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Publié par dominicanus

Habituellement, quand une fête liturgique tombe un dimanche, c’est la liturgie du dimanche qui prime. La raison est que le dimanche est le Jour du Seigneur, le jour ou nous faisons mémoire de la mort sacrificielle et de sa résurrection, de sa victoire sur le péché et sur le mal. Le dimanche est donc la pierre angulaire de la vie liturgique et spirituelle de l’Église. C’est pourquoi c’est un péché mortel de manquer volontairement la messe du dimanche. C’est comme si on disait à Dieu: « Merci pour tout, mais tu n’avais pas besoin de faire tout ça. »

 

Mais pourquoi alors la Dédicace de la Basilique du Latran, elle, prime-t-elle sur le dimanche? Pourquoi, en ce dimanche, plus d’un milliard de catholiques rendent-ils grâce à Dieu pour un évènement qui a eu lieu sous le pape Sylvestre Ier, en l’an 324? C’est parce que c’est la première église chrétienne de l’histoire, une église qui témoigne de manière tangible d’une vérité fondamentale de notre foi: l’Église catholique est indestructible. Jésus a promis d’être avec nous tous les jours, jusqu’à la fin de l’histoire, et que les puissances de l’enfer, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, ne prévaudront pas sur l’Église une, sainte, catholique et apostolique. La basilique du Latran apporte la preuve que Jésus tient sa promesse, et ceci pour deux raisons.

 

Premièrement, cette Basilique évoque la première victoire majeure de l’Église. Pendant les trois premiers siècles de l’histoire de l’Église, le fait d’être chrétien était illégal. Pendant tout ce temps, la famille des croyants a été marquée par des vagues successives de persécutions sanglantes. L’Empire romain voulait en finir avec la chrétienté, car les chrétiens refusaient d’adorer les idoles dans lesquelles ses dirigeants mettaient leur confiance. En adorant le Seigneur Jésus comme seul Seigneur, à l’exclusion de toutes les fausses divinités païennes, les chrétiens étaient considérés comme des ennemis de l’État, ce qui leur a valu d’atroces souffrances. Pendant ces trois premiers siècles, aucun édifice pour le culte public n’a pu être construit.

 

Cette situation a changé avec l’empereur Constantin, le fils de sainte Hélène. En l’an 312, sa petite armée a remporté une victoire éclatante contre celle, beaucoup plus puissante, de son rival, Maxence. Constantin a attribué cette victoire à Jésus Christ, qui lui avait donné d’avoir, peu avant cette bataille, une vision de la croix, portée par des anges, avec un monogramme éclatant des initiales de Jésus. Dans le ciel était apparu une inscription: « Dans ce signe, tu vaincras. » Constantin avait alors donné l’ordre de mettre ce monogramme sur les boucliers et les bannières de ses soldats. C’est ainsi que, étant devenu l’unique empereur, il a mis fin aux persécutions des chrétiens, légalisant le christianisme, et, même, en apportant son soutien à la construction des premiers édifices chrétiens publics, dont le premier fut la magnifique basilique dont nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire de la dédicace. 

 

En célébrant cette fête, nous célébrons donc la puissance de Dieu qui a vaincu l’Empire romain, le premier persécuteur des chrétiens.

 

 

Mais il y a une autre raison pour laquelle nous fêtons cette dédicace aujourd’hui. Cette basilique non seulement symbolise la première victoire majeure de l’histoire de l’Église, mais aussi la croissance de l’Église tout au long des siècles. Tout comme l’Église catholique elle-même, la basilique du Latran a survécu à un nombre impressionnant de désastres et de trahisons. En l’an 410 elle a été pillée par les Wisigoths, qui avaient envahi Rome en détruisant tout sur leur passage. En 455, c’est le tour des Vandales qui ont volé ses trésors, démoli les autels, et abattu les murs et les piliers, de construction récente. En 896, l’immense toit de bois a été endommagé par un tremblement de terre. En 1308, l’édifice reconstruit est ravagé par un incendie. L’année suivante, le pape quitte Rome pour établir sa résidence à Avignon pendant 70 ans. Le pape et les cardinaux partis, la basilique est tombée en ruines. Un autre incendie éclate en 1367, ne laissant plus qu’un tas de ruines. Quand le pape revient à Rome en 1377, la basilique était dans un état si lamentable qu’il ne se soucie même pas d’en reprendre possession. Il déménage au Vatican. 

 

Pendant les quatre siècles suivants, la basilique est réparée, embellie, restaurée et meublée peu à peu: le toit, la nef, le narthex, la façade, et enfin, en 1887, l’apsis. L’histoire des ces grandeurs et vicissitudes, de désastres et d’attaques, de rénovations et d’améliorations symbolisent l’histoire de l’Église catholique elle-même. C’est pourquoi la célébration de ce jour ne commémore pas seulement la première grande victoire de l’Église, mais la puissance de vie surnaturelle qui a fait que l’Église a survécu pendant plus de deux mille ans, en dépit des attaques de l’extérieur et la corruption de l’intérieur.

 

 

Voilà donc pourquoi, aujourd’hui, plus d’un milliard de catholiques célèbrent la dédicace de cet édifice ancien: parce cette basilique est l’église-mère de toutes les églises, la preuve tangible du fait que Jésus tient promesse, et que l’Église est indestructible. Dans quelques instants, mettons tout notre coeur à proclamer notre foi, nous souvenant que nous en sommes les pierres vivantes de l’édifice spirituel, comme saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture, afin d’être, nous aussi, des signes vivants de la puissance et de l’amour de Dieu en ce monde, qui cherche désespérément des raisons d’espérer.

 

L’Église catholique est indestructible - Homélie Dédicace Basilique du Latran
L’Église catholique est indestructible - Homélie Dédicace Basilique du Latran
L’Église catholique est indestructible - Homélie Dédicace Basilique du Latran
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