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Publié par Walter Covens

De l'angoisse à la foi, quelle croisière! - Homélie 12° dimanche du TOB

Le Seigneur ne manque point d'humour. Il nous rappelle aujourd'hui que les tempêtes, aussi bien que les pêches miraculeuses, font bel et bien partie du "Temps Ordinaire" qui vient de recommencer. Après la longue cure de désintoxication du péché au cours du Carême, suivi du stage d’'entraînement à la vie éternelle du Temps pascal, notre foi devrait être bardée contre tout doute et tout adversaire pour nous permettre d'affirmer tranquillement : "Même pas peur!". 

 

Dans l'itinéraire de l'Évangile de S. Marc aussi, les Apôtres, durant plusieurs chapitres, ont été témoins des hauts faits et paroles du Seigneur. Dans une première étape, S. Marc nous avait présenté, en une double séquence, d'abord une série d'actes de Jésus dans la journée-type de Jésus (1, 21-45), puis une série de paroles de Jésus, dans le cadre de cinq controverses. La deuxième étape est composée de la même manière, mais dans un ordre inversé : après l'institution des Douze (ch. 3), nous trouvons d'abord une série de paroles de Jésus sous forme de paraboles (4, 1-34), puis une série de gestes puissants de Jésus (4, 35 – 6,6).

 

Les disciples qui, au lieu de se tenir "dehors" sans rien comprendre aux paraboles, se sont laissé ébranler par l'enseignement de Jésus qui ouvre au mystère du Règne de Dieu, sont maintenant "entraînés" par lui dans une sorte de leçon de choses, par un enseignement, non plus en paraboles, mais en actes, au cours d'une virée dans la région du Lac de Galilée. Après le stage en haute montagne, c'est l'heure des matchs préparatoires. Durant cette tournée, ils vont être témoins de l'action puissante de leur Maître : il domine les éléments et les forces du mal (Satan), il arrache l'humanité à la maladie et à la mort. C'est ainsi que la crainte et la peur font place peu à peu à la foi. Notons que l'évangile ne parle pas de miracles, mais de "dynameis" : des gestes puissants pleins de sens.

 

Mais ce véritable exode, qui part du doute et de la peur pour aboutir à la foi et la confiance, n'est pas gagné d'avance. La non-foi aussi est possible. Voilà pourquoi S. Marc notera au passage l'incroyance de l'entourage et de la parenté de Jésus de Nazareth, qui entrave l'action de Jésus. La question qui se pose alors, c'est : où donc se situe en nos vies la frontière entre la foi et le doute ? Pas moyen de le savoir, sinon grâce aux épreuves que Dieu permet, non pas pour qu'il puisse nous tester (il sait très bien), mais pour que nous sachions, nous, où nous en sommes, pour ne pas que nous soyons victimes du plus grand danger : celui de croire ... que nous croyons.

 

Et la première épreuve qui est proposée, c'est la tempête. On apprend à l'école que, sur l'ensemble de la superficie de la terre, les eaux recouvrent 361 millions de kilomètres carrés, soit 71% de la superficie du globe terrestre. Qui d'entre nous, à l'aube, ou au coucher du soleil, quand la mer fourmille de petites lumières qui sont comme des lucioles enchâssées sur l'étendue de l'eau, au clair de lune, de la véranda d'une maison, ou le long d'une plage, ne s'est pas arrêté pour contempler la mer, ou plutôt l'une des nombreuses mers ou océans qui recouvrent la surface de la terre avec une abondance si extraordinaire ? Peut-être même avons-nous eu le privilège de nous extasier devant la douce beauté du lac même sur lequel Jésus avait entraîné les siens… Mais qui d'entre nous n'a pas, au moins par les images d'un film de fiction, du journal télévisé ou d'un documentaire, si ce n'est par sa propre expérience, été témoin aussi d'une tempête, d'un ouragan, d'un cyclone ? Et lorsque la tempête survient, alors que l'on se trouve, non pas sur la terre ferme, mais en pleine mer, cette expérience se transforme alors en cauchemar.

