativité. » (Serm. XXVI, 2, in Nativ. Domini, P. L., LIV, 213) A cette naissance secrète du « corps de l'Église » (Col., I, 18) , Marie a contribué intimement de par sa virginité, rendue féconde par le Saint-Esprit. En elle, saint Léon exalte la « Vierge, servante et mère du Seigneur » (Ep. CLXV, 2, ad Leonem imper., P. L., LIV, 1157), « celle qui a enfanté Dieu » (Ibid.) et qui est Vierge à jamais. (Serm. XXII, 2, in Nativ. Domini, P. L., LIV, 195)

D'autre part, le sacrement du baptême, affirme clairement saint Léon, fait de tout homme sur qui est versée l'eau sainte, non seulement un membre du Christ, mais un participant de sa dignité royale et de son sacerdoce: « Tous ceux qui ont été régénérés dans le Christ, le signe de la croix les fait rois et l'onction du Saint-Esprit les consacre prêtres. » (Serm. IV, 1, in Nativ. Domini, P. L., LIV, 149; cf. Serm. LXIV, 6, de Passione Domini, P. L., LIV, 357; Ep. LXIX, 4, P. L., LIV, 870) Ensuite, ceux que le sacrement de la confirmation (désigné par lui comme la « sanctification due aux onctions » (Serm. LXVI, 2, de Passione Domini, P. L., LIV, 365-366)) a fortifiés et assimilés au Christ Jésus, tête du corps de l'Église, atteignent la perfection grâce au sacrement de l'eucharistie: « Car la participation au corps et au sang du Christ n'a pas d'autre effet que de nous transformer en ce que nous mangeons, de sorte que celui avec qui nous mourons, avec qui nous sommes ensevelis, avec qui nous ressuscitons, nous le portions en toute circonstance et dans notre esprit et dans notre chair. » (Serm. LXIV, 7, de Passione Domini, P. L., 357)

Mais il ne faut pas perdre de vue que l'union des fidèles, membres du même corps vivant et visible, entre eux et avec le Rédempteur qui est la tête de tous, ne peut être parfaite si les liens de la vertu, des rites et des sacrements communs qui les unissent ne sont pas accompagnés d'une foi identique, gardée intacte par tous. Car, dit saint Léon: « C'est une grande sauvegarde qu'une foi intégrale, une foi véridique, à laquelle personne ne peut rien ajouter, rien retrancher; parce que, si la foi n'est pas une, elle n'est pas. » (Serm. XXIV, 6, in Nativ. Domini, P. L., LIV, 207).
Or, la préservation de l'unité de la foi exige de toute nécessité que les maîtres des vérités divines, Nous voulons dire les évêques, n'aient qu'une voix et qu'une pensée unanimes et qu'ils accordent leur propre avis à celui du Pontife de Rome: « La connexion de tout le corps fait que la santé est une, la beauté, une, et cette connexion requiert sans doute l'unanimité de tout le corps, mais elle exige et tout premier lieu la concorde entre les évêques. Ils ont en commun la dignité sacerdotale, mais pas le même degré de pouvoir, puisque, même parmi les bienheureux apôtres, la parité d'honneur n'empêcha pas la distinction des pouvoirs: bien que tous aient été également choisis, malgré cela, un seul obtint de prédominer sur les autres. » (Ep. XIV, 11, ad Anastasium, episc. Thessal., P. L., LIV, 676)



L'ÉVÊQUE DE ROME, CENTRE DE L'UNITÉ VISIBLE


De l'avis donc de saint Léon, toute unité visible qui cimente l'Église catholique a pour tête et pour soutien l'Évêque du Siège de Rome en tant qu'il est Successeur de Pierre et Vicaire du Christ sur terre. Cette conviction tire sa certitude pour saint Léon des documents évangéliques et de l'antique tradition catholique, comme le montrent très clairement ses paroles: « Pierre seul, dans le monde entier, est choisi pour être mis à la tête de l'oeuvre d'évangélisation de toutes les nations, à la tête de tous les apôtres et de tous les Pères de l'Église; et bien qu'il y ait dans le peuple de Dieu de nombreux pasteurs et de nombreux prêtres, tous cependant ont Pierre comme leur propre chef, de même qu'ils ont le Christ comme Chef principal. C'est une chose grande et admirable que Dieu ait daigné faire participer cet homme à son pouvoir; et s'il a voulu que les autres chefs aient aussi quelque chose en commun avec lui, tout ce qu'il a concédé aux autres, il l'a toujours concédé à travers Pierre. » (Serm. IV, 2, de natali ipsius, P. L., LIV, 149-150). Sur cette vérité, fondamentale à son sens, qu'un lien indissoluble entre le pouvoir de Pierre et celui des autres apôtres est établi par Dieu, il insiste en termes des plus nets: « Certes, le pouvoir (de lier et de délier: Matth., XIV, 19) est passé également aux autres apôtres et les effets de ce décret se sont transmis à tous les chefs de l'Église. Mais ce n'est pas en vain qu'un seul reçoit en dépôt ce qui doit être remis à tous; c'est à Pierre donc en particulier que cela est confié, parce que la personne de Pierre est préposée à tous ceux qui gouvernent l'Église. »(Ibid., col. 151; cf. Serm. LXXXIII, 2, in natali s. Petri Apost. P. L., LIV, 430).



