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Indifférence religieuse, visibilité de l'Église et évangélisation 2
LE PARADOXE CHRETIEN
Il s'agit d'abord de mettre en relief les points forts et les points sensibles qui ressortent de nos échanges autour du thème initial de notre réflexion : « Indifférence religieuse et visibilité de l'Eglise ». On peut les résumer ainsi :
- passer de l'inquiétude au discernement ;
- manifester la nouveauté chrétienne de l'intérieur de la foi ;
- faire l'expérience du paradoxe chrétien.
- 1. Passer de l'inquiétude au discernement
Les termes qui servent à circonscrire le thème général sont l'expression d'une inquiétude, ou d'un ensemble d'inquiétudes convergentes : comment prendre la mesure des résistances de la culture ambiante aux réalités et aux traditions religieuses, et spécialement à la tradition chrétienne ? Peut-on se résigner à une perte d'influence et de présence de l'Eglise dans la société française ? Que faire pour réagir à ce que l'on éprouve comme une montée de l'indifférence et une réduction de la visibilité de l'Eglise ?
Les données statistiques viennent confirmer ces inquiétudes : baisse de la pratique religieuse, vieillissement du clergé et des communautés chrétiennes, pénurie de vocations sacerdotales et religieuses.
À ces données statistiques s'ajoutent bien d'autres données d'ordre qualitatif, qui manifestent de multiples phénomènes préoccupants, eux-mêmes liés à la vie ordinaire de l'Eglise : - la difficulté de renouveler les prêtres chargés de paroisse et aussi les laïcs chargés de missions ecclésiales ; - la disproportion entre les besoins de la pastorale, les demandes adressées aux communautés chrétiennes et la pauvreté des moyens dont nous disposons pour y répondre ; - la manière souvent réductrice dont les initiatives et les interventions de l'Eglise, et tout particulièrement les paroles du pape et des évêques, sont présentées et répercutées dans l'opinion publique.
On pourrait mentionner encore bien d'autres phénomènes aussi réels qui sont les symptômes d'une même situation : la mission chrétienne est aujourd'hui à l'épreuve aussi bien des résistances de la culture ambiante que de l'affaiblissement des institutions catholiques.
Comment faire face à cette situation ? Telle est la question qui nous est posée. La voie choisie lors de nos échanges à Lourdes est une indication de notre réponse.
Il n'est pas question de se voiler la face ni de chercher des coupables, en cultivant cette « mémoire sombre » qui est si prompte à se réveiller en nous. Chacun de nous, dans son diocèse, choisit de mettre en œuvre les attitudes et les engagements qui lui semblent nécessaires pour faire face à cette situation éprouvante, soit en répartissant autrement les responsabilités à l'intérieur des communautés chrétiennes, soit en faisant appel à des groupes et à des communautés porteuses de projets d'évangélisation.
Mais, en deçà des différences qui caractérisent la vie de l'Eglise catholique en France, une conviction commune a émergé de nos échanges : cette situation d'épreuve nous oblige à effectuer un véritable discernement spirituel, qui nous permette de regarder au-delà des difficultés immédiates et de comprendre ce que le Christ attend de nous à travers ces épreuves elles-mêmes.
Deux éléments principaux sont apparus en vue de ce discernement spirituel. Spirituel : c'est-à-dire inspiré et conduit par l'Esprit Saint, qui est toujours promis et donné à l'Eglise du Christ en vue de faire face à des situations nouvelles et, en particulier, à des situations difficiles.
- C’est de l'intérieur de la foi vécue et partagée que nous sommes appelés à relever les défis auxquels nous sommes confrontés.
- Les épreuves elles-mêmes nous donnent de faire l'expérience du paradoxe chrétien dans ce qu'il a de plus radical : la puissance de Dieu opère dans l'Eglise, comme dans la vie des apôtres, à l'intérieur de notre faiblesse (voir 2 Co 12, 9).