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Publié par dominicanus

 


L’antithéisme de l’armée fédérale mexicaine n’est pas un vain mot. Le général Eulogio Ortiz fit fusiller séance tenante un de ses soldats qu’on avait surpris au bain, porteur d’une médaille de la Virgen de Guadalupe. Un peu partout, les officiers investissent à cheval la maison du Seigneur. Ils profanent les saintes espèces, organisent des orgies sur l’autel, montent en chaire pour blasphémer et dansent avec les statues !


Toute la hiérarchie militaire est affiliée aux Loges : elle se donne pour mission de “défanatiser” le Mexique, en extirpant la foi. Certains États punissent d’une amende de 10 Pesos – une fortune, pour les paysans – la moindre allusion sur la voie publique au nom du Tout-Puissant. On ne dira plus adios, ni si Dios quiere (si Dieu veut) ; les mendiants eux-mêmes (pordioseros) doivent changer de litanies.


Le président Calles invente d’incroyables mesures pour limiter le nombre des prêtres, jusqu’à celles qui les laisseront tous dans l’illégalité. Les gouverneurs d’Etat se surpassent, ils feront mieux que lui. Et les fidèles bien sûr ne sont pas épargnés. Voici le texte d’une proclamation officielle, affichée sur les portes des églises au début de l’été 1926 :


ART. 1 : Tout individu responsable d’une église sera condamné à 50 Pesos d’amende et un an de prison si les cloches sonnent.

ART. 2 : Pour toute personne qui apprend à prier à ses enfants, la même peine.

ART. 3 : Dans toute maison où il se trouvera des “images pieuses », idem.

ART. 4 : Toute personne qui porte des “médailles » sur lui, idem.


Parallèlement aux profanations, l’artillerie de l’armée fédérale entreprend de détruire les édifices religieux. Dans tout l’État de Tabasco, à la veille de la dernière guerre mondiale, ne restaient sur pied que l’église de Cunduacan, transformée en garnison, et trois chapelles de village perdues dans les monts. La Révolution mexicaine interdisait militairement au peuple de restaurer les ruines ; et elle-même n’a jamais rien construit. Aujourd’hui encore, elle abrite ses musées dans des couvents confisqués à l’Église, et ses gouverneurs dans les palais épiscopaux… Toutes les Révolutions se rassemblent, dans leur néant.

 

(à suivre, avec l'aimable autorisation de l'auteur)

 

http://www.sedcontra.fr/


 

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