4. D'innombrables hommes et femmes de tous les temps et de tous les lieux se sont conformés à ce dessein divin naturel, avant même la venue du Sauveur, et de nombreux autres s'y conforment après sa venue, même sans le connaître. Leur liberté s'ouvre au don de Dieu, que ce soit au moment de se marier, ou bien tout au long de leur vie conjugale. Toutefois, il subsiste toujours la possibilité de se rebeller contre ce dessein d'amour: 'est alors que se présente à nouveau cette "dureté de coeur" Mt 19,8 en raison de laquelle Moïse autorisa la répudiation, mais que le Christ a définitivement vaincue. Il faut répondre à ces situations par l'humble courage de la foi, d'une foi qui soutient et corrobore la raison même, afin qu'elle soit en mesure de dialoguer avec tous à la recherche du véritable bien de la personne humaine et de la société. Considérer l'indissolubilité non pas comme une norme juridique naturelle, mais comme un simple idéal, ôte son sens à la déclaration sans équivoque de Jésus-Christ, qui a absolument refusé le divorce car "dès l'origine il n'en fut pas ainsi" Mt 19,8.
Le mariage "est" indissoluble: cette propriété exprime une dimension de son caractère objectif, il ne s'agit pas d'un pur fait subjectif. En conséquence, le bien de l'indissolubilité est le bien du mariage lui-même; et l'incompréhension du caractère indissoluble constitue l'incompréhension du mariage dans son essence. Il s'ensuit que le "poids" de l'indissolubilité et les limites que celle- ci comporte pour la liberté humaine ne sont autre que le revers, pour ainsi dire, de la médaille, face au bien et aux potentialités contenues dans l'institution matrimoniale en tant que telle. Dans cette perspective, cela n'a pas de sens de parler d'"imposition" de la part de la loi humaine, car celle-ci doit refléter et sauvegarder la loi naturelle et divine, qui est toujours une vérité libératrice Jn 8,32.
Discours au Tribunal de la Rote romaine pour l'inauguration de l'année judiciaire, 28/01/2002