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Publié par dominicanus




Comment  s’est donc terminée cette très longue période de la vie de Jean dans les hautes solitudes ? Un beau jour, il a dû ressentir dans le cœur une irrésistible motion de l'Esprit l'entraînant à partir. Laisser ses dunes bien-aimées, ce creux de rocher, cette petite cascade, et même le grand silence du désert profond...

 

Il avait tout quitté de sa famille, de son village natal pour y venir. Maintenant de nouveaux déchirement : il lui faut tout laisser, de ce qui lui a été donné de vivre. Il lui faut commencer une vie toute nouvelle, qu'il ne peut que pressentir. Il doit partir vers une région qu’il ne connaît peut-être pas. Comme Abraham, il ne sait pas très bien où Dieu va mener ses pas. Mais l'Esprit lui murmure : « Pars, pars, quitte tout, pour rejoindre l’Agneau ! »

 

Mais avant de toucher Dieu de ses mains, de voir Dieu de ses yeux, d'entendre Dieu de ses oreilles, il lui faut préparer ses chemins au milieu du peuple. Donc il doit rejoindre ce peuple. Au désert du Sinaï, ses pères levaient l'ancre - si l'on ose dire - quand la nuée de feu s'élevait, marquant la fin de l'étape. Ainsi Jean se lève un beau matin et marche en direction du Jourdain. Il ne regarde pas en arrière. Il ne regrette rien. Il ne louvoie pas. Il ne tergiverse pas.

 

Il ne va ni à Jérusalem la capitale, ni à Tibériade la païenne, ni à Samarie l'hérétique, ni à Césarée de Philippe la romaine. Et encore moins à Bethléem, Cana ou Nazareth. Il reste de ce côté-ci du Jourdain, en Transjordanie. Demeurant l'homme du désert, mais à la lisière du monde.

 

Il va laisser des foules envahir ce qui lui reste de solitude. Vont affluer vers lui, non plus quelques disciples voulant partager son silence, mais des foules impossibles à dénombrer. Il quitte donc son doux désert avec Dieu pour rejoindre ce terrible désert sans Dieu, où l'on croit en Dieu sans ferveur.

(à suivre)

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