Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par dominicanus

 

paques vigile ev

 

 

Il y a deux jours à peine, le soir du Vendredi Saint, c’était la perspective d’un échec apparent qui s’imposait. Non seulement le Seigneur était-il mort et enterré, mais les Apôtres s’étaient cachés dans pièce fermée à double tour, craignant pour leur vie. Où étaient les miracles ? Que restait-il des belles paroles du Maître ? C’était comme si Dieu avait abandonné leur cause, offrant le spectacle d’un rêve naïf à souhait.

 

Mais maintenant pointe l’aurore du dimanche de Pâques et, avec elle, la victoire irréversible de la Résurrection. Le tombeau est vide. La pierre est roulée. L’ombre de la croix a été dissipée par la vive lumière de l’aube d’une nouvelle création. L’échec apparent du Christ s’est transformé en victoire, comme la semence n’est enfouie dans la terre que pour réapparaître avec une nouvelle fraîcheur.

 

C’est la loi fondamentale de la vie chrétienne, pour l’Eglise, pour les communautés chrétiennes, pour chacun de nous : les échecs apparents fleurissent en autant de victoires ; les Vendredi Saint deviennent des Dimanche de Pâques.

 

Si nous suivons le Christ, il nous conduit vers le sommet de la colline du Calvaire, où nous mourons à nous-mêmes dans un abandon douloureux à la volonté de Dieu, qui est notre Vendredi Saint. Mais c’est justement cette mort qui permet à la grâce de Dieu d’être à l’œuvre dans notre vie pour faire place à de nouvelles pousses de sagesse, de vertu et de bonheur, notre Dimanche de Pâques.

 

La vie chrétienne est constituée par un nombre incalculable de variations sur ce thème, que Dieu nous révèle en Jésus Christ : Vendredi Saint, Dimanche de Pâques, Vendredi Saint, Dimanche de Pâques, Vendredi Saint, Dimanche de Pâques…

 

Nous connaissons le programme avec exactitude. Si nous nous attendons à l’un sans l’autre, cela signifie que nous n’avons par appris la leçon fondamentale de l’Evangile. Quand, au contraire, nous acceptons ce rythme et que nous nous y adaptons, nous commençons à prendre de la vitesse sur la voie de la sagesse, de la sainteté et du bonheur durable.

 

En 2007 a été publié aux Etats-Unis un livre intitulé Made to Stick (trad. fr. 2009 : Ces Idées qui Collent). C’est une analyse intéressante des six caractéristiques qui font que les idées collent. Le livre a été écrit pour aider les enseignants et les professionnels du marketing à mieux communiquer. Une de ces six caractéristiques c’est le "storytelling", l’art de raconter les histoires. Les auteurs expliquent que ce sont les histoires qui font que les bonnes (ou les mauvaises) idées deviennent pratiques.

 

Les histoires sont comme des simulateurs de vol. Quand nous écoutons une histoire, c’est comme si on la vivait de l’intérieur, comme si nous avions à faire face aux défis pour les surmonter nous-mêmes. Certaines histoires nous donnent des petites leçons, comme les fables de La Fontaine, Le lièvre et la Tortue, par exemple. C’est une fable qui nous enseigne que pour mener une chose à bien, il vaut mieux agir calmement, de manière réfléchie, plutôt que d’agir précipitamment.  

 

Certaines histoires sont plus profondes encore. Ce sont des histoires qui font partie de notre subconscient et qui structurent notre vision du monde dans son ensemble. Elles créent comme une sorte de paysage spirituel dans le cadre duquel nous interprétons la réalité et prenons des décisions.

 

L’histoire globale du Christianisme, c’est la croix et la résurrection, c’est l’amour qui conduit au sacrifice, et le sacrifice qui conduit à la victoire. L’histoire globale qui s’est imposée à notre culture depuis une centaine d’années, l’histoire sans cesse racontée par les publicitaires, est presque exactement la même. Seul un détail a été modifié. Cette histoire est la suivante : achetez ce produit, et vous serez heureux. On raconte cette histoire en montrant le produit, quel qu’il soit, en même temps que quelque chose qui suscite des sensations agréables. Il n’y a qu’un seul petit détail qui différencie cette histoire de la foi chrétienne : elle nous promet le Dimanche de Pâques sans le Vendredi Saint.

 

Quelle est pour nous l’histoire globale ? Quel est le simulateur de vol avec lequel nous nous entraînons ? Est-ce que nous pensons que le bonheur vient du fait de suivre le Christ jusqu’à la croix en renonçant à nous-mêmes pour accomplir la volonté de Dieu ? Ou est-ce que nous poursuivons un bonheur qui viendrait d’un conjoint idéal, d’une maison idéale, d’un diplôme idéal, d’une amitié idéale, de vêtements idéaux, d’un compte en banque idéal ?

 

Aujourd’hui, le Christ nous rappelle que c’est son histoire qui est la vraie. Et il nous invite à nous l’approprier une fois de plus.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article