Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par dominicanus

Il ne faut donc point douter que la sentence que Dieu a prononcée par son Prophète, touchant le supplice éternel des damnés, ne s'accomplisse exactement. Il est dit: «Leur «ver ne mourra point, et le feu qui les brûlera ne s'éteindra point (Is 66,21)». Et c'est pour nous faire mieux comprendre cette vérité que Jésus-Christ, quand il prescrit de retrancher les membres qui scandalisent l'homme, désignant par là les hommes mêmes que nous chérissons à l'égal de nos membres, s'exprime ainsi: «Il vaut mieux pour vous que vous entriez avec une seule main dans la vie, que d'en avoir deux et d'être jeté dans l'enfer, où leur ver ne meurt point et où le feu qui les consume ne s'éteint point». Il en dit autant du pied «Il vaut mieux pour vous entrer dans la vie éternelle n'ayant qu'un pied, que d'en avoir deux et d'être précipité dans l'enfer, où leur ver ne meurt point et où le feu qui les brûle ne s'éteint point (Mc 9,42-47)». Enfin il parle de l'oeil dans les mêmes termes: « Il vaut mieux pour vous que vous entriez au royaume de Dieu n'ayant qu'un oeil, que d'en avoir deux et d'être précipité dans l'enfer, où leur ver ne meurt point et où le feu qui les brûle ne s'éteint point (2Co 11,29)». Il ne s'est pas lassé de répéter trois fois la même chose au même lieu. Qui ne serait épouvanté de cette répétition et de cette menace sortie avec tant de force d'une bouche divine?Au reste, ceux qui veulent que ce ver et que ce feu ne soient pas des peines du corps, mais de l'âme, disent que les hommes séparés du royaume de Dieu seront brûlés dans l'âme jar une douleur et un repentir tardifs et inutiles, et qu'ainsi l'Ecriture a fort bien pu se servir du mot feu pour marquer cette douleur cuisante d'où vient, ajoutent-ils, cette parole de l'Apôtre: «Qui est scandalisé, sans que je brûle?» ils croient aussi que le ver figure la même douleur; car il est écrit, disent-ils, que «comme la teigne ronge un habit, et le ver le bois, ainsi la tristesse afflige le coeur de l'homme (Pr 25,20)». Mais ceux qui ne doutent point que le corps ne soit tourmenté en enfer aussi bien que l'âme, soutiennent que le corps y sera brûlé par le feu, et l'âme rongée en quelque sorte par un ver de douleur. Bien que ce sentiment soit probable, car il est absurde de supposer que soit le corps, soit l'âme, ne souffrent pas ensemble dans l'enfer, je croirais cependant plus volontiers que le ver et le feu s'appliquent ici tous deux au corps, et non à l'âme. Je dirais donc que l'Ecriture ne fait pas mention de la peine de l'âme, parce qu'elle est nécessairement impliquée dans celle du corps. En effet, on lit dans l'Ancien Testament: «Le supplice de la chair de l'impie sera le feu et le ver (Si 7,19)». Il pouvait dire plus brièvement: «Le supplice de l'impie»; pourquoi dit-il «le supplice de la chair de l'impie», sinon parce que le ver et le feu seront tous deux le supplice du corps? Ou, s'il a parlé de la chair, parce que les hommes seront punis pour avoir vécu selon la chair, et tomberont dans la seconde mort que l'Apôtre a marquée ainsi: «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez (Rm 8,13)»; que chacun choisisse, entre les deux sens, celui qu'il préfère, soit qu'il rapporte le feu au corps, et le ver à l'âme, soit qu'il les rapporte tous deux au corps. J'ai déjà montré que les animaux pouvaient vivre et souffrir dans le feu sans mourir et sans se consumer, par un miracle de la volonté de Dieu, à qui on ne saurait contester ce pouvoir sans ignorer qu'il est l'auteur de tout ce qu'on admire dans la nature. En effet, c'est lui qui a produit dans le monde et les merveilles que j'ai rappelées et tontes celles en nombre infini que j'ai passées sous silence, et ce monde enfin dont l'ensemble est plus merveilleux encore que tout ce qu'il contient. Ainsi donc, libre à chacun de choisir des deux sens celui qu'il préfère, et de rapporter le ver au corps, en prenant l'expression au propre, ou à l'âme, en prenant le sens au figuré. Quant à savoir qui a le mieux choisi, c'est ce que nous saurons mieux un jour, lorsque la science des saints sera si parfaite qu'ils n'auront pas besoin d'éprouver ces peines pour les connaître. «Car maintenant nous ne savons les choses que d'une façon partielle, jusqu'au jour où la plénitude s'accomplira (1Co 13,9)». Il suffit pour le moment de repousser cette opinion que les corps des damnés ne seront pas tourmentés par le feu.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article