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Publié par dominicanus

 


Le mot préféré de Jésus après sa résurrection est le mot "paix". C'est une des premières paroles quand il apparaît à ses apôtres, comme dans le passage que nous venons d'entendre: "La paix soit avec vous!"
 


Chaque fois que la sainte messe est célébrée, nous entendons ces mêmes paroles qui s'adressent à nous dans notre vie de tous les jours, juste avant de recevoir le corps et le sang vivant, ressuscité, de Jésus dans la Communion, quand le célébrant dit :
 


"Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes apôtres: 'Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix' ; ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église ; pour que ta volonté s'accomplisse, donne-lui toujours cette paix et conduis-là vers l'unité parfaite, toi qui règnes pour les siècles des siècles."  
 


L'assemblée répond alors : "Amen". Après quoi le prêtre ajoute :
 


"Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous."
 


L'assemblée répond :
 


"Et avec votre esprit."
 


Notez que Jésus n'a jamais prononcé cette salutation de paix avant sa résurrection. Mais après, il la répète sans cesse, parce qu'il sait que nous en avons besoin. La paix du Christ est l'antidote pour la maladie la plus endémique de notre société moderne et sécularisée : le stress, la dépression, l'angoisse. Nous tous, dans une mesure plus ou moins grande, en sommes affectés. Dans la mesure où notre amitié avec le Seigneur ressuscité s'approfondit, nous sommes peu à peu guéris de ces maladies, par sa paix qui agit à trois niveaux :

- D'abord la paix pour notre esprit. Quand nous contemplons les plaies de Jésus, ces plaies qui restent visibles dans le corps glorieux du Seigneur, nous savons avec certitude que son pardon est durable ; une fois qu'il pardonne nos péchés, nous sommes réellement pardonnés ; notre conscience est en paix.

- Deuxièmement, la paix pour nos coeurs. Quand nous voyons l'endroit des clous dans les mains et les pieds du Seigneur ressuscité, nous savons avec certitude que nous sommes aimés d'un amour qui ne passe pas, un amour inconditionnel, personnel, victorieux de tout mal : l'amour du Christ.

Troisièmement, la paix pour nos âmes. Le Christ est vivant, et il règne sur un Royaume éternel qui s'étend toujours davantage, et il nous invite chacun et chacune à travailler avec lui à l'extension de ce Règne. Nous avons à faire un travail qui compte, qui en vaut la peine, et qui répondra à notre quête de sens. La paix du Seigneur ressuscité est ce dont nous avons vraiment besoin. Le Psalmiste dit très bien :

 


"Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors,
car tu me donnes d'habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance."

 


Cettte paix, celle de l'esprit, du coeur et de l'âme, je suppose que nous voulons tous en faire l'expérience plus profondément. Et le Christ, bien plus que nous, désire la même chose. C'est pour cela qu'il a souffert, qu'il est mort et ressuscité. Mais si tel est le cas, pourquoi alors sommes-nous si facilement vaincus par le stress, l'angoisse, le découragement ? C'est parce que beaucoup d'obstacles peuvent empêcher la paix du Christ d'envahir notre vie. L'obstacle le plus évident est le péché.



Saint Jean le dit clairement dans la deuxième lecture :
 


"Celui qui dit : 'Je le connais', et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n'est pas en lui."
 


Souvent nous péchons par faiblesse. Ces échecs-là sont en général faciles à avouer et à regretter. Mais il peut arriver aussi que nous laissons subtilement des habitudes de péché s'enraciner dans notre vie. Par exemple, quand nous refusons d'accepter ce que l'Église nous enseigne en matière de foi et de morale, comme la présence réelle de Jésus dans le pain et le vin consacrés, ou l'Immaculée Conception de Marie, ou sa Maternité Virginale... En matère de morale, pensons aussi à l'avortement, la contraception, le mariage ou l'euthanasie. Pour nous justifier, nous avons recours aux arguments que nous entendons à longueur d'émissions à la radio ou à la télévision, par exemple. En réalité, lorque nous rejetons ce que l'Église nous enseigne officiellement (dans le Catéchisme de l'Église Catholique notamment), nous rejetons alors la vérité du Christ Sauveur. C'est comme si nous disoions à Dieu que nous nous fions à lui juste un peu, pour certaines choses, mais que nous faisons plus confiance aux journalistes pour d'autres.
 


