Le 25 août est la fête de Saint Louis (1214-1270), roi de France, modèle d'homme d'État catholique, qui a participé à deux croisades.
Dom Prosper Guéranger (1805-1875), le célèbre abbé de Solesmes, fait d'excellents commentaires sur Saint Louis. De la plume de ce grand écrivain catholique, l'un des hommes d'Eglise les plus importants de son temps, nous voyons plusieurs considérations entièrement en consonance avec un point de vue contre-révolutionnaire.
Pour commencer son commentaire, Dom Guéranger pose un problème complexe. Un saint doit être humble. Comment un roi, qui est au sommet de la hiérarchie politique et sociale, peut-il être humble ? N'y a-t-il pas une contradiction entre les deux positions ? Une personne humble en position d’autorité ne devrait-elle pas ressembler à un président marxiste cubain ? Comment conciliez-vous les deux conditions d'être saint et humble ? Dom Guéranger dit :
« L’humilité des saints rois n’est point l’oubli de la grandeur du rôle qu’ils remplissent pour Dieu ; leur abnégation ne saurait consister dans l’abandon de droits qui sont aussi des devoirs ; pas plus que la charité ne supprime en eux la justice, l’amour de la paix n’y fait tort aux vertus guerrières. »
Comme vous le voyez, Dom Guéranger se bat contre l'idée sentimentale d'un saint roi. Cette notion soutient que l'humilité rendrait un roi indigne de sa charge. Un roi « humble » devrait faire preuve de miséricorde au point que cela l'empêcherait d'administrer la justice. Il faudrait qu'il soit un homme si pacifique qu'il serait incapable de faire la guerre. Dom Guéranger dit qu'un saint roi est le contraire. Il pratique l'humilité mais affiche également la grandeur. Il pratique la charité mais le fait avec beaucoup de justice. D'autre part, il a un amour de la paix mais possède aussi d'authentiques vertus guerrières. C'est le contraire de la notion sentimentale d'un saint roi.
Il continue d'expliquer ce qu'il veut dire :
« Saint Louis sans armée ne laissait pas de traiter de toute la hauteur de son baptême avec l’infidèle victorieux. »
En d'autres termes, lorsqu'il devenait prisonnier des infidèles après leur victoire sur lui au combat, il les traitait toujours pleinement conscient de sa dignité de baptisé.
« Par ailleurs en notre Occident, on le sut de bonne heure, on le sut toujours mieux à mesure qu’avec les années croissait en lui la sainteté : ce roi dont les nuits se passaient à prier Dieu, les journées à servir les pauvres, n’entendait céder à quiconque les prérogatives de la couronne qu’il tenait de ses pères. »
C'était donc un homme qui soignait les pauvres et savait prier, mais était aussi un homme combatif qui défendait ses prérogatives.
« Il n’y a qu’un roi en France, dit un jour le justicier du bois de Vincennes cassant une sentence de son frère, Charles d’Anjou ; et les barons au château de Bellême, les Anglais à Taillebourg, n’avaient pas attendu jusque-là pour l’apprendre ; non plus que ce Frédéric II, qui menaçait d’écraser l’Église, cherchant chez nous des complices, et dont les hypocrites explications valurent à l’Allemand la réponse : Le royaume de France n’est mie encore si affaibli qu’il se laisse mener à vos éperons. »
Sa haute réponse était propre à un saint.
Ceci est intéressant car il faut toujours réagir contre la tendance à considérer les saints, et la piété en général, d'un point de vue trop sentimental.
L'article ci-dessus est tiré d'une conférence informelle donnée par le professeur Plinio Corrêa de Oliveira le 25 août 1965. Il a été traduit et adapté pour publication sans sa révision.
Prière à Saint Louis pour l'Association de Fidèles Saint Louis IX
Sire le Roi, qui envoyiez vos plus beaux chevaliers en escoute à la pointe de l'armée chrétienne, daignez-vous souvenir des membres de l'Association de Fidèles qui porte votre nom et qui voudraient marcher dans les voies de votre sainteté, pour mieux servir sire Dieu et dame sainte Église. Donnez-nous du péché mortel plus d'horreur que n'en eut Joinville qui pourtant fut bon chrétien, et gardez-nous purs comme les lys de votre blason. Vous qui teniez votre parole, même donnée à un infidèle, faites que jamais mensonge ne passe notre gorge, dût franchise nous coûter la vie.
Preux inhabile aux reculades, coupez les ponts à nos feintises, et que nous marchions toujours au plus dur. Ô le plus fier des rois français, inspirez-nous de mépriser les pensées des hommes et donnez-nous le goût de nous compromettre et de nous croiser pour l'honneur du Christ.
Enfin, Prince, Prince au grand cœur, ne permettez pas que nous ne soyons jamais médiocres, mesquins ou vulgaires, mais partagez-nous votre cœur royal et faites qu'à votre exemple nous servions royalement. Amen.