PREROGATIVES DU MAGISTÈRE DE SAINT PIERRE
ET DE SES SUCCESSEURS


Aussi ce saint Pontife n'oublie pas qu'un rempart absolument nécessaire à l'unité visible de l'Église a été établi, à savoir le pouvoir suprême et infaillible d'enseigner, transmis par le Christ à Pierre lui-même, Prince des apôtres et à ses Successeurs. Il le dit très clairement: « Le Seigneur prend un soin spécial de Pierre et prie en particulier pour sa foi, comme pour montrer que la persévérance des autres serait mieux garantie si le courage du chef n'était pas vaincu. En Pierre, c'est la force de tous qui est protégée et l'ordre de la grâce divine est le suivant: la fermeté, qui par le Christ est donnée à Pierre, est communiquée aux apôtres par Pierre. » (Serm. IV, 3, P. L., LIV, 151-152; cf Serm. LXXXIII, 2, P. L., LIV, 451).

Tout ce que saint Léon affirme de Pierre avec tant de clarté et d'insistance, il n'hésite pas à l'affirmer aussi de lui-même, non pour en recevoir les honneurs de la foule, mais à cause de l'intime persuasion qu'il a d'être, au même titre que le Prince des apôtres, le Vicaire de Jésus-Christ lui-même, comme cela apparaît dans ce passage de ses sermons:

« Ce n'est donc pas par vanité que nous célébrons cette fête et que nous honorons ce jour de notre élévation au sacerdoce en souvenir du bienfait divin, puisque nous avouons en toute sincérité que le Christ est le principe de tout le bien accompli par nous dans l'exercice de notre ministère. Ce n'est pas en nous, qui ne pouvons rien sans lui, mais en lui-même, qui est toute l'efficacité de notre pouvoir, que nous mettons notre confiance. » (Serm. V, 4, de notali ipsius, P. L., LIV, 154). Par ces mots, saint Léon, loin de penser que saint Pierre soit désormais étranger au gouvernement de l'Église, aime au contraire associer à la confiance dans l'assistance éternelle de son divin Fondateur, la confiance dans la protection de saint Pierre, dont il se proclame héritier et successeur et dont il assume l'autorité. (Serm. III, 4, de natali ipsius, P. L., LIV, 147).

C'est pourquoi il attribue aux mérites de l'apôtre, plus qu'aux siens propres, les fruits de son ministère universel. Ce qu'en particulier montre clairement le texte suivant:

« Si nous parvenons à agir droit et à penser de même, si nous obtenons par nos prières quotidiennes les dons de la miséricorde divine, c'est au mérite des oeuvres (de Pierre) que nous le devons; sur son Siège vit son propre pouvoir avec l'excellence de son autorité. » (Serm. III, 3, de nat. Ipsius, P. L., LIV, 146; cf. Serm. LXXXIII, 3, in nat. s. Petri apost., P. L., LIV, 432).

En réalité, saint Léon n'enseigne ici rien de nouveau. A l'égal de ses Prédécesseurs, saint Innocent Ier (Ep. 30, ad Concil. Milev, P. L., XX, 590) et saint Boniface Ier (Ep. XIII, ad Rufum episc. Thessalinae, 11 mars, 422, in C. Silva-Taronca, S. J., Epistolarum Romanorum Pontificum collect. Thessal., Rome, 1937, P. 27), et en parfait accord avec les textes évangéliques bien connus qu'il a souvent commentés (Matth., XVI, 17; Luc, XXII, 31-32; Jean, XXI, 15-17), il est persuadé d'avoir reçu du Christ lui-même la charge du suprême ministère pastoral. Il affirme en effet: « La sollicitude que nous devons avoir envers toutes les Églises tire son origine principalement d'un mandat de Dieu. » (Ep. XIV, 1, ad Anastasium, episcop. Thessal., P. L., LIV, 668).


GRANDEUR SPIRITUELLE DE ROME


Quoi d'étonnant, dès lors, si saint Léon aime associer à la louange du Prince des apôtres celle de la ville du Prince des apôtres celle de la ville de Rome? Voici comment il désigne cette ville dans le sermon en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul: « Ce sont en effet ces hommes illustres, Ô Rome, qui t'ont porté la lumière de l'Évangile. Ce sont eux qui t'ont promue à ce degré de gloire, que tu sois la race sainte, le peuple choisi, la ville royale et sacerdotale et le Siège de Pierre, la capitale de l'univers, au point que la religion divine a davantage étendu son autorité que le pouvoir des maîtres de la terre. Car, bien qu'une infinité de victoires ait fait avancer ton empire sur terre et sur mer, cependant, ce que tu as soumis par l'effort de la guerre est moins considérable que ce qu'a mis à tes pieds la paix du Christ. » (Serm. LXXXII, 1, in nat. apost. Petri et Pauli, P. L., LIV, 422-423).

Rappelant ensuite à ses auditeurs quel magnifique témoignage saint Paul rendit à la foi des premiers chrétiens de Rome, le grand Pape les exhorte parternellement à conserver une foi intègre et sans défaut: « Vous qui êtes chéris de Dieu et qui avez été approuvés par un témoignage apostolique – vous à qui le bienheureux apôtre Paul, le Docteur des nations, adresse ces paroles: votre foi est annoncée dans toute la terre – préservez en vous ce que vous savez avoir été loué par une telle voix. Que personne ne se dérobe à son éloge, afin que vous, qui avez été préservés par l'enseignement de l'Esprit-Saint des atteintes de toute hérésie, vous ne soyez pas contaminés par la tache de l'impiété d'Eutychès. » (Serm. LXXXVI, tract. Contra haer. Eutychis, P. L., LIV, 467).


Jean XXIII, Aeterna Dei Sapientia
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