Des habitudes subtiles de péché peuvent aussi prendre d'autres formes : comme, par exemple, de ne pas respecter ses engagements ou de fuir ses responsabilités, en faisant le minimum au lieu de faire de son mieux, ou en consacrant un temps exagéré à des amusements, des cancans, des commérages.



Des habitudes de péché peuvent aussi prendre des formes beaucoup moins subtiles, comme en témoignent les statistiques de la corruption financière, de l'évasion fiscale ou de la pornographie...



Un des obstacles les plus insidieux et les moins évidents se trouve dans notre bouche. C'est notre langue. Saint Jean nous rappelle aujourd'hui dans la deuxième lecture qu'à moins d'observer les commandements du Christ, la vérité de Dieu ne peut pas prendre racine en nous. Or le principal commandement du Seigneur est de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Nous y manquons tellement souvent avec nos paroles ! Notre culture médiatique nous pousse à dire n'importe quoi, que ce soit de vive voix, au téléphone, par courriel, SMS ou autre twitter. Étant donné que les internautes et bloggers passent une grande partie de leur temps à juger et à critiquer les autres, notre culture en arrive à considérer cela comme normal. Mais pour des disciples de Jésus ce n'est pas normal du tout. Nous avons été appelés à aimer les autres, que ce soient des politiciens, des évêques ou des prêtres, des vedettes du cinéma, du sport ou de la chanson, ou quelqu'un qui habite dans notre quartier. Cela signifie que nous ne sommes pas censés passer notre temps à jeter en pature leurs combats, leurs échecs, leurs fautes et leurs péchés. Aimerions-nous que les autres fassent cela avec nous ?

 

Plus grave encore, mentir au sujet des autres, cela s'appelle le péché de la calomnie et de la diffamation. Mais dévoiler, sans aucune nécessité, les faiblesses et les péchés des autres, cela aussi est un péché, le péché qui consiste du "milan", comme on dit en créole, du commérage.



Dans une lettre (10 mars 2009) - adressée aux évêques (!) - concernant la levée de l'excommunication de quatre évêques consacrés par Mgr. Lefebvre, Benoît XVI écrivait :
 


"Chers Confrères, durant les jours où il m’est venu à l’esprit d’écrire cette lettre, par hasard, au Séminaire romain, j’ai dû interpréter et commenter le passage de Ga 5, 13-15. J’ai noté avec surprise la rapidité avec laquelle ces phrases nous parlent du moment présent: 'Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme; au contraire mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde: vous allez vous détruire les uns les autres !' J’ai toujours été porté à considérer cette phrase comme une des exagérations rhétoriques qui parfois se trouvent chez saint Paul. Sous certains aspects, il peut en être ainsi. Mais malheureusement ce 'mordre et dévorer' existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal interprétée. Est-ce une surprise que nous aussi nous ne soyons pas meilleurs que les Galates? Que tout au moins nous soyons menacés par les mêmes tentations? Que nous devions toujours apprendre de nouveau le juste usage de la liberté? Et que toujours de nouveau nous devions apprendre la priorité suprême : l’amour?"
 


Si nous avons pris la mauvaise habitude d'user de notre langue pour faire mal, plutôt que pour rendre service,  alors nous avons une fuite dans notre coeur, et la paix du Christ s'en échappe. Si nous ne sommes pas toujours davantage des artisans de la paix du Christ ressuscité, sans doute devrions-nous faire un peu le ménage dans nos âmes. Le meilleur produit désinfectant est la confession. Demandons au Seigneur la grâce de pouvoir accueillir, garder et partager sa paix autour de nous.

 

Qu'as-tu fait de la paix du Christ ? - Homélie 3ème dimanche de Pâques B
Qu'as-tu fait de la paix du Christ ? - Homélie 3ème dimanche de Pâques B
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