Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Walter Covens

Lors de notre dernière assemblé presbytérale, avant-hier, notre archevêque a demandé à ses prêtres de veiller à une célébration de l'eucharistie qui soit conforme au PGMR (Présentation Générale du Missel Romain).

Trop souvent, en effet, les prêtres s'approprient la liturgie et se permettent de la mettre chacun à sa sauce, avec un certain nombre de constantes, telles que la modification des prières de l'ordinaire de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus) et de la prière eucharistique, et même des paroles de la consécration, l'omission de l'embolisme après le Notre Père, etc...

Mais il y a plus grave. Aux Pays-Bas les dominicains se sont fait les "apôtres" d'une eucharistie célébrée non pas par des prêtres, mais par des hommes (et des femmes) "de la base" et désignés par le peuple, en se prévalant du Concile Vatican II.
La récente Année de l'Eucharistie avec les différents rappels de Jean-Paul II et de Benoît XI et des Congrégations romaines, semble complètement ignorée.

Je pense que, dans ce contexte, il n'est pas superflu d'attirer votre attention sur un article récent (il est daté du 3 octobre 2007) que je vous invite donc à lire attentivement pour intensifier votre prière pour que le bon sens et la fidélité à la foi de l'Église puissent prévaloir sur toutes les attaques des puissances de l'enfer.

L’expérience est déjà en cours. A la place du prêtre, des hommes et des femmes désignés par les fidèles. Tous ensemble, ils prononcent les paroles de la consécration, elles aussi variables à volonté. Selon les dominicains hollandais, c’est ce que veut le Concile Vatican II

par Sandro Magister



ROMA, le 3 octobre 2007 – Lorsqu’il a redonné pleinement droit de cité à l’ancien rite de la messe, par le motu proprio “Summorum Pontificum”, Benoît XVI a dit qu’il voulait aussi réagir à l’excès de "créativité" dans le rite moderne qui "a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du supportable".

Au vu de ce qui se passe dans certaines parties de l’Eglise, cette créativité influe non seulement sur la liturgie mais aussi sur les fondements mêmes de la doctrine catholique.

Nimègue, en Hollande: à l’église des pères augustins, la messe du dimanche est présidée à la fois par un protestant et par un catholique. A tour de rôle, l’un s’occupe de la liturgie de la Parole et du sermon, l’autre de la liturgie eucharistique. Le catholique est presque toujours un simple laïque et souvent une femme. Pour la prière eucharistique, les textes écrits par l’ex-jésuite Huub Oosterhuis sont préférés aux textes du missel. Tous partagent le pain et le vin.

Aucun évêque n’a jamais autorisé cette forme de célébration. Mais le père Lambert van Gelder, l’un des augustins qui s’en font les promoteurs, est certain d’avoir raison: "Dans l’Eglise, différentes formes de participation sont possibles, nous sommes membres de la communauté ecclésiale à part entière. Je ne me considère pas du tout comme schismatique".

En Hollande, toujours, les dominicains sont allés encore plus loin, avec le consentement des provinciaux de l’ordre. Deux semaines avant l’entrée en vigueur du motu proprio "Summorum Pontificium", les dominicains ont distribué dans chacune des 1 300 paroisses catholiques un livret de 38 pages intitulé “Kerk en Ambt”, Eglise et ministère. Ils y proposent de transformer en règle générale ce qui se pratique de manière spontanée dans différents endroits.

Les pères dominicains proposent qu’en l’absence de prêtre, une personne choisie par la communauté préside la célébration de la messe: “Peu importe que ce soit un homme ou une femme, un homosexuel ou un hétérosexuel, une personne mariée ou un célibataire“. La personne choisie et la communauté sont invitées à prononcer ensemble les paroles de l’institution de l’eucharistie: “Prononcer ces paroles n’est pas une prérogative réservée au prêtre. De telles paroles constituent l’expression consciente de la foi de la communauté toute entière“.

Le livret s’ouvre sur l’approbation explicite des supérieurs de la province hollandaise des dominicains. Les premières pages sont consacrées à la description de ce qui se produit le dimanche dans les églises de Hollande.

Par manque de prêtres, la messe n’est pas célébrée dans toutes les églises. De 2002 à 2004, le nombre total des messes dominicales en Hollande est passé de 2 200 à 1 900. En revanche, au cours de la même période, le nombre de “services de Parole et de communion“ est passé de 550 à 630. Il s’agit de liturgies de substitution, sans prêtre et donc sans célébration sacramentelle, où la communion se fait avec des hosties consacrées précédemment.