 

Les Apôtres, dont certains étaient pourtant des pêcheurs aguerris, mais dont la frêle embarcation n'était qu'un jouet pour la fureur des flots, se voyaient perdus. À leur décharge, il faut dire que la lecture de l'Ancien Testament, où domine une attitude de crainte vis-à-vis de la mer, n'avait pas de quoi les rassurer beaucoup. On y parle de l'eau du déluge et d'abîmes insondables, qui évoquent plus la mort et les tragédies qu'une croisière de rêve au bord du Queen Mary II, quoi que...… Souvenons-nous de l'aventure du Titanic ! Dans les mythologies païennes la mer est souvent divinisée. C'est un moyen comme un autre pour exorciser sa peur, mais un moyen qui coûte cher, puisqu'à l'idole, il faut offrir des sacrifices, même humains. Nous autres, croyants du 21e siècle, avons de la peine à nous imaginer ce que doit être la furie des flots pour un athée qui s'y trouve. Pourtant, c'est une certitude scientifique (cf. la revue ‘Science et Vie’ d'août 2005) : croire en Dieu augmente l'espérance de vie sur terre (de 29 %, selon une synthèse, datant de 2002, de 42 études médicales, menées entre 1977 et 1999, concernant 126.000 personnes !), parce que la foi en Dieu permet de réduire l'angoisse, parce que les religions apportent des réponses aux interrogations les plus profondes de l'homme.

 

Est-ce une bonne nouvelle ? Pas franchement, car l'article en question dit ceci :

 

"Peu importe le nom du dieu qu'elles élisent, la genèse qu'elles décrivent ou la nature du paradis qu'elles promettent, toutes (les religions) produisent un discours qui, chacun à sa manière, apporte une réponse à ce qui étreint l'homme lorsqu'il songe à sa condition."

 

En d'autres mots : peu importe si ces religions sont dans la vérité ou pas, pourvu qu'on y croie.… C'est un argument qui, mine de rien, peut se retourner, et qu'on n'a pas manqué de retourner, contre la foi chrétienne. On l'accuse d'être une croyance pour les faibles, ("l'opium du peuple") et, au contraire, on vante le mérite de l'incroyant qui, lui, au moins, a le courage d'affronter la dure réalité sans ingérer des anxiolytiques. C'est vrai, peut-être, et dans une certaine mesure, pour les religions païennes. Est-ce vrai aussi pour la foi chrétienne ? La Bible souligne que seul Yahvé, le VRAI Dieu, peut se rendre maître de la fureur des flots qui impressionne tant et devant laquelle l'homme se sent si petit (1e lecture). Pensons aussi aux grandes interventions de Dieu qui font échapper ses amis aux naufrages et aux inondations : le déluge, le passage de la mer Rouge, les Israélites qui avaient voyagé en mer (psaume 106). Et puis chacun connaît l'histoire de Jonas. Tout cela les Apôtres le savaient, et sans doute mieux que le chrétien moyen aujourd'hui. Ce qu'ils devaient encore apprendre, ou plutôt croire, c'est que ce Dieu qui seul peut calmer la fureur des flots, et que ce Dieu, c'est Jésus qui est avec eux dans la barque en train de dormir.

 

Pour l'instant, il n'en sont encore qu'à se poser des questions : "Saisis d'une grande crainte, ils se disaient entre eux : ‘Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?’" Ou, plus exactement, ce Jésus, à qui ils s'adressent dans leur angoisse, comme, dans le psaume, le naufragé s'adresse à Dieu, réclame d'eux ce que seul le vrai Dieu est en droit de réclamer de ses créatures humaines, à savoir : une confiance absolue et inconditionnelle, tempête apaisée ou non : "Jésus leur dit : ‘Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ?’" Et l'on a vraiment l'impression que si Jésus apaise la tempête, ce n'est pas pour récompenser leur foi ; c'est plutôt pour venir en aide à leur manque de foi, en espérant qu'une prochaine fois, il n'aura pas besoin de leur prouver de nouveau sa puissance.

