Écrit par Frère Alexis Bugnolo (08/10/2022) - Traduction française autorisée : père Walter Covens
Je ne sais pas quand cette conférence a été organisée, mais le groupe de travail sur un Siège empêché, qui demande des contributions, travaillera jusqu'au 21 novembre. Puis-je dire qu'ils réagissent à mes appels nombreux, et récents aussi, pour un concile provincial ? Je vais lire avec grande attention leur présentation et présenter ici mon résumé et mes commentaires.
Cette conférence fait bien sûr partie de la réponse menée par le Dr Boni, canoniste de l'Université de Bologne, pour expliquer le problème du Pape émérite, dont j'ai souligné il y a 20 mois ICI (voir aussi ICI) qu'il était voué à l'échec. Nous verrons ci-dessous pourquoi.
Tout d'abord, leur document de travail sur le Siège Empêché, dans l'original italien ICI
Commentaire : Introduction
Il est clair, dès les premières pages, que ces érudits sont terrifiés par le canon 335, où il est dit : lorsque le Siège Apostolique est empêché, que rien ne soit innové (nihil innovetur). C'est une horreur pour un esprit progressiste. Ils déclarent explicitement que l'Église se trouverait dans une situation grave si un pape devenait physiquement ou mentalement invalide pendant une longue période sans pouvoir signifier sa renonciation. "Qu'à Pachamama ne plaise que l'Église ne change pas!", semblent-ils dire. - Tout catholique trouverait cela ridicule. Un esprit normal et sain se préoccuperait de quelque chose de vraiment important : le salut des âmes, et comment l'Eglise devrait se conduire sans le Vicaire du Christ pour la soutenir et la confirmer dans la foi par sa voix et ses soins ! - J'ai l'impression que ce groupe de travail a été financé par les Rothschild.... mais j'éditorialise...
Deuxièmement, ils détournent la considération à des fins politiques évidentes. Car l'examen de ce qu'il faut faire lorsque le Siège Apostolique est totalement empêché ne devrait pas seulement prendre en compte l'infirmité physique ou psychologique du Pontife Romain, mais aussi la force majeure, l'erreur substantielle ou d'autres empêchements juridiques ou physiques, tels que l'emprisonnement, les menaces, la prise d'otage, l'enlèvement, le remplacement par des sosies etc..., c'est-à-dire lorsque le Siège Apostolique est empêché par une puissance extérieure ou par l'incapacité des Fidèles à savoir qui est le vrai pape. - Comme il y a eu de nombreux papes pris en otage par des empereurs (Napoléon étant le plus récent) et de nombreuses époques où il y avait des papes rivaux, la raison pour laquelle ces cas n'ont pas été pris en considération sous cette rubrique est bizarrement politique. C'est politique parce qu'ils ne veulent pas admettre que l'éléphant est dans la pièce, à savoir que le pape Benoît XVI n'a pas renoncé au munus, mais seulement au ministerium, alors qu'ils proclament que l'éléphant est dans la pièce en discutant des menaces de l'entrée des animaux, limitant cette considération aux seules souris.
C'est ridicule.
Comme solution proposée, ils préconisent une loi spéciale par laquelle les cardinaux pourraient déclarer l'empêchement du Siège Apostolique. Comme nous le savons tous, c'est une mauvaise solution. Car, que se passerait-il si les Cardinaux conspiraient pour évincer un pape ? Ne pourraient-ils pas monter un coup de pub et manipuler le monde en faisant croire que le pape n'est plus sain d'esprit ou de corps, et qu'ils déclarent donc le Siège Empêché, et de facto vacante ?
Bien sûr qu'ils le porraient.
Et en effet, c'est ce qu'ils ont fait en février 2013 ! lorsqu'ils ont feint la nouvelle de l'abdication de Benoît XVI et joué à des jeux de mots avec les mots "démission" et "renonciation", "démission" etc.
Mais leur solution tombe dans une grave erreur. Car, puisque la fonction de pape n'est pas établie par les hommes ni même par l'Église, aucune autorité dans l'Église ne pourrait déclarer qu'un homme n'est plus le pape, à moins qu'il ne renonce lui-même librement au don divin qui le fait pape. Ce que proposent ces canonistes est donc hérétique et révolutionnaire dans le pire sens du terme.
Cela mettrait également les Cardinaux dans une position de grande faiblesse, car s'ils pouvaient destituer un pape par un vote à la majorité, alors n'importe quelle puissance étrangère pourrait soudoyer les Cardinaux pour se débarrasser d'un pape encombrant, et alors aucun pape ne s'exprimerait jamais quand c'est nécessaire s'il craint un coup de palais.
Surprise, surprise
Que ce groupe de travail ait vraiment d'autres motivations, est tout à fait clair, quand ils arrivent au n. 7 de leur projet proposé, car là, ils demandent instamment la publication d'une Constitution Apostolique qui réécrirait le canon 332 !