Dans certaines églises, la distinction entre la messe et le rite de substitution est clairement perçue par les fidèles. Mais ce n’est pas le cas dans d’autres églises, où les deux sont considérés comme étant de valeur égale et totalement interchangeables. Le fait que ce soit un groupe de fidèles qui désigne l’homme ou la femme qui conduira la liturgie de substitution renforce chez les fidèles eux-mêmes l’idée que leur choix “d’en bas“ est plus important que l’envoi d’un prêtre de l’extérieur et “d’en haut“.

Il en va de même pour la formulation des prières et pour l’organisation du rite. On préfère donner libre cours à la créativité. Au cours de la messe, les paroles de la consécration sont souvent remplacées par “des expressions plus faciles à comprendre et plus en accord avec l’expérience moderne de la foi“. Dans le rite de substitution, il est fréquent que, pour la distribution de la communion, des hosties non consacrées soient ajoutées à celles consacrées.

Dans ces comportements, les dominicains distinguent trois attentes très répandues:

– que les hommes et les femmes auxquels est confiée la présidence de la célébration eucharistique soient choisis "d’en bas";

– que, de préférence, "ce choix soit suivi par une confirmation, une bénédiction, ou une ordination de la part des autorités de l’Eglise";

– que les paroles de la consécration "soient prononcées tant par ceux qui président l’eucharistie que par la communauté dont ils font partie".

De l’avis des dominicains hollandais, ces trois attentes s’appuient largement sur le Concile Vatican II.

Selon eux, le geste décisif du Concile a été de placer, dans la constitution sur l’Eglise, le chapitre sur le "peuple de Dieu" avant celui sur "l’organisation hiérarchique constituée du haut vers le bas par le pape et les évêques".

Cela implique de remplacer l’Eglise "pyramide" par une Eglise "corps", avec le laïcat comme figure centrale, ce qui implique aussi une vision différente de l’eucharistie.

L’idée que la messe soit un "sacrifice" – affirment les dominicains hollandais – est également liée à un modèle "vertical", hiérarchique, où seul le prêtre peut prononcer de manière valide les paroles de la consécration. Un prêtre qui doit être un homme et célibataire, comme le prescrit "une théorie archaïque de la sexualité".

En revanche, du modèle de l’Eglise "peuple de Dieu" dérive une vision plus libre et paritaire de l’eucharistie: comme un simple "partage du pain et du vin entre frères et sœurs au milieu desquels se trouve Jésus", comme une "table ouverte également à des personnes de traditions religieuses différentes".

L’opuscule des dominicains hollandais s’achève en exhortant les paroisses à choisir "par en bas" les personnes destinées à présider l’eucharistie. Dans le cas où, pour des raisons de discipline, l’évêque ne confirmerait pas ces personnes – parce qu’elles sont mariées ou parce que ce sont des femmes – les paroisses suivraient de toute façon leur route: "Que ces personnes sachent qu’elles sont, quoi qu’il arrive, habilitées à célébrer une eucharistie réelle et authentique à chaque fois qu’elles se réunissent en prière et partagent le pain et le vin".

Les auteurs du livret sont les pères Harrie Salemans, curé à Utrecht, Jan Nieuwenhuis, ancien directeur du centre œcuménique des dominicains d’Amsterdam, André Lascaris et Ad Willems, ancien professeur de théologie à l’université de Nimègue.

Un autre théologien dominicain hollandais, plus célèbre, se distingue dans leur bibliographie de référence: Edward Schillebeeckx, 93 ans. Dans les années 80, il a été soumis à examen par la congrégation pour la doctrine de la foi pour des thèses proches de celles aujourd’hui réunies dans l’opuscule.

La conférence des évêques de Hollande se garde de donner une réponse officielle. Mais elle a déjà fait savoir que la proposition des dominicains apparaît “en opposition avec la doctrine de l’Eglise catholique“.

A Rome, la curie généralice des dominicains a faiblement réagi. Dans un communiqué daté du 18 septembre – non publié sur le site de l’ordre – elle a défini le livret comme une "surprise" et a pris ses distances par rapport à la "solution" proposée. Mais elle a déclaré de partager "l’inquiétude" des confrères hollandais quant à la rareté des prêtres: "Il se peut qu’ils aient l’impression que les autorités de l’Eglise n’ont pas suffisamment travaillé la question et, par conséquent, qu’ils poussent à un dialogue plus ouvert. [...] Nous pensons qu’il faut répondre à cette inquiétude par une réflexion théologique et pastorale prudente entre l’Eglise toute entière et l’ordre dominicain".