 

Et c'est ainsi seulement, de tempête apaisée à tempête non apaisée, que nous pouvons, peu à peu, très lentement - trop lentement - faire notre exode de l'angoisse à la foi. Voilà donc le véritable courage, celui de la vérité, qui n'est ni un opium ni un anxiolytique, mais qui rend vraiment libre, libre pour aimer, et pour perdre notre vie, afin de sauver celle de nos frères.

 

C'est Jésus lui-même qui nous en donne un exemple parfait. Quand la tempête fait rage dans son Cœur au Jardin des Oliviers, il ne dédaigne pas "réveiller" son Père : "Abba, Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe." (Mc 14, 36) Mais il le fait en toute tranquillité, si j'ose dire, comme la prière toute simple de la Vierge Marie à Cana : "Ils n'ont pas de vin" (Jn 2, 3). Et tout comme Jésus au Jardin de l'Agonie ajoute : "Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux", Marie dira aux serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira." (v. 5) Et pendant ce temps, qui dormait : Dieu ? Ou les apôtres ?

 

Je pense aussi à S. Thomas More, dans sa prison de la Tour de Londres, méditant l'agonie de Jésus ; et à l'admirable dernière lettre de Giovanni Mazzucconi, né en 1826, de l'Institut Pontifical pour les Missions Étrangères de Milan (P.I.M.E.), et qui a été martyrisé en 1855 (il avait 29 ans) dans l'île Woodlark en Papouasie - Nouvelle-Guinée. Il a été béatifié par Jean-Paul II le 19 février 1984.

 

Mais en général, comme le dit la chanson : "Pour faire un homme, (un vrai, un croyant), mon Dieu, que c'est long !". Et dire que Dieu, dans son atelier, ne s'énerve pas pour autant….

 

"Fais-nous vivre à tout moment, Seigneur, dans l'amour et le respect de ton saint nom, toi qui ne cesses jamais de guider ceux que tu enracines solidement dans ton amour." (prière d'ouverture).

http://www.evangile-et-peinture.org/meditations-dominicales/images-a-lavance/

http://www.evangile-et-peinture.org/meditations-dominicales/images-a-lavance/

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J
J'ai une question stupide à poser: tout ce qui n'est pas chrétien est -il païen? (En mettant à part juifs et mulsulmans)
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W
La question n'est pas bête. (La réponse non plus, je l'espère.) Mais, pour un chrétien, elle se pose d'une manière un peu différente. D'une manière fondamentale, parmi les chrétiens on distingue les judéo-chrétiens (chrétiens d'origine juive) des pagano-chrétiens (chrétiens d'origine païenne : donc tous les chrétiens qui ne sont pas d'origine juive). Tous les autres sont donc soit des juifs non-chrétiens et soit des païens (y compris les musulmans). <br /> Ce n'est pas une insulte, c'est une simple constatation. Mais il ne faut pas confondre païen et incroyant (ou athée). Il y a des païens qui sont très religieux, dont beaucoup de musulmans. <br /> D'ailleurs, pour être chrétien il ne suffit pas d'être religieux (pieux). Aux Antilles, par exemple, beaucoup de gens sont de nature très religieuse. Ils vont à la messe le dimanche, et même en semaine, font leurs prières matin et soir, etc... Mail ils ne voient aucun problème à consulter un medium le lendemain ou le même jour, ou à consulter leur horoscope dans le premier torchon qui leur tombe sous la main. Ceux qui font cela sont sans doute religieux, mais ont un comportement (et une mentalité) de païen, saupoudré de rites et de prières chrétiennes.
M
"Mon Dieu, que c\\\\\\\\\\\\\\\'est long pour faire un homme", 4O ans pour sortir de notre sommeil, 4O ans dans notre désert, et enfin 4O ans sur le chemin de la terre promise, mon Dieu, que c\\\\\\\\\\\\\\\'est long pour faire un homme,(un vrai, un croyant) merci Seigneur pour ton Amour et ta patience.
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W
Avec vous, je rends grâce à Dieu.