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Publié par Walter Covens

Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.

 
 
       "Il est grand le mystère de la foi !" Cette affirmation, vous la connaissez pour l'avoir entendue quantité de fois à la messe, tout juste après la consécration. Et non seulement vous l'avez entendue, mais vous avez répondu : "Nous proclamons ta mort, Seigneur, Jésus ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue dans la gloire".


       "Il est grand le mystère de la foi !" C'est vrai de la foi tout court, de la foi théologale comme telle. La foi est un grand mystère. C'est le mystère de l'infini respect de Dieu pour notre liberté humaine, d'un Dieu qui, pourtant, n'a qu'un désir : que tous les hommes soient sauvés, mais qui ne veut pas que ce salut soit imposé. La foi est le remède proposé par le Médecin divin à tous ceux qui sont atteints par la maladie qui fait plus de victimes que le cancer, le Sida et les accidents de la route réunis : la maladie du péché originel, qui nous éloigne du paradis, du bonheur que Dieu a préparé pour nous. Puisque la cause de la maladie est le doute, le remède doit être la foi.


       La foi est un remède qui n'est pas seulement accessible aux riches, mais à la portée de tous. Il faut même un coeur de pauvre pour l'accueillir. C'est Dieu qui en a payé le prix, par amour pour nous. Répondre à son invitation, c'est abandonner toute complaisance en soi-même et dans le monde visible, et accepter de n'être aimé qu'au titre de sa misère, gratuitement. Les riches éprouveront plus de résistance que les pauvres avant de capituler devant la miséricorde.


       On dit quelquefois que croire est un risque : "Au risque de croire", c'est le titre d'un livre. "Au risque d'aimer" aussi. Mais attention : ce n'est pas une loterie, surtout pas une loterie où on gagne même dans le désordre. Si Pascal a pu dire que croire est un pari, c'est pour débouter les libertins par un raisonnement à leur hauteur. Je ne crois pas en Dieu au risque de me tromper, car il ne peut ni se tromper ni nous tromper. La foi est un risque, oui, mais surtout pour Dieu, le risque d'être méprisé, ignoré, rejeté, trahi par ses créatures…


       Disons plutôt que, pour nous, la foi est une chance et, en même temps, une épreuve. Car Dieu demande la collaboration du malade. La foi obligatoire, cela n'existe pas. La foi évidente non plus, même si elle peut apparaître comme telle pendant un certain temps. La foi se donne à un Dieu qui se révèle progressivement en se faisant de plus en plus proche, jusqu'à s'incarner, jusqu'à donner sa vie pour nous, jusqu'à se donner à manger et à boire par des hommes qui, eux, doivent grandir peu à peu dans la foi. Plus la Révélation de l'Amour se fait intense, plus l'acte de foi demandé est grand. C'est toute la pédagogie de la Révélation divine. Benoît XVI faisait remarquer :
 
 
"On dirait qu'au fond, les gens ne veulent pas avoir Dieu si proche, si à portée de main, si participant de leur histoire. Les gens le veulent grand, et en définitive, plutôt loin d'eux. On soulève alors des questions voulant démonter qu'une telle chose est finalement impossible."


       Un jour, dans l'église des Frères Mineurs de Foligno, la bienheureuse Angèle voit la Vierge Marie déposer Jésus Enfant dans ses bras en disant : "Ô toi qui aimes mon Fils, reçois Celui que tu aimes." Jésus dormait. Tout à coup, en s'éveillant, Jésus lui apparaît dans sa majesté immense, et lui dit : "Celui qui ne m'aura pas vu petit ne me verra pas grand." (Cf. dans l'évangile d'aujourd'hui : Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ?) Et il ajoute : "Je suis venu à toi, et je m'offre à toi, pour que tu t'offres à moi." C'est pour cela aussi que l'on fait tout pour évacuer le mystère de l'Eucharistie : parce qu'il exige une réciprocité. Jésus se fait Eucharistie pour que nous menions une vie eucharistique.


       C'est pourquoi l'Eucharistie est le mystère le plus difficile à croire, parce qu'il est le plus grand et le plus exigeant, celui qui incarne le plus la miséricorde de Dieu. Ce n'est pas moi qui vous le dis, c'est S. Bonaventure, docteur de l'Église. Et c'est Paul VI qui le réaffirme dans son encyclique sur l'Eucharistie (Mysterium fidei).


       Mais la foi en l'Eucharistie suppose la totalité de la foi. Un lien très intime unit la foi théologale à l'Eucharistie. Jésus a d'abord parlé de croire au pain de la vie, et ensuite de le manger. Pour que le Corps et le Sang de Jésus nous transforment, il faut que nous soyons nourris des enseignements de Jésus. C'est l'intelligence de la foi. Nous, catholiques, nous ne faisons presque rien pour former notre intelligence au service de la foi. Le piétisme est une maladie de la foi aussi grave que le scientisme.


       L'Eucharistie est le mystère de la foi par excellence. Le test le meilleur de la profondeur de notre foi au Christ, c'est notre foi en sa présence dans l'Eucharistie. Chaque fois que la foi en général s'affaiblit, on peut dire que s'affaiblissent par le fait même le respect de l'Eucharistie et le réalisme de la foi en la présence eucharistique. Selon un sondage récent, deux tiers des Français se déclarent catholiques. Or, dans ces deux tiers, ils sont moins de 5 % à déclarer assister à la messe chaque dimanche, alors qu’'un quart se qualifie comme pratiquant. Les sociologues en concluent que l'on peut être catholique pratiquant sans aller à la messe. Voire...…
 
 
      Cela ne veut pas dire que tous ceux qui vont à la messe sont de bons catholiques. Parmi ces 5 %, combien se confessent régulièrement ? Même parmi les Douze, il y avait un traître ! En tout cas, ne nous laissons pas impressionner par les chiffres. "La force n'est pas dans la quantité mais dans l'unité" (Manaranche).