En Hollande, les dominicains ont annoncé une réimpression prochaine du livret. Les 2 500 premiers exemplaires ont été très vite épuisés.

Le texte intégral de l’opuscule, traduit en anglais:

> The Church and the Ministry

__________


Les développements de l’affaire, en hollandais, sur le site des dominicains de Hollande:

> Dominicaans Nederland - Nieuws

Le synode des évêques de 2005 a travaillé sur les questions soulevées par les dominicains hollandais et en a tiré des indications radicalement différentes.

Dans l’exhortation apostolique post-synodale "Sacramentum caritatis", Benoît XVI a consacré le paragraphe 75 aux "assemblées dominicales en l’absence de prêtre". Le voici:

"Redécouvrant le sens de la célébration dominicale pour la vie des chrétiens, il est naturel de se poser le problème de ces communautés chrétiennes où manque le prêtre et où il n'est donc pas possible de célébrer la Messe le Jour du Seigneur. Il faut dire, à ce propos, que nous nous trouvons face à des situations très différentes les unes des autres. Le Synode a tout d'abord recommandé aux fidèles de se rendre dans une des églises du diocèse où est garantie la présence du prêtre, même quand cela demande un certain sacrifice. Là où, par contre, les grandes distances rendent pratiquement impossible la participation à l'Eucharistie dominicale, il est important que les communautés chrétiennes se rassemblent également pour louer le Seigneur et pour faire mémoire du jour qui lui est consacré. Cela devra cependant se réaliser dans le cadre d'une instruction appropriée sur la différence entre la Messe et les assemblées dominicales en absence de prêtre. Le soin pastoral de l'Église doit s'exprimer dans ce cas en veillant à ce que la liturgie de la Parole, organisée sous la présidence d'un diacre ou d'un responsable de la communauté à qui ce ministère a été régulièrement confié par l'autorité compétente, se déroule selon un rituel spécifique, élaboré par les Conférences épiscopales et approuvé par elles à cette fin. Je rappelle que concéder la faculté de distribuer la communion dans ces liturgies revient aux Ordinaires, qui évalueront attentivement l'opportunité des choix à effectuer. En outre, on doit faire en sorte que de telles assemblées n'entraînent pas de confusion sur le rôle central du prêtre et sur l'aspect sacramentel dans la vie de l'Église. L'importance du rôle des laïcs, que l'on doit justement remercier de leur générosité au service des communautés chrétiennes, ne peut jamais occulter le ministère irremplaçable des prêtres pour la vie de l'Église. On veillera donc avec attention à ce que les assemblées en absence de prêtre ne donnent pas prise à des visions ecclésiologiques qui ne seraient pas fidèles à la vérité de l'Évangile et à la tradition de l'Église. Elles devraient plutôt être des occasions privilégiées de prière adressée à Dieu pour qu'il envoie de saints prêtres selon son cœur. À ce sujet, ce qu'écrivait le Pape Jean-Paul II dans sa Lettre aux prêtres pour le Jeudi Saint 1979, est particulièrement émouvant, rappelant les lieux où les fidèles, privés de prêtre par un régime dictatorial, se réunissaient dans une église ou dans un sanctuaire, mettaient sur l’autel une étole qu'ils conservaient encore et récitaient les prières de la liturgie eucharistique, faisant silence 'au moment qui correspondrait à la transsubstantiation', témoignant qu'ils désiraient 'ardemment entendre les paroles que seules les lèvres d'un prêtre peuvent prononcer efficacement'. Dans cette perspective, étant donné le bien incomparable qui découle de la célébration du Sacrifice eucharistique, je demande à tous les prêtres une disponibilité effective et concrète pour visiter le plus souvent possible les communautés qui sont confiées à leur soin pastoral, pour qu'elles ne restent pas trop longtemps sans le Sacrement de la charité".

(Source : www.chiesa)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
L'Esprit est à l'oeuvre, écoutez-la! Ses prophètes sont parmi nous n'éteignez pas leur voix. Si ces hommes et ces femmes se battent pout l'Eucharistie, c'est qu'ils l'aiment. Ils méritent d'être entendus et respectés.
Répondre
P
C'est avant tout l'Eucharistie et l'Eglise qui méritent d'être respectées !
J
Je suis choqué d'apprendre que des dominicains qui ont fait des études théologiques sérieuses puissent prendre de telles décisions. C'est vraiment n'importe quoi.
Répondre