Pourquoi le réécrire ? - Pour se débarrasser de la preuve juridique que Benoît XVI est toujours le pape, bien sûr. Tout comme ils ont réécrit le canon 1331 pour supprimer la preuve que munus n'est pas égal à ministerium, après que j'ai cité ce canon à Mgr Arrieta et l'ai fait taire avec sa distinction irréfutable : que même une personne hors de la communion de l'Église peut détenir un ministerium.
Chapitre Ier
Le zèle avec lequel ces canonistes veulent rendre le pape remplaçable à volonté est démasqué avec toute sa méchanceté dans le premier chapitre, où ils demandent des normes pour démettre un pape de ses fonctions si APRÈS 10 JOURS quelques individus prétendent qu'il ne peut plus communiquer sa volonté.
Savez-vous maintenant combien de conditions médicales pourraient provoquer des situations similaires, qui sont parfaitement guérissables après un temps plus long ? N'ont-ils jamais entendu parler d'une retraite ignatienne silencieuse de 30 jours ? Ils doivent l'avoir fait, puisque leur pape est un jésuite. Je sais qu'il n'y a jamais eu de moment où il s'est tu pendant 30 jours, mais je vous assure qu'il y a eu des jésuites dans l'histoire qui l'ont accompli, même ceux qui n'étaient pas des saints. Cela signifie-t-il qu'un pape devrait être destitué ? Il est absurde de le suggérer !
En lisant l'article 4 de ce chapitre, j'ai failli vomir, car il suggère que les cardinaux, dans les 15 jours, se réunissent à Rome par sainte obéissance pour déterminer si l'empêchement est permanent ou temporaire. - Bon sang, ne savent-ils pas qu'il n'y a aucune obligation d'obéissance lorsque votre supérieur est empêché !!!!!. et ne peut vous commander ou même vous parler !!!!
Le reste de ce chapitre se lit comme une maison de fous dirigée quelque part depuis l'actuel Vatican bergoglien, avec un tel effort tendu pour paraître officiel et digne en tout, même en discutant de quelque chose qui est contraire à la Foi divine et catholique. C'est tellement anglican que cela peut vous faire vomir.
Chapitre II
Au chapitre II, il est également clair que toute cette proposition est arrogante. Elle est arrogante, parce qu'elle tente de transférer le droit immémorial des évêques et du clergé de la province romaine de régler les questions litigieuses concernant le Siège Apostolique, au Collège des Cardinaux. Quelle raison y a-t-il pour cela ?
Cette commission est-elle terrifiée à l'idée qu'un Concile provincial de la Province romaine exerce son autorité ?
En effet, dans l'introduction, la commission fait une interprétation terrible. Au canon 335, où il est dit qu'en cas de Siège empêché on doit avoir recours à des lois spéciales pour une telle éventualité, ils ignorent que le latin utilise le participe passé parfait : c'est-à-dire qu'il ne se réfère pas à des lois futures, mais à des lois déjà établies. Il se réfère à l'Ordonnance Apostolique que je viens de mentionner, ou du moins au canon 440, qui concerne les Conciles Provinciaux.
Et cela est arrogant et trompeur. Ces canons indiquent clairement que lorsque le métropolite de N'IMPORTE QUELLE province est empêché, les évêques de la province peuvent élire l'un d'entre eux pour convoquer les autres en concile et qu'un tel concile a le pouvoir d'établir des règlements contraignants pour toute la province.
La compréhension est claire. C'est la loi spéciale à laquelle se réfère le Canon 335, non pas par citation directe, mais par déduction, par souci de discrétion, de peur qu'un ennemi ne la comprenne trop facilement.
Chapitre IV
Dans ce chapitre, les masques tombent complètement. Car dans celui-ci, les érudits proposent d'ajouter un troisième paragraphe au canon 332, de sorte qu'un Pontife romain empêché de façon permanente doit être considéré comme étant in sede vacante. Il est évident qu'ils veulent cette réforme POUR DÉCLARER LA RENONCIATION DU PAPE BENOÎT XVI valide POST FACTUM. Ce qui est une impossibilité juridique et une contradiction logique.
Oh quelle toile complexe ils tissent, eux qui ont d'abord cherché à tromper !
Voici le texte italien de leur proposition de Canon 332 §3 :
Se la sede romana fosse totalmente impedita per incapacità permanente del Romano Pontefice, in modo che non possa neppure rinunciare al suo ufficio, deve applicarsi il procedimento previsto dalla legislazione speciale e si produrranno per il diritto stesso effetti eguali a quelli della sede vacante".
Ma traduction en français :
Si le Siège romain est totalement empêché par l'incapacité permanente du Pontife romain, de telle sorte qu'il ne puisse même pas renoncer à sa charge, il faut appliquer la procédure susmentionnée de la législation spéciale et (celles-ci ensemble) produiront de plein droit les effets équivalents à ceux d'un sede vacante".
Ce n'est pas seulement un très mauvais langage juridique, c'est aussi une mauvaise pensée. Mais je ne vais pas améliorer un crime.
Je vais arrêter mon commentaire pour l'instant, ayant déterré assez de déchets pour me rendre malade pour un samedi matin.....