Marie-Dominique Philippe, Les cinq repas dans lÉvangile de S. Jean
  LÉvangile de Jean me semble, selon un ordre de sagesse, être ponctué par les repas. Cest très impressionnant. Après le chapitre 1 qui nous donne le Prologue, le témoignage de Jean-Baptiste et la vocation des premiers disciples, on peut discerner une première partie : du chapitre 2 (Cana, début de la vie apostolique de Jésus), au chapitre 6 (la multiplication des pains). Deux repas totalement différents : lun, le repas par excellence, bien préparé, et lautre, qui nest pas préparé du tout, un repas qui est un pique-nique et encore ! un curieux pique-nique, où cest Jésus qui fait tout puisque personne na emporté avec soi ce qui était nécessaire pour le repas. À partir de là commencent les luttes, du chapitre 6 au chapitre 12. Au chapitre 12, troisième repas : le repas de Béthanie, repas daction de grâces, où Marthe et Marie remercient Jésus davoir ressuscité leur frère. Et avec ce repas de Béthanie, on entre dans la dernière semaine (jusquà la fin du chapitre 19). Et dans la dernière semaine, il y a encore un repas : celui de la Pâque, où a lieu le lavement des pieds. Enfin, dans la dernière partie (les apparitions de Jésus ressuscité, du chapitre 20 à la fin), il y a un dernier repas : le repas au petit matin, tout près du lac de Galilée.
  Il y a donc dans lÉvangile de Jean cinq repas qui, je crois, permettent de ponctuer dune manière très particulière cet Évangile. LAncien Testament est ponctué par les sacrifices, et lÉvangile de Jean, qui est bien ce quil y a dultime dans la Révélation chrétienne (toute la Révélation se termine avec cet Évangile), est ponctué par les repas. Cela nous aide à comprendre que lAncien Testament, cest avant tout le mystère de ladoration, qui demeure, du reste, à travers toute lÉcriture, et est très présent dans lApocalypse ; et que lÉvangile de Jean, cest encore ladoration, certes, mais aussi le mystère de la charité fraternelle, représenté par les repas. Et cest ce mystère qui va pour ainsi dire ponctuer tout lÉvangile de Jean.
  Nous allons essayer de comprendre cela, parce que nous avons là comme une clef qui nous permettra de découvrir profondément ce que saint Jean veut nous faire découvrir : le cur de Jésus, doux et humble (Mt 11, 29), source de tout amour, le cur de Jésus qui est venu répandre le feu sur la terre et qui na quun seul désir, cest que ce feu brûle tout (Lc 12, 49).
  Avant la première période de la vie apostolique de Jésus, de Cana à la multiplication des pains, on est en présence des mystères de joie, qui sont comme les prémices de la vie apostolique de Jésus. Ce sont les rencontres de Jésus.
  À Cana, il répond à une invitation, il vient avec ses Apôtres, parce que, les ayant choisis, il ne peut plus les quitter. Cest à travers et dans sa vie apostolique quil va éduquer les Apôtres, leur faire faire une sorte de noviciat ; et au point de départ il y a ces premières rencontres de Jésus, ces premières présences : Cana, la purification du Temple, et Nicodème, trois premiers moments réservés au peuple dIsraël et dans la lumière de cette grande affirmation de Jean-Baptiste : " Voici lAgneau de Dieu. " On pourrait appeler " cycle de lAgneau " ces trois grands gestes de miséricorde de jésus à légard de son peuple.
  Il y a donc dans lÉvangile de Jean cinq repas qui, je crois, permettent de ponctuer dune manière très particulière cet Évangile. LAncien Testament est ponctué par les sacrifices, et lÉvangile de Jean, qui est bien ce quil y a dultime dans la Révélation chrétienne (toute la Révélation se termine avec cet Évangile), est ponctué par les repas. Cela nous aide à comprendre que lAncien Testament, cest avant tout le mystère de ladoration, qui demeure, du reste, à travers toute lÉcriture, et est très présent dans lApocalypse ; et que lÉvangile de Jean, cest encore ladoration, certes, mais aussi le mystère de la charité fraternelle, représenté par les repas. Et cest ce mystère qui va pour ainsi dire ponctuer tout lÉvangile de Jean.
  Nous allons essayer de comprendre cela, parce que nous avons là comme une clef qui nous permettra de découvrir profondément ce que saint Jean veut nous faire découvrir : le cur de Jésus, doux et humble (Mt 11, 29), source de tout amour, le cur de Jésus qui est venu répandre le feu sur la terre et qui na quun seul désir, cest que ce feu brûle tout (Lc 12, 49).
  Avant la première période de la vie apostolique de Jésus, de Cana à la multiplication des pains, on est en présence des mystères de joie, qui sont comme les prémices de la vie apostolique de Jésus. Ce sont les rencontres de Jésus.
  À Cana, il répond à une invitation, il vient avec ses Apôtres, parce que, les ayant choisis, il ne peut plus les quitter. Cest à travers et dans sa vie apostolique quil va éduquer les Apôtres, leur faire faire une sorte de noviciat ; et au point de départ il y a ces premières rencontres de Jésus, ces premières présences : Cana, la purification du Temple, et Nicodème, trois premiers moments réservés au peuple dIsraël et dans la lumière de cette grande affirmation de Jean-Baptiste : " Voici lAgneau de Dieu. " On pourrait appeler " cycle de lAgneau " ces trois grands gestes de miséricorde de jésus à légard de son peuple.
Les trois sagesses , Fayard 1995, p. 434-436