       On le voit dès le début, dès l'Évangile, dès le chapitre 6 de S. Jean : au début il y a une foule nombreuse. À la fin, il n'y a plus que les Douze dont le porte-parole est Simon-Pierre, qui dit : Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Les autres, ce n'est plus une foule nombreuse, ce sont les disciples, qui se caractérisent par leurs récriminations. Ils s'écrient : Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter !


       Pourtant, en présence du scandale que cause son enseignement, Jésus ne réagit pas en sociologue, en faisant des distinctions spécieuses entre pratiquants et "messalisants". Il ne retire rien non plus de son enseignement, pour s'adapter à son époque ou à son auditoire. Je me souviens d'un prêtre qui s'est fait proprement "expulser" d'une paroisse en Suisse. Motif invoqué par ses confrères : "Il dit des choses contraires à l'expression de la foi d'aujourd'hui !" Amalgame bizarre entre le fond ("des choses"), et la forme ("l'expression de la foi").…Jésus fait cette réponse : C'est l'Esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie (6, 63). Qu'est-ce que cela veut dire ? Ces paroles sont surprenantes dans la bouche de celui qui vient d'affirmer la nécessité de manger sa chair. Elles ne le sont que si on les interprète de travers. Il n'y a que deux manières légitimes de les comprendre (selon le Père Feuillet) :


Première interprétation : la chair du Christ ne servirait de rien sans l'Esprit divin qui l'anime. La nourriture eucharistique n'est pas la chair du Christ dans son état terrestre (nous serions des cannibales !), mais dans sa Résurrection et son Ascension. L'action de l'Esprit Saint est ici essentielle. Elle est signifiée au cours de la liturgie de la messe par l'épiclèse avant la consécration, l'invocation qui a pour but d'obtenir le don de l'Esprit Saint pour la transformation du pain et du vin dans le corps et le sang du Christ.


Deuxième interprétation : ici le mot chair n'est pas la chair du Christ, c'est l'homme réduit à ses seules forces naturelles, l'homme charnel, ne peut que trouver absurdes les paroles de Jésus. Les paroles de Jésus sur l'Eucharistie sont esprit et vie. Elles présupposent pour être reçues l'action de l'Esprit Saint. La communion eucharistique elle-même ne portera aucun fruit sans l'assistance de l'Esprit Saint. C'est pourquoi, après la consécration, une deuxième épiclèse invoque l'action de l'Esprit Saint sur l'assemblée. Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. Et le don du Père, c'est l'Esprit.


       Terminons en donnant la parole à Jean Paul II (Ecclesia de Eucharistia, 59) :

 
Frères et soeurs très chers, permettez que, dans un élan de joie intime, en union avec votre foi et pour la confirmer, je donne mon propre témoignage de foi en la très sainte Eucharistie. "Ave verum corpus natum de Maria Virgine, / vere passum, immolatum, in cruce pro homine !". Ici se trouve le trésor de l'Église, le coeur du monde, le gage du terme auquel aspire tout homme, même inconsciemment. Il est grand ce mystère, assurément il nous dépasse et il met à rude épreuve les possibilités de notre esprit d'aller au-delà des apparences. Ici, nos sens défaillent  "visus, tactus, gustus in te fallitur", est-il dit dans l'hymne Adoro te devote , mais notre foi seule, enracinée dans la parole du Christ transmise par les Apôtres, nous suffit. Permettez que, comme Pierre à la fin du discours eucharistique dans l'Évangile de Jean, je redise au Christ, au nom de toute l'Église, au nom de chacun d'entre vous: "Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle" (Jn 6, 68).
 
Il est grand, le mystère de la foi! - Homélie 21° dimanche du Temps Ordinaire B
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J
peut on ajouter que NOTRE FOI est une quête continue , une soif de pureté inassouvie et souvent inaccessible
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D
Rm 10, 08 Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons.<br /> <br /> 09 En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé.<br /> <br /> 10 Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut.<br /> <br /> 11 En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte.<br /> <br /> 12 Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent.<br /> <br /> 13 En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.<br /> <br /> 14 Or, comment l’invoquer, si on n’a pas mis sa foi en lui ? Comment mettre sa foi en lui, si on ne l’a pas entendu ? Comment entendre si personne ne proclame ?<br /> <br /> 15 Comment proclamer sans être envoyé ? Il est écrit : Comme ils sont beaux, les pas des messagers qui annoncent les bonnes nouvelles!<br /> <br /> 16 Et pourtant, tous n’ont pas obéi à la Bonne Nouvelle. Isaïe demande en effet : Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler ?<br /> <br /> 17 Or la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ.<br /> <br /> 18 Alors, je pose la question : n’aurait-on pas entendu ? Mais si, bien sûr ! Un psaume le dit : Sur toute la terre se répand leur message, et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde.<br /> <br /> 19 Je pose encore la question : Israël n’aurait-il pas compris ? Moïse, le premier, dit : Je vais vous rendre jaloux par une nation qui n’en est pas une, par une nation stupide je vais vous exaspérer.<br /> <br /> 20 Et Isaïe a l’audace de dire : Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient rien.<br /> <br /> 21 Et à propos d’Israël, il dit : Tout le jour, j’ai tendu les mains vers un peuple qui refuse de croire et qui conteste.