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Publié par Walter Covens

       L’Évangile de Jean me semble, selon un ordre de sagesse, être ponctué par les repas. C’est très impressionnant. Après le chapitre 1 qui nous donne le Prologue, le témoignage de Jean-Baptiste et la vocation des premiers disciples, on peut discerner une première partie : du chapitre 2 (Cana, début de la vie apostolique de Jésus), au chapitre 6 (la multiplication des pains). Deux repas totalement différents : l’un, le repas par excellence, bien préparé, et l’autre, qui n’est pas préparé du tout, un repas qui est un pique-nique – et encore ! un curieux pique-nique, où c’est Jésus qui fait tout puisque personne n’a emporté avec soi ce qui était nécessaire pour le repas. À partir de là commencent les luttes, du chapitre 6 au chapitre 12. Au chapitre 12, troisième repas : le repas de Béthanie, repas d’action de grâces, où Marthe et Marie remercient Jésus d’avoir ressuscité leur frère. Et avec ce repas de Béthanie, on entre dans la dernière semaine (jusqu’à la fin du chapitre 19). Et dans la dernière semaine, il y a encore un repas : celui de la Pâque, où a lieu le lavement des pieds. Enfin, dans la dernière partie (les apparitions de Jésus ressuscité, du chapitre 20 à la fin), il y a un dernier repas : le repas au petit matin, tout près du lac de Galilée.

       Il y a donc dans l’Évangile de Jean cinq repas qui, je crois, permettent de ponctuer d’une manière très particulière cet Évangile. L’Ancien Testament est ponctué par les sacrifices, et l’Évangile de Jean, qui est bien ce qu’il y a d’ultime dans la Révélation chrétienne (toute la Révélation se termine avec cet Évangile), est ponctué par les repas. Cela nous aide à comprendre que l’Ancien Testament, c’est avant tout le mystère de l’adoration, qui demeure, du reste, à travers toute l’Écriture, et est très présent dans l’Apocalypse ; et que l’Évangile de Jean, c’est encore l’adoration, certes, mais aussi le mystère de la charité fraternelle, représenté par les repas. Et c’est ce mystère qui va pour ainsi dire ponctuer tout l’Évangile de Jean.

       Nous allons essayer de comprendre cela, parce que nous avons là comme une clef qui nous permettra de découvrir profondément ce que saint Jean veut nous faire découvrir : le cœur de Jésus, doux et humble (Mt 11, 29), source de tout amour, le cœur de Jésus qui est venu répandre le feu sur la terre et qui n’a qu’un seul désir, c’est que ce feu brûle tout (Lc 12, 49).

       Avant la première période de la vie apostolique de Jésus, de Cana à la multiplication des pains, on est en présence des mystères de joie, qui sont comme les prémices de la vie apostolique de Jésus. Ce sont les rencontres de Jésus.

       À Cana, il répond à une invitation, il vient avec ses Apôtres, parce que, les ayant choisis, il ne peut plus les quitter. C’est à travers et dans sa vie apostolique qu’il va éduquer les Apôtres, leur faire faire une sorte de noviciat ; et au point de départ il y a ces premières rencontres de Jésus, ces premières présences : Cana, la purification du Temple, et Nicodème, trois premiers moments réservés au peuple d’Israël et dans la lumière de cette grande affirmation de Jean-Baptiste : " Voici l’Agneau de Dieu. " On pourrait appeler " cycle de l’Agneau " ces trois grands gestes de miséricorde de jésus à l’égard de son peuple.


Les trois sagesses , Fayard 1995, p. 434